François RABELAIS PANTAGRUEL Table des matiĂšres Prologue de l'auteur I. De l'origine & antiquitĂ© du grand Pantagruel. II. De la nativitĂ© du tresredoubtĂ© Pantagruel. III. Du deuil que mena Gargantua de la mort de sa femme Badebec. IV. De l'enfance de Pantagruel. V. Des faitz du noble Pantagruel en son ieune eage. VI. Comment Pantagruel rencontra ung Lymousin qui contrefaisoit le [langaige] françoys. VII. Comment Pantagruel vint Ă Paris. VIII. Comment Pantagruel estant Ă Paris receupt lettres de son pere Gargantua, et la copie d'icelles. IX. Comment Pantagruel trouva Panurge, lequel il ayma toute sa vie. IXb. Comment Pantagruel equitablement iugea d'une controverse merveilleusement obscure et difficile si iustement que son iugement fut dit plus admirable que celluy de Salomon. X. Comment Panurge racompte la maniere qu'il eschappa de la main des Turcqs. XI. Comment Panurge enseigne une maniere bien nouvelle de bastir les murailles de Paris. XII. Des meurs & conditions de Panurge. XIII. Comment ung grand clerc de Angleterre vouloit arguer contre Pantagruel, & fut vaincu par Panurge. XIV. Comment Panurge fut amoureux d'une haulte dame de Paris, & du tour qu'il luy fist. XV. Comment Pantagruel partit de paris ouyant nouvelles que les Dipsodes envahissoient le pays des Amaurotes. Et la cause pourquoy les lieues sont tant petites en France. Et l'exposition d'ung mot escript en ung anneau. XVI. Comment Panurge, Carpalim, Eusthenes, et Epistemon,compaignons de Pantagruel, desconfirent six cens soixante chevaliers bien subtilement. XVII. Comment Pantagruel erigea ung TrophĂ©e en memoire de leur prouesse, & Panurge ung aultre en memoire des levraulx. Et comment Pantagruel de ses petz engendroit les petiz hommes, & de ses vesnes les petites femmes. Et comment Panurge rompit ung gros baston sur deux verres. XVIII. Comment Pantagruel eut victoire bien estrangement des Dipsodes, & des geans. XIX. Comment Pantagruel deffit les troys cens geans armez de pierre de taille, Et Loupgarou leur capitaine. XX. Comment Epistemon qui avoit la teste tranchĂ©e, fut guery habillement par Panurge. Et des nouvelles des diables, & de damnez. XXI. Comment Pantagruel entra en la ville des Amaurotes. Et comment Panurge maria le roy Anarche, & le feist cryeur de saulce vert. XXII. Comment Pantagruel de sa langue couvrit toute une armĂ©e, & de ce que l'auteur veit dedans sa bouche. XXIII. Comment Pantagruel fut malade, & la façon comment il guerit. RABELAIS PANTAGRUEL Les horribles et espouvantables faictz & prouesses du tresrenommĂ© Pantagruel Roy des Dipsodes, filz du grand geant Gargantua, Composez nouvellement par maistre Alcofrybas Nasier. On les vend a Lyon en la maison de Claude Nourry, dict le Prince pres nostre dame de Confort. Prologue de l'Auteur Tresillustres & treschevaleureux champions gentilzhommes & aultres, qui voluntiers vous adonnez Ă toutes gentillesses et honnestetez, vous avez nagueres veu, leu, et sceu les grandes & inestimables chronicques de l'enorme geant Gargantua, & comme vrays fideles les avez creues tout ainsi que texte de Bible ou du sainct Evangile, & y avez maintesfoys passĂ© vostre temps avecques les honorables dames et damoiselles, leurs en faisans beaux & longs narrez, alors qu'estiez hors de propos dont estiez bien dignes de grand louenge. Et Ă la mienne voluntĂ© qu'ung chascun laissast sa propre besoigne & mist ses affaires propres en oubly, affin de y vacquer entierement sans que son esprit feust de ailleurs distraict ny empeschĂ© iusques a ce que l'on les sceut par cueur, affin que si d'aventure l'art de imprimerie cessoit, ou en cas que tous livres perissent, au temps advenir ung chascun les puisse bien au net enseigner Ă ses enfans car il y a plus de fruict que paradventure ne pensent ung tas de gros talvassiers tous croustelevez, qui entendent beaucoup moins en ces petites ioyeusetez que ne faict Raclet en l'Institute. Ien ay congneu de haultz & puissans seigneurs en bon nombre, qui allans Ă chasse de grosses bestes, ou voller pour faulcon s'il advenoit que la beste ne feust rencontrĂ©e par les brisĂ©es, ou que le faulcon se mist Ă planer, voyant la praye guaigner Ă tyre d'esle, ils estoient bien marrys, comme entendez assez mais leur refuge de reconfort & affin de ne se morfondre estoit Ă recoler les inestimables faictz dudict Gargantua. D'aultres sont par le monde ce ne sont pas faribolles qui estans grandement affligez du mal des dentz, apres avoir tous leurs biens despenduz en medecins, n'ont trouvĂ© remede plus expedient, que mettre lesdictes chronicques entre deux beaulx linges bien chaulx, & les applicquer au lieu de la douleur, les sinapizant avecques ung peu de pouldre d'oribus. Mais que diray ie des pauvres verollez et goutteux? O quantesfois nous les avons veu Ă l'heure qu'ils estoient bien oingtz & engressez Ă poinct, & le visaige leur reluysoit comme la claveure d'ung charnier, et les dentz leurs tressailloient comme font les marchettes d'ung clavier d'orgues ou d'espinette quand on ioue dessus, et que le gousier leur escumoit comme Ă ung verrat que les vaultrez & levriers ont chassĂ© sept heures que faisoient ils alors? Toute leur consolation n'estoit que de ouyr lire quelque pagĂ©e dudict livre. Et en avons veu qui se donnoient Ă cent pipes de diables, en cas qu'ils n'eussent senty allegement manifeste Ă la lecture dudict livre, lors qu'on les tenoit es lymbes, ny plus ny moins que les femmes estans en mal d'enfant quand on leur ligt la vie de saincte Marguerite. Est-ce rien cela? Trouvez moy livre en quelque langue, en quelque facultĂ© & science que ce soit, qui ait telles vertuz, proprietez, & prerogatives, & ie payeray chopines de trippes. Non messieurs non. Il n'y en a point. Et ceulx qui vouldroient maintenir que si reputez les abuseurs & seducteurs. Bien vray est il que l'on trouve en d'aulcuns livres dignes de memoire certaines proprietez occultes, en nombre desquelz l'on mect [Fesse pinthe,] Robert le diable, Fierabras, Guillaume sans paour, Huon de Bourdeaulx, Monteville, & Matabrune, mais elles ne sont pas Ă comparer Ă celuy dont nous parlons. Et le monde a bien congneu par experience infaillible le grand emolument & utilitĂ© qui venoit de ladicte chronicque Gargantuine car il en a estĂ© plus vendu des imprimeurs en deux moys, qu'il ne sera acheptĂ© de Bibles en neuf ans. Voulant doncques moy vostre humble esclave accroistre voz passetemps davantaige, ie vous offre de present ung aultre livre de mesmes billon, sinon qu'il est ung peu plus equitable & digne de foy que n'estoit l'aultre. Car ne croyez pas si ne voulez errer Ă vostre escient, que ien parle comme les Iuifz de la loy. Ie ne suis pas nay en telle planette, et ne m'advint oncques de mentir ou asseurer chose que ne feust veritable agentes & consentientes, c'est Ă dire, qui n'a conscience n'a rien. Ien parle comme sainct Iehan de l'Apocalypse quod bibimus testamur. C'est des horribles faict & prouesses de Pantagruel, lequel iay servy Ă guaiges des que ie fus hors de paige, iusques Ă present, que par son congĂ© ie m'en suis venu ung iour visiter mon pays de vache et sçavoir s'il y avoit encores en vie nul de mes parens. Pourtant, affin que ie fasse fin Ă ce prologue, tout ainsi comme ie me donne Ă cent mille panerĂ©es de beaulx diables corps et ame, trippes et boyaulx, en cas que ien mente en toute l'histoire d'ung seul mot, pareillement le feu sainct Antoine vous arde, mau de terre vous vire, le lancy, le mau lubec vous trousse, la caquesangue vous viengne, le mau fin feu de ricque racque, aussi menu que poil de vache, tout renforcĂ© de vif argent, vous puisse entrer au fondement, & comme Sodome et Gomorre puissez tomber en soulfre en feu & abysme, en cas que vous ne croyez fermement tout ce que ie vous racompteray en ceste presente chronicque. De l'origine & antiquitĂ© du grand Pantagruel. Chapitre j. Ce ne sera point chose inutile ne oysifve [veu que nous sommes de seiour,] de vous remembrer la premiere source et origine dont nous est nay le bon Pantagruel car ie voy que tous bons historiographes ainsi ont traictĂ© leurs chronicques, non seulement des Grecs, des Arabes, et Ethnicques, mais aussi les auteurs de la saincte escripture, comme monseigneur sainct Luc mesmement, & sainct Matthieu. Il vous convient doncques noter qu'au commencement du monde ung peu apres que Abel fut occis par son frere Cayn, la terre embue du sang du iuste fut une certaine annĂ©e si tresfertile en tous fruictz qui de ses flans nous sont produictz, & singulierement en mesles, que l'on l'appela de toute memoire l'annĂ©e des grosses mesles car les troys en faisoient le boysseau, au moys de Octobre ce me semble ou bien de Septembre, affin que ie ne erre fut la sepmaine tant renommĂ©e par les annales, qu'on nomme la sepmaine des troys Jeudys car il y en eut troys, Ă cause des irreguliers bissextes que la Lune varia de son cours plus de cinq toizes, le monde voluntiers mangeoit desdictes mesles car elles estoient belles Ă l'oeil & delicieuses au goust. Mais tout ainsi que NoĂ© le sainct homme, Ă qui nous sommes tant obligez & tenuz, de ce qu'il nous planta la vigne, dont nous vient ceste nectareicque, precieuse, celeste, et deificque liqueur, qu'on nomme le piot, fut trompĂ© en le beuvant car il ignoroit la grande vertu & puissance d'iceluy. Semblablement les hommes & femmes de ce temps la mangeoient en grand plaisir de ce beau & gros fruict mais il leurs en advint beaucoup d'accidens. Car Ă tous survint au corps une enfleure bien estrange mais non Ă tous en ung mesme lieu. Car les ungs enfloient par le ventre, & le ventre leur devenoit bossu comme une grosse tonne desquels il est escript ventrem omnipotem [ lesquelz feurent tous gens de bien et bons raillars]. Et de ceste rasse nasquit sainct Pansart & Mardygras. Les aultres enfloient par les espaules & tant estoient bossuz qu'on les appeloit montiferes, comme porte montaignes dont vous en voyez encores par le monde en divers sexes et dignitez. Et de cette rasse yssit Esopet dont vous avez les beaulx faictz & dictz par escript. Les aultres enfloient en longitude par le membre, qu'on appelle le laboureur de nature en sorte qu'ils le avoyent merveilleusement long, grand, gras, gros, vert, & acrestĂ©, Ă la mode antique, si bien qu'ils s'en servoient de ceincture le redoublant Ă cinq ou six foys par le corps Et s'il advenoit qu'il feut en point & eut vent en pouppe, Ă les veoir vous eussiez dit que c'estoient gens qui eussent leurs lances en l'arrest pour iouster Ă la quintaine. Et de ceulx lĂ s'est perdue la rasse, comme disent les femmes. Car elles lamentent continuellement qu'il n'en est plus de ces gros etc. vous sçavez le reste de la chanson. D'aultres croissoyent par les iambes & Ă les veoir eussiez dit que c'estoient grues, ou bien gens marchans sus des eschasses. Et les petitz grymaulx les appellent en grammaire Iambus. D'aultres par les aureilles, lesquelles ils avoient si grandes que de l'une en faisoient pourpoint, chausses, et sayon et de l'aultre se couvroient comme d'une cappe Ă l'espaignole. Et dit l'on qu'en Bourbonnoys encores en a de l'heraige, dont sont dictes aureilles de Bourbonnoys. Les aultres croissoyent en long du corps & de ceulx lĂ sont venuz les gĂ©ans, & par eulx Pantagruel. Et le premier fut Chalbroth, qui engendra Sarabroth, qui engendra Faribroth, qui engendra Hurtaly, qui fut beau mangeur de souppes & regna au temps du deluge, qui engendra Nembroth, qui engendra Athlas qui avecques ses espaules guarda le ciel de tumber, qui engendra Goliath, qui engendra Eryx [lequel feut inventeur du ieu des gobeletz], qui engendra Titius, [qui engendra Eryon] qui engendra Polyphemus, qui engendra Cacus [qui engendra Etion, lequel premier eut la verolle pour avoir dormi la gueule baye comme tesmoigne Bartachim], qui engendra Enceladus, qui engendra Ceus, qui engendra Typhoeus, qui engendra Aloeus, qui engendra Othus, qui engendra Aegeon, qui engendra Briareus qui avoit cent mains, qui engendra Porphyrio, qui engendra Adamastor, qui engendra Anteus, qui engendra Agatho, qui engendra Porus contre lequel batailla Alexandre le grand, qui engendra Aranthas, qui engendra Gabbara [qui premier inventa de boyre d'autant], qui engendra Goliath de Secundille, qui engendra Offot lequel eut terriblement beau nez Ă boire au baril, qui engendra Artachees, qui engendra Oromedon, qui engendra Gemmagog, qui fut inventeur des souliers Ă poulaine, qui engendra Sisyphus, qui engendra les Titanes dont nasquit Hercules, qui engendra Enay [qui fut tresexpert en la matier de oster les cyrons des mains], qui engendra Fierabras, lequel fut vaincu par Olivier pair de France compaignon de Roland, qui engendra Morguan [lequel premier de ce monde ioua aux dez avecques ses bezicles], qui engendra Fracassus duquel a escript Merlinus Coccaius dont nasquit Ferragus, qui engendra Happemousche [qui premier inventa de fumer les langues de boeuf Ă la cheminĂ©e, car auparavant le monde les saloit comme on faict les iambons] qui engendra Bolivorax, qui engendra Longys, qui engendra Gayoffe [lequel avoit les couillons de peuple & le vit de cormier], qui engendra Maschefain, qui engendra Brulefer, qui engendra Engoulevent, qui engendra Galehaut [,lequel fut inventeur des flaccons], qui engendra Myrelangault, qui engendra Galaffre, qui engendra Falourdin, qui engendra Roboastre, qui engendra Sortibrant de Conimbres, qui engendra Brushant de Mommiere, qui engendra Bruyer, lequel fut vaincu par Ogier le dannoys pair de France, qui engendra Mabrun, qui engendra Foutasnon, qui engendra Hacquelebac, qui engendra Vitdegrain, qui engendra Grantgousier, qui engendra Gargantua, qui engendra Pantagruel mon maistre. Ientends bien que lysant ce passaige, vous faictes en vous mesmes ung doubte bien raisonnable. Et demandez, comment est il possible qu'ainsi soit veu qu'au temps du deluge tout le monde perit fors NoĂ© & sept personnes avecques luy dedans l'Arche au nombre desquels n'est point mys ledict Hurtaly? La demande est bien faicte sans doute & bien apparente mais la response vous contentera. Et par ce que n'estoys pas de ce temps lĂ pour vous en dire Ă mon plaisir, ie vous allegueray l'auctoritĂ© des Massoreths interpres des sainctes lettres hebraicques lesquels disent que sans point de faulte ledict Hurtaly n'estoit point dedans l'Arche de NoĂ©, aussi n'y eust il peu entrer car il estoit trop grand, mais il estoit dessus l'Arche Ă cheval iambe deça iambe delĂ , comme les petitz infans sus les chevaulx de boys. Et en ceste façon saulva ladicte Arche de periller car il luy bailloit le bransle avecques les iambes, & du pied la tournoit ou il vouloit comme on faict du gouvernail d'une navire Et ceulx du dedans luy envoyoient des vivres par une cheminĂ©e Ă suffisance, comme gens bien recognoissans le bien qu'il leur faisoit. Et quelquefoys parlementoient ensemble, comme faisoit Icaromenippus Ă Jupiter, selon le raport de Lucian. De la nativitĂ© du tresredoubtĂ© Pantagruel. Gargantua en son aage de quattre cens quattre vingtz quarante & quattre ans engendra son fils Pantagruel de sa femme nommĂ©e Badebec fille du Roy des Amaurotes en Utopie, laquelle mourut de mal d'enfant car il estoit si grand & si lourd, qu'il ne put venir Ă lumiere, sans ainsi suffocquer la mere. Mais pour entendre pleinement la cause et raison de son nom qui luy fut baillĂ© en baptesme Vous noterez que celle annĂ©e il y avoit une si grand seicheresse en tout le pays de Affricque, pour ce qu'il y avoit passĂ© plus de xxxvi. moys sans pluye, avec chaleur de soleil si vehesmente, que toute la terre en estoit aride. Et ne fut point au temps de Helye plus eschauffĂ©e que fut pour lors. Car il n'y avoit arbre sus terre qu'il eust ny feuille ny fleur, les herbes estoient sans verdeur, les rivieres taries, les fontaines Ă sec, les pauvres poissons delaissez de leurs propres elements vagans et cryans par la terre horriblement, les oyseaulx tumbans de l'air par faulte de rosĂ©e, les loups, les regnars, cerfs, sangliers, daims, lievres, connils, bellettes, foynes, blereaux & aultres bestes l'on trouvoit par les champs mortes la gueule baye. Et au regard des hommes, c'estoit la grande pitiĂ©, vous les eussiez veus tirans la langue comme levriers qui ont couru six heures. Plusieurs se gettoient dedans les puys, d'aultres se mettoient au ventre d'une vache pour estre Ă l'umbre & les appelle Homere Alibantes. Toute la contrĂ©e estoit Ă l'ancre c'estoit pitoyable de veoir le travail des humains pour se guarantir de ceste horrificque alteration. Car il y avoit prou affaire de saulver l'eau benoiste par les esglises qu'elle ne feust desconfite mais l'on y donna tel ordre par le conseil de messieurs les cardinaulx & du sainct pere, que nul n'en osoit prendre qu'une venue Encores quand quelqu'ung entroit en l'esglise, vous en eussiez veu Ă vingtaines de pauvres alterez qui venoient au derriere de celluy qui la distribuoit Ă quelqu'ung la gueulle ouverte pour en avoir quelque petite goutelette comme le maulvais Riche, affin que rien ne se perdit. O que bienheureux fut en ceste annĂ©e celuy qui eut cave fraische & bien garnie. Le philosophe racompte en mouvant la question, pourquoy c'est que l'eau de la mer est sallĂ©e? qu'au temps que Phebus bailla le gouvernement de son chariot lucificque Ă son fils Phaeton Ledict Phaeton mal apris en l'art, et ne sçavant ensuyvre la ligne eclipticque entre les deux tropicques de la sphere du Soleil, varia de son chemin et tant approcha de la terre, qu'il mist Ă sec toutes les contrĂ©es subiacentes, bruslant une grande partie du ciel, que les philosophes appellent via lactea & les Lifrelofres nomment le chemin sainct Jacques. Adonc la terre fut tant eschauffĂ©e, qu'il luy vint une sueur enorme, dont elle sua toute la mer, que par ce est sallĂ©e car toute sueur est sallĂ©e, ce que vous direz estre vray si voulez taster de la vostre propre ou bien de celle des verollez quand on les faict suer, ce me est tout ung. Quasi pareil cas arriva en ceste dicte annĂ©e Car ung iour de Vendredy tout le monde s'estoit mis en devotion, & faisoit une belle procession avecques force letanies et beaux preschans, supplians Ă dieu omnipotent les vouloir regarder de son oeil de clemence en tel desconfort, visiblement fut veu de la terre sortir grosses gouttes d'eau, comme quand quelque personne sue copieusement. Et le pauvre peuple se commença Ă esiouyr comme sy ce eust estĂ© chose Ă eulx proffitable Car les aulcuns disoient que de humeur il n'y en avoit point en l'air, dont on esperast de avoir pluye, et que la terre supplioit au deffault. Les aultres gens sçavans disoient que c'estoit pluye des Antipodes comme Senecque narre au quart livre questionum naturalium, parlant de l'origine et source du fleuve du Nile. Mais ils y furent trompez car la procession finĂ©e alors que chascun vouloit recueillir de ceste rousĂ©e & en boire Ă plein godet, trouverent que ce n'estoit que saulmere pire et plus salĂ©e que n'est l'eau de la mer. Et par ce qu'en ce propre iour nasquit Pantagruel, son pere luy imposa tel nom car Panta en Grec vault autant Ă dire comme tout & Gruel en langue hagarene vault autant comme alterĂ©, voulant inferer qu'Ă l'heure de sa nativitĂ© le monde estoit tout alterĂ©. Et voyant en esperit de prophetie qu'il seroit quelque iour dominateur des alterez. Ce que luy fut monstrĂ© Ă celle heure mesmes par aultre signe plus evident. Car alors que sa mere Badebec enfantoit, & que les sages femmes attendoient pour le recepvoir, issirent premier de son ventre soixante & huyt tregeniers chascun tirant par le licol ung mulet tout chargĂ© de sel apres lesquels sortirent neuf dromadaires chargez de iambons & langues de boeuf fumĂ©es sept chameaulx chargez d'anguillettes puis vingt et cinq charrettes de porreaulx, d'aulx, d'oignons, & de cibots ce qui espoventa bien lesdictes saiges femmes, mais les aucunes d'entre elles disoient Voicy bonne punition cecy n'est que bon signe ce sont agueillons de vin. Et comme elles caquettoient de ses menuz propos entre elles, voicy sortir Pantagruel tout velu comme ung Ours, dont dit une d'elles en esperit propheticque, Il est nĂ© Ă tout le poil, il fera choses merveilleuses et s'il vit, il aura de l'eage. Du deuil que mena Gargantua de la mort de sa femme Badebec. Chapitre ii. Quand Pantagruel fut nĂ©, qui fut bien esbahy et perplex ce fut Gargantua son pere car voyant d'ung coustĂ© sa femme Badebec morte & de l'aultre son fils Pantagruel nĂ©, tant beau & grand, Il ne sçavoit que dire ny que faire. Et le doubte qui troubloit son entendement estoit, assavoir mon s'il debvoit pleurer pour le deuil de sa femme, ou rire pour la ioye de son fils? D'ung costĂ© & d'aultre il avoit d'argumens sophisticques qui le suffocquoient car il les faisoit tresbien in modo et figura, mais il ne les pouvoit souldre. Et par ce moyen demouroit empestrĂ© comme ung Millan prins au lasset. Peureray ie, disoit il? Ouy car pourquoy? Ma tant bonne femme est morte, qui estoit la plus cecy & cela qui fut au monde. Jamais ie ne la verray, iamais ie n'en recouvreray une telle ce m'est une perte inestimable. O mon dieu, que te avoys ie faict pour ainsi me punir? que ne m'envoyas tu la mort Ă moy premier qu'Ă elle? car vivre sans elle ne m'est que languir? Ha Badebec ma mignonne, ma mye, mon petit con toutefois elle en avoyt bien trois arpens & deux sexterĂ©es ma tendrette, ma braguette, ma savatte, ma pantoufle iamais ie ne te verray. Ha faulce mort tant tu me es malivole, tant tu me es oultrageuse de me tollir celle a laquelle immortalitĂ© appartenoit de droict. Et ce disant pleuroit comme une vache mais tout soubdain ryoit comme ung veau, quand Pantagruel luy venoit en memoire. Ho mon petit fils, disoit il mon couillon, mon peton, que tu es ioly & tant ie ie suis tenu Ă dieu de ce qu'il me a donnĂ© ung si beau fils tant ioyeux, tant ryant, tant ioly. Hohohoho que ie suis ayse, beuvons ho laissons toute melancholie, apporte du meilleur, rince les verres, boutte la nappe, chasse les chiens, souffle ce feu, allume ceste chandelle, ferme ceste porte, envoyez ces pauvres, tiens ma robbe, que ie me mette en pourpoint pour mieulx festoyer les comeres. Et en ce disant il ouyt la letanie & les mementos des prebstres qui portoient sa femme en terre dont laissa son bon propos & tout soubdain fut ravi ailleurs disant, Jesus faut il que ie me contriste encores, cela me fasche, le temps est dangereux, ie pourray prendre quelque fiebvre, voy me lĂ affollĂ©. Foy de gentilhomme il vault mieulx pleurer moins, et boire davantaige. Ma femme est morte, & bien par dieu ie ne la ressusciteray pas par mes pleurs elle est bien, elle est en paradis pour le moins si mieulx ne est elle prie dieu pour nous, elle est bien heureuse, elle ne se soucie plus de nos miseres & calamitez, autant nous en pend Ă l'oeil dieu gard le demourant, il me faut penser d'en trouver une aultre. Mais voicy que vous ferez, dist il es saiges femmes allez vous en Ă l'enterrement d'elle, et ce pendant ie berceray icy mon fils car ie me sens bien fort alterĂ© & seroys en dangier de tomber malade, mais beuvez quelque peu devant car vous vous en trouverez bien, et m'en croyez sur mon honneur. A quoy obtemperant allerent Ă l'enterrement & funerailles & le pauvre Gargantua demoura Ă l'hostel mais ce pendant il fist l'epitaphe pour estre engrave en la maniere que s'ensuyt. Elle en mourut la noble Badebec Du mal d'enfant, qui tant me sembloit nice Car elle avoit visaige de rebec, Corps d'espaignole, & ventre de souyce. Priez Ă dieu, qu'Ă elle soit propice, Luy pardonnant s'en riens oultrepassa Cy gist son corps au quel vesquit sans vice, Et mourut l'an & iour que trespassa. De l'enfance de Pantagruel. Chap. iiii. Ie trouve par les anciens historiographes et poetes, que plusieurs sont nez en ce monde en façons bien estranges qui seroient trop longues Ă racompter, lisez le viie livre de Pline si avez loysir. Mais vous n'en ouystes iamais d'une si merveilleuse comme fut celle de Pantagruel. Car c'estoit chose difficile Ă croire comment il creut en corps & en force en peu de temps. Et n'estoit rien de Hercules, qui estant au berceau tua les deux serpens car les serpens estoient bien petitz & fragiles. Mais Pantagruel estant encores au berceau fist de cas bien espouventables. Ie laisse icy Ă dire comment Ă chascun de ses repas il humoit le laict de quatre mille six cens vaches. Et comment pour luy faire un paeslon Ă cuire sa bouillie furent occupez tous les paesliers de Saumur en Aniou, de Villedieu en Normandie, de Bramont en Lorraine & luy bailloit on ladicte bouillie en ung grand tymbre qui est encores de present Ă Bourges au pres du palays mais les dentz luy estoient desiĂ tant crues & fortifiĂ©es qu'il en rompit dudict tymbre ung grand morceau, comme tresbien apparoist. Ung certain iour vers le matin qu'on le vouloit faire tetter une de ses vaches car de nourrisses il n'en eut iamais aultrement comme dit l'histoire Il se deffit des liens qui le tenoient au berceau ung des bras & vous prent ladicte vache par dessoubs le iarret, & luy mangea les deux tetins & la moitiĂ© du ventre avecques le foye & les roignons, & l'eust toute devorĂ©e, n'eust estĂ© qu'elle cryoit horriblement comme si les loups la tenoient aux iambes, auquel cry le monde arriva & osterent ladicte vache des mains dudict Pantagruel mais ils ne sceurent si bien faire que le iarret ne luy en demourast comme il le tenoit, & le mangeoit tresbien comme vous feriez d'une saulcisse et quand l'on luy voulut oster l'os, il l'avalla bien tost, comme ung Cormaran feroit ung petit poisson, & apres commença Ă dire, bon bon bon car il ne sçavoit encores pas bien parler, voulant donner Ă entendre, qu'il l'avoit trouvĂ© fort bon, et qu'il n'en failloit plus qu'autant. Ce que voyans ceulx qui le servoient, le lierent Ă gros cables, comme sont ceulx que l'on faict Ă Tain pour le voyage du sel de Lyon, ou comme sont ceulx de la grand Navire Françoyse quy est au port de Grace en Normandie. Mais quelque foys qu'ung grand Ours que nourrissoit son pere eschappa, et luy venoit lescher le visaige car les nourrisses ne luy avoient pas bien torchĂ© les babines, il se deffit desdictz cables aussi facilement comme Sanson d'entre les Philistins, & vous print monsieur de l'ours, et vous le mist en pieces comme ung poullet, et vous en fist une bonne guorge chaulde pour ce repas. Parquoy craignant Gargantua qu'il se gastat, fist faire quatre grosses chaines de fer pour le lyer & fist faire des arboutans a son berceau bien aiustez. Et de ces chaines en avez une Ă la Rochelle que l'on lieve au soir entre les deux grosses tours du havre, L'aultre est Ă Lyon, L'aultre Ă Angiers. Et la quarte fut emportĂ©e des diables pour lyer Lucifer qui se deschainoit en ce temps lĂ , Ă cause d'une colicque qui le tourmentoit extraordinairement, pour avoir mangĂ© l'ame d'ung sergeant en fricassĂ©e Ă son desieuner. Dont pouvez bien croire ce que dict Nycolas de lyra sur le passaige du psaultier ou il est escript. Et Og regem Oasan. Que le dict Og estant encores petit estoit si fort & robuste, qu'il le failloit lyer de chaines de fer en son berceau. Et ainsi demoura coy & pacificque Pantagruel car il ne pouvoit rompre tant facilement lesdictes chaines, mesmement qu'il n'avoit pas espace au berceau de donner la secousse des bras. Mais voicy qu'arriva ung iour d'une grand feste que son pere Gargantua faisoit ung beau banquet Ă tous les princes de la court. Ie croy bien que tous les officiers de la court estoient tant occupez au service du festin, que l'on ne se soucioit point du pauvre Pantagruel & demouroyt ainsi Ă reculon. Voicy qu'il fist, il essaya de rompre les chaines du berceau avecques les bras, mais il ne peust car elles estoient trop fortes, adonc il se trepigna tant des piedz qu'il rompit le bout de son berceau qui toutesfois estoit d'une grosse poste de sept empans en quarre, & ainsi qu'il eut mys les piedz dehors, il se avalla le mieulx qu'il peust, en sorte qu'il touchoit des piedz en terre. Et alors avecques grand puissance se leva emportant son berceau sur l'eschine ainsi lyĂ©, comme une Tortue qui monte contre une muraille. Et Ă le veoir sembloit que ce fust une grand caracque de cinq cens tonneaux, qui feut debout. En ce point entra en la salle oĂÂč l'on bancquetoit, et hardiment qu'il espoventa bien l'assistence mais par autant qu'il avoit les bras lyez dedans, il ne pouvoit riens prendre Ă manger, mais en grand peine se enclinoit pour prendre Ă tout la langue quelque lippĂ©e. Quoy voyant son pere entendit bien que l'on l'avoit laissĂ© sans luy bailler Ă repaistre, & commanda qu'il feut deslyĂ© desdictes chaines par le conseil des princes et seigneurs assistans, ensemble aussi que les medecins de Gargantua disoient, que si on le tenoit ainsi au berceau, qu'il feroit toute sa vie subiect Ă la gravelle. Et lorsqu'il fut deschainĂ©, l'on le fit asseoir et repeut fort bien, et mist sondict berceau en plus de cinq cent mille pieces d'ung coup de poing qu'il frappa au meillieu, avecques protestation de iamais y retourner. Des faitz du noble Pantagruel en son ieune eage. Chapitre v. Ainsi croissoit Pantagruel de iour en iour et proffitoit Ă veue d'oeil, dont son pere s'esiouyssoit par affection naturelle. Et luy feit faire comme il estoit petit une arbaleste pour s'esbattre apres les oysillons, qui est de present en la grosse tour de Bourges. Puis l'envoya Ă l'escholle pour apprendre & passer son ieune aage. Et de faict vinct Ă Poictiers pour estudier, & y proffita beaucoup, auquel lieu voyant que les escholliers estoient aulcunefoys de loysir & ne sçavoient Ă quoy passer temps, il en eut compassion. Et ung iour print d'ung grand rochier, qu'on nomme Passelourdin, une grosse roche ayant environ de douze toyzes en quarre, & d'espesseur quatorze pans. Et la mist sur quatre pilliers au millieu d'ung champ bien Ă son ayse, affin que lesdictz escholliers quand ils ne sçauroient aultre chose faire passassent le temps Ă monter sur ladicte pierre, & lĂ banquetter Ă force flacons, iambons, et pastez et escrire leurs noms dessus avecques un cousteau et de present l'appelle on la Pierre levĂ©e. Et en memoire de ce n'est auiourd'huy nul passĂ© en la matricule de ladicte UniversitĂ© de Poictiers, si non qu'il ait beu en la fontaine Caballine de Croustelles, passĂ© Ă Passelourdin, & montĂ© sur la Pierre levĂ©e. En apres lysant les belles chroniques de ses ancestres, trouva que Geoffroy de Lusignan dit Geoffroy Ă la grand dent, grand pere du beau cousin de la seur aisnĂ©e de la tante du gendre de la belle mere, estoit enterrĂ© Ă Maillezais, dont print ung iour campos pour le visiter comme homme de bien. Et partant de Poictiers avecques aulcuns de ses compaignons, passerent par LegugĂ©, par Lusignan, par Sansay, par Celles, par sainct Lygaire, par Colonges, par Fontenay le comte, & de lĂ arriverent Ă Maillezais ou visita le sepulchre dudict Geoffroy Ă la grand dent, dont il eut quelque peu de frayeur voyant la protraicture car il y est en ymage comme d'ung homme furieux, tirant Ă demy son grand marchus de la guainne. Et demandoit la cause de ce, les chanoines dudict lieu luy dirent, qu'il n'y avoit point d'aultre cause sinon que Pictoribus atque Poetis etc. c'est Ă dire, que les Painctres & Poetes ont libertĂ© de paindre Ă leur plaisir ce qu'ils veullent. Mais il ne s'en contenta pas de leur responce, & dict. Il n'est point ainsi painct sans cause. Et me doubte que Ă sa mort l'on luy a faict quelque tord, dont il demande vengeance Ă ses parens. Ie m'en enquesteray plus Ă plain et en feray ce que de raison. Ainsi s'en retourna non pas Ă Poictiers, mais il voulut visiter les aultres universitez de France, dont passant Ă la Rochelle se mist sur mer & s'en vint Ă Bourdeaulx, mais il n'y trouva pas grant exercice, sinon des gaubarriers Ă iouer aux luettes sur la grave, de lĂ s'en vint Ă Thoulouse, oĂÂč il aprint fort bien Ă dancer & Ă iouer de l'espĂ©e Ă deux mains comme est l'usance de escoliers de ladicte universitĂ©, mais il n'y demeura gueres quand il vit qu'ils faisoyent brusler leurs regens tous vifs comme harans soretz, disant. Ia dieu ne plaise qu'ainsi ie meure, car ie suis de ma nature assez alterĂ© sans me chauffer davantage. Puis vint Ă Montpellier oĂÂč il trouva fort bons vins de Mirevaulx et ioyeuse compaignie, & se cuyda mettre Ă estudier en Medicine, mais il considera que l'estat estoit fascheux par trop & melancolicque, et que le medecins sentoyent les clisteres comme vieux diables. Et par ce vouloit estudier en loix, mais voyant qu'il n'y avoit que troys teigneux & ung pelĂ© de legistes audict lieu s'en partit. Et au chemin fist le pont du Guard, en moins de troys heures, qui toutesfoys semble oeuvre plus divine qu'humaine. Et vint en Avignon oĂÂč il ne fut pas troys iours qu'il ne devint amoureux, car les femmes y iouent voulentiers du serrecropyere. Ce que voyant son Pedagogue nomme Epistemon l'en tira & le mena Ă Valence au DaulphinĂ©, mais il vit qu'il n'y avoit pas grant exercice, & que les marroufles de la ville batoyent les escholiers, dont il eut despit, et ung beau Dimenche que tout le monde dansoit publicquement, ung escholier se voulut mettre en danse, ce que ne permirent pas lesdictz marroufles. Quoy voyant Pantagruel leur bailla Ă tous la chasse iusques au bort du Rosne, & les vouloit faire tous noyer mais ils se musserent contre terre comme taulpes bien demie lieue soubs le Rosne Et le pertuys encores y apparoist. Et apres il s'en partit, & vint Ă Angiers, oĂÂč il se trouvoit fort bien & y eust demeurĂ© quelque espace, n'eust estĂ© que la peste les en chassa. Ainsi s'en vint Ă Bourges ou estudia bien long temps & proffita beaucoup en la facultĂ© des loix. Et disoit aulcunesfois que les livres des loix luy sembloient une belle robbe d'or triumphante et precieuse Ă merveilles, qui feust brodĂ©e de merde car disoit il, au monde n'y a livres tant beaulx, tant aornez, tant elegans, comme sont les textes des Pandectes mais la brodure d'iceulx, c'est assavoir la glose de Accursius, est tant salle, tant infame & punaise, que ce n'est qu'ordure et villenie. Partant de Bourges vinct Ă Orleans, & lĂ trouva force rustres d'escholliers, qui luy firent grand chere Ă sa venue & en peu de temps aprint avecques eulx Ă iouer Ă la paulme si bien qu'il estoit maistre. Car les estudians dudict lieu en font bel exercice et le menoient aulcunesfois es isles pour s'esbatre au ieu du Poussavant. Et au regard de se rompre fort la teste Ă estudier, il ne le faisoit point, de peur que la veue ne luy diminuast. Mesmement que ung quidam des regens disoit souvent en ses lectures, qu'il n'y a chose si contraire Ă la veue, comme est la maladie des yeulx. Et quelque iour que l'on passa LicentiĂ© en loix quelqu'ung des escholliers de sa congnoissance, qui se science n'en avoit gueres plus que sa portĂ©e mais en recompense sçavoit fort bien dancer & iouer Ă la paulme. Il fist le blason et devise des Licentiez en ladicte UniversitĂ©, disant. Ung esteuf en la braguette, en la main une raquette, une basse dance au talon, voy vous la passe coquillon. Comment Pantagruel rencontra ung Lymousin qui contrefaisoit le [langaige] françoys. Chap. vi. Quelque iour que Pantagruel se pourmenoit apres soupper avecques les compaignons par la porte dont l'on va Ă Paris, Il rencontra ung eschollier tout iolliet, qui venoit par icelluy chemin, & apres qu'ils se furent saluez, luy demanda. Mon amy dont viens tu Ă ceste heure. L'eschollier luy respondit. De l'alme inclyte & celebre academie, que l'on vocite Lutece. Qu'est-ce Ă dire dist Pantagruel Ă ung de ses gens. C'est, respondit il, de Paris. Tu viens doncques de Paris, dist il. Et Ă quoy passez vous le temps vous aultres messieurs estudians audict Paris. Respondit l'eschollier. Nous transfetons la Sequane au dilucule & crepuscule, nous deambulons par les compites & quadriviez de l'urbe, nous despumons la verbocination latiale & comme verisimiles amorabunds captons la benevolence de l'omniiuge omniforme & omnigene sexe feminin, certaines diecules nous invisons les lupanares de Champgaillard, de Mascon, de Cul de sac, de Bourbon, de Huslieu, et en ecstase Venereicque inculcons nos veretres es penitissimes recesses des pudendes de ces meretricules amicabilissimes, puis cauponizons es tabernes meritoires, de la pomme de Pin, de la Magdaleine, & de la Mulle, belles spatules vervecines perforaminĂ©es de petrofil. Et si par forte fortune y a raritĂ© ou penurie de pecune en nos marsupiez et soyent exhaustez de metal ferrugine, pour l'escot nous dimittons nos codices & vestez oppignerĂ©es, prestolans les tabelliaires Ă venir des penates & lares patrioticques. A quoy Pantagruel dist. Quel diable de langaige est cecy. Par dieu tu es quelque hereticque. Seignor non, dist l'eschollier car libentissimentent des ce qu'il illucesce quelque minutule lesche de iour ie denigre en quelqu'ung de ces tant bien architectes monstiers, et ia me irrorant de belle eaue lustrale, grignotte d'ung transon de quelque missicque precation de nos sacrificules. Et submirmillant mes precules horaires, elue & absterge mon anime de ses inquinames nocturnes, Ie revere les olympicoles, Ie venere latrialement le supernel astripotens, Ie dilige & reclame mes proximes, Ie serve les prescriptz decalogicques, et selon la facultatule de mes vires, n'en discede le late unguicule. Bien est veriforme que Ă cause que Mammone ne supergurgite point en mes locules, Ie suis quelque peu rare et lend Ă superoger les elle emosynes Ă ces egenes queritans leur stipe hostialement. Et bren bren dist Pantagruel, qu'est-ce que veult dire ce fol. Ie croy qu'il nous forge icy quelque langaige diabolicque, & qu'il nous cherme comme enchanteur. A quoy dist ung de ses gens. Seigneur sans nulle doubte ce gallant veult contrefaire la langue des Parisiens mais il ne faict que escorcher le latin, & cuyde ainsi Pindariser, & luy semble bien qu'il est quelque grand orateur en françoys, par ce qu'il dedaigne l'usance commun de parler. A quoy dist Pantagruel. Est il vray. L'eschollier respondit. Seigneur, mon genie n'est point apte nate Ă ce que dit ce flagitiose nebulon, pour escorier la cuticule de nostre Vernacule Gallicque, mais vicecersement ie gnave opere & par veles & rames ie me enite de le locupleter de la redundance latinicome. Par dieu dist Pantagruel ie vous apprendray Ă parler. Mais devant responds moy, dont es tu. A quoy dist l'eschollier. L'origine primeve de mes aves & ataves fut indigene des regions lemovicques ou requiesce le corpore de l'agiotate sainct Martial. Ientends bien dist Pantagruel. Tu es Lymousin pour tout potaige. Et tu veulx icy contrefaire le Parisien. Or viens ça que ie te donne ung tour de peigne. Lors le print Ă la gorge, luy disant. Tu escorches le latin, par sainct Iehan ie te feray escorcher le renard car ie te escorcheray tout vif. Lors commença le pauvre Lymousin Ă dire. VĂ©e dicou gentilastre. Ho sainct Marsault adiouda mi, hau hau laissas aquau au nom de dious, et ne me touquas grou. A quoy dist Pantagruel. A ceste heure parles tu naturellement, & ainsi le laissa car le pauvre Lymousin se conchyoit toutes ses chausses, qui estoient faictes Ă queheue de merluz, non Ă plain fons dont dist Pantagruel. Sainct Alipentin corne my de bas, quelle cyvette. Au diable soit le mascherabe tant il put. Et ainsi le laissa mais ce luy fut ung remord toute sa vie, et tant fut alterĂ©, qu'il disoit souvent que Pantagruel le tenoit Ă la gorge. Et apres quelques annĂ©es mourut de la mort Roland, ce faisant la vengeance divine, et nous demonstrant ce que dit le Philosophe & Aulus Gellius, qu'il nous convient parler selon le langaige usitĂ©. Et comme disoit Cesar, qu'il faut eviter les motz absurdes en pareille diligence que les patrons de navires evitent les rochiers de la mer. Comment Pantagruel vint Ă Paris. Cha. vii. Apres que Pantagruel eut fort bien estudiĂ© Ă Orleans il se delibera de visiter la grande universitĂ© de Paris, mais devant que partir il fut adverty qu'il y avoit une grosse & enorme cloche Ă sainct Aignan dudict Orleans, qui estoit en terre pres de troys cens ans y avoit car elle estoit si grosse que par nul engin l'on ne la pouvoit mettre seulement hors de terre, combien que l'on y eut applicquĂ© tous les moyens que mettent Vitruvius de architecture, Albertus de re edificatoria, Euclides, Theon, Archimenides, et Hiero. de ingeniis, car tout n'y servit de rien. Dont voulentiers encline Ă l'humble requeste des citoyens & habitans de ladicte ville delibera de la porter au clochier Ă ce destinĂ©. Et de faict s'en vint au lieu ou elle estoit, & la leva de terre avecques le petit doigt aussi facillement que feriez une sonnette d'esparvier. Et devant que la porter au clochier voulut en donner une aubade par la ville, et la faire sonner par toutes les rues en la portant en sa main. Dont tout le monde se resiouyst fort, mais il en advint ung inconvenient bien grand car en la portant ainsi, & la faisant sonner par les rues, tout le bon vin d'Orleans poulsa, & se gasta. De quoy le monde ne se advisa point que la nuyt ensuyvant car ung chascun se sentit tant alterĂ© d'avoir beu de ces vins poulsez, qu'ils ne faisoient que cracher aussi blanc comme cotton disant, nous avons du Pantagruel, & avons les gorges sallĂ©es. Ce faict vint Ă Paris avecques ses gens. Et Ă son entrĂ©e tout le monde sortit hors pour le veoir, comme vous sçavez bien que le peuple de Paris est sot par nature & le regardoient en grand esbahyssement, & non sans grande peur qu'il n'emportast le Palais ailleurs en quelque pays a remotis, comme son pere avoit emportĂ© les campanes de nostre dame, pour attacher au col de sa iument. Et apres quelque espace de temps qu'il y eut demourĂ© & fort bien estudiĂ© en tous les sept ars liberaulx, Il disoit que c'estoit une bonne ville pour vivre, mais non pas pour mourir car les guenaulx de sainct Innocent se chauffoient le cul des ossemens des mors. Et trouva la librairie de sainct Victor fort magnifique, mesmement d'aulcuns livres qu'il y trouva, comme Bigua salutis, Bragueta iuris, Pantoufla decretorum, Malogranatum viciorum, Le Peloton de theologie, Le Vistempenard des prescheurs, composĂ© par Pepin, La Couillebarine des preux, Les Hanebanes des evesques, Marmoretus de babouynis & cingis cum commento Dorbellis, Decretum universitatis Parisientis super gorgiasitate muliercularum ad placitum, L'apparition de saincte Gertrude Ă une nonain de Poissy estant en mal d'enfant, Ars honeste petandi in societate per M. Ortuinum, Le moustardier de penitence, Les Houseaulx, alias les bottes de patience, Formicarium artium [, De brodiorum usu et honestate chopinandi, per Silvestrem prieratem Iacopinum, Le beline en court], Le cabatz des notaires, Le pacquet de mariage, Le creziou de contemplation, Les faribolles de droict, L'aguillon de vin, L'esperon de fromaige, Decrotatorium scholarium, Tartarerus de modo cacandi [, Les fanfares de Romme], Bricot de differentiis soupparum, Le Culot de discipline, La savate de humilitĂ©, Le Tripiez de bon pensement, Le Chaudron de magnanimitĂ©, Les Hanicrochemens des confesseurs, Les Lunettes des romipetes, Maioris de modio faciendi boudinos, La cornemuse des prelatz, Beda de optimitate tripatum, [La complainte des advocatz sus la reformation des dragĂ©es. Des poys au lart cum commento. La profiterolle des indulgences. Aristotelis libri novem de modo dicendi horas canonicas. Iabolenus de Cosmographia purgatorii. Questio subtilissima, Utrum Chimera in vacuo bombinans possit comedere secundas intentiones, et fuit debatuta per decem hebdomadas in concilio Constantiensi.], Le Maschefain des advbocatz, [Barbouillamenti Scoti. La ratepenade des Cardinaulx. La gaudemarre des neuf cas de conscience], Le Ravasseux des cas conscience, Sutoris adversus quendam qui vocaverat eum friponnatorem, et quod fripponatores non sunt damnati ab ecclesia, Cacatorium medicorum, Le Ramonneur d'astrologie, Le tyrepet des apotycaires, le Baisecul de chirurgie, Antidotarium anime. M. Coccaius de patria diabolorum, dont les aulcuns sont iĂ imprimez, et les aultres l'on imprime de present en ceste noble ville de Tubinge. Comment Pantagruel estant Ă Paris receupt lettres de son pere Gargantua, et la copie d'icelles. Chapitre viii. Pantagruel estudioit fort bien comme assez entendez, & proffitoit de mesmes car il avoit l'entendement Ă double rebratz & capacitĂ© de memoire Ă la mesure de douze oyres et botez d'olif. Et comme il estoit ainsi lĂ demourant, receupt ung iour lettres de son pere en la maniere que s'ensuyt. Treschier fils, Entre les dons, graces, & prerogatives, desquelles le souverain plasmateur Dieu tout puissant a endouayrĂ© & aornĂ© l'humaine nature Ă son commencement, celle me semble singuliere et excellente, par laquelle elle peult en estat mortel acquerir une espece d'immortalitĂ©, & en decours de vie transitoire perpetuer son nom & sa semence. Ce que est faict par lignĂ©e yssue de nous en mariage legitime. Dont nous est aulcunement instaurĂ© ce qui nous a estĂ© tollu par le pechĂ© de nos premiers parens, esquels fut dit, que par ce qu'ils n'avoient estĂ© obediens au commandement de dieu le createur, qu'ils mourroient & par mort seroit reduict Ă neant ceste tant magnificque plasmature, en laquelle avoit estĂ© l'homme crĂ©e. Mais par ce moyen de propagation seminale demeure es enfans ce que estoit de perdu es parens, & es nepveux ce que deperissoit es enfans, & ainsi successivement, iusques Ă l'heure du iugement final, quant Iesuchrist aura rendu Ă Dieu son pere son royaulme pacificque hors tout dangier & contamination de pechĂ© car alors cesseront toutes generations & corruptions, & seront les elemens hors de leurs transmutations continues, veu que la paix desirĂ©e sera consommĂ©e & que toutes choses seront reduictes Ă leur fin & periode. Doncques non sans iuste & equitable cause ie rends graces Ă Dieu mon conservateur, de ce qu'il m'a donnĂ© povoir veoir mon antiquitĂ© chanue refleurir en ta ieunesse car quand par le plaisir de celluy qui tout regist & modere, mon ame laissera ceste habitation humaine, Ie ne me reputeray point totalement mourir mais plus tost transmigrer d'ung lieu en aulre, attendu que en toy & par toy ie demeure en mon ymage visible en ce monde, vivant, voyant, & conversant entre gens de honneur & mes amys, comme ie souloys, laquelle mienne conversation a estĂ©, moyennant l'ayde & grace divine, non sans pechĂ©, ie le confesse car nous pechons tous, & continuellement requerons Ă Dieu qu'il efface nos pechez, mais sans reprouche. Parquoy ainsi comme en toy demeure l'ymage de mon corps, si pareillement ne reluysoient les meurs de l'ame, l'on ne te iugeroit pas estre garde et thresor de l'immortalitĂ© de nostre nom, et le plaisir que prendroys ce voyant, seroit petit consyderant, que la moindre partie de moy, qui est le corps, demeureroit et que la meilleure, qui est l'ame & par laquelle demeure nostre nom en benediction entre les hommes, seroit degenerante & abastardie. Ce que ie ne dys pas par defiance que ie aye de ta vertu, laquelle m'a estĂ© iĂ par icy devant esprouvĂ©e, Mais pour plus fort t'encourager Ă proffiter de bien en mieulx. Laquelle entreprinse parfaire & consommer, il te peult assez souvenir, comment ie n'ay riens espargnĂ© mais ainsi t'y ay ie secouru, comme si ie n'eusse aultre thresor en ce monde que de te veoir une foys en ma vie absolu & parfaict tant en vertuz, honnestetĂ©, et preudhommie, comme en tout sçavoir liberal & honneste, et tel te laisser apres ma mort comme ung mirouer representant la personne de moy ton pere, & sinon tant excellent & tel de faict, comme ie te souhaite, certes bien tel en desir. Mais encores que mon feu pere de bonne memoire Grandgousier eust adonnĂ© tout son estude, Ă ce que ie proffitasse en toute perfection & sçavoir politicque, & que mon labeur & estude correspondit tresbien, voire encores oultrepassast son desir, toutesfois comme tu peulx bien entendre, le temps n'estoit tant ydoine ny commode es lettres, comme il est de present, et n'avoys pas copie de tels precepteurs comme tu as eu. Le temps estoit encores tenebreux & sentent l'infelicitĂ© & calamitĂ© des Goths, qui avoient mis Ă destruction toute bonne literature. Mais par la bontĂ© divine, la lumiere & dignitĂ© a estĂ© de mon aage rendue es lettres, & y voy tel amendement, que de present Ă difficultĂ© seroys ie receu en la premiere classe des petitz grimaulx moy qui en mon aage virile estoys non Ă tord reputĂ© le plus sçavant dudict siecle, ce que ie ne dys pas par iactance vaine, encores que bien ie puisse & louablement faire en t'escrivant, comme tu as l'autorictĂ© de Marc Tulle en son livre de vieillesse, et la sentence de Plutarche au livre intitulĂ©, comment on se peult louer sans envie mais pour te donner affection de plus hault tendre. Maintenant toutes disciplines sont restituĂ©es, les langues instaurĂ©es. Grecque, sans laquelle c'est honte qu'une personne se die sçavant. Hebraicque, Caldeicque, Latine. Les impressions tant elegantes et correctes en usance, qui ont estĂ© inventĂ©es de mon aage par inspiration divine, comme Ă contrefil l'artillerie par suggestion diabolicque. Tout le monde est plain de gens sçavans, de precepteurs tresdoctes, de librairies tresamples, qu'il m'est advis que ny au temps de Platon, ny de Ciceron, ny de Papinian, n'y avoit point telle commoditĂ© d'estude qu'il y a maintenant. Et ne se fauldra plus dorenavant trouver en place ny en compaignie qui ne sera bien expoly en l'officine de Minerve. Ie voy les brigans, les bourreaux, les avanturiers, les palefreniers de maintenant plus doctes que les docteurs et prescheurs de mon temps. Il n'est pas les femmes et les filles qui ne ayent aspirĂ© Ă ceste louange & Ă ceste manne celeste de bonne doctrine. Tant y a qu'en l'aage ou ie suis iay estĂ© contraint d'apprendre les lettres Grecques, lesquelles ie n'avoys pas contemnĂ© comme Caton, mais ie n'avoys eu le loysir de comprendre en mon ieune aage. Et voulentiers me delecte Ă lire les moraulx de Plutarche, les beaulx dialogues de Platon, les monumens de Pausanias, et antiquitez de Atheneus, attendant l'heure qu'il plaira Ă dieu mon createur me appeler et commander yssir de ceste terre. Parquoy mon fils ie te admoneste que employe ta ieunesse Ă bien proffiter en estude. Tu es Ă Paris, tu as ton precepteur Epistemon, dont l'ung par vives & vocales instructions, l'aultre par louables exemples te peult endoctriner. Ientends & veulx que tu aprenes les langues parfaictement. Premierement la Grecque comme le veult Quintilian. Secondement la latine. Et puis l'Hebraicque pour les sainctes lettres, & la Chaldeicque & Arabicque pareillement & que tu formes ton stille, quant Ă la Grecque, Ă l'imitation de Platon, quant Ă la Latine, Ă Ciceron. Qu'il n'y ait histoire que tu ne tiengne en memoire presente, Ă quoy te aydera la Cosmographie de ceulx qui en ont escript. Les ars liberaulx, Geometrie, Arismetique, & Musicque, Ie t'en donnay quelque goñt quand tu estoys encores petit en l'aage de cinq Ă six ans poursuys le reste, & de Astronomie saches en tous les canons, laisse moy l'Astrologie divinatrice, et art de Lucius comme abuz et vanitez. Du droit Civil ie veulx que tu saches par cueur les beaulx textes, et me les confere avecques la philosophie. Et quant Ă la congnoissance des faitz de nature, Ie veulx que tu t'y adonne curieusement, qu'il n'y ait mer, ryviere, ny fontaine, dont tu ne congnoisse les poissons, tous les oyseaulx de l'air, tous les arbres arbustes & fructices des forestz, toutes les herbes de la terre, tous les metaulx cachez au ventre des abysmes, les pierreries de tout orient & midy, riens ne te soit incongneu. Puis songneusement revisite les livres des medecins, Grecs, Arabes, & Latins, sans contemner les Thalmudistes & Cabalistes, & par frequentes anatomyes acquiers toy parfaicte congnoissance de l'aultre monde, qui est l'homme. Et par quelques heures du iour comme Ă visiter les sainctes letttres. Premierement en Grec le nouveau testament et Epistres des apostres, & puis en Hebrieu le vieulx testament. Somme que ie voye ung abysme de science car doresnavant que tu deviens homme & te fais grand, il te fauldra issir de ceste tranquillitĂ© & repos d'estude & apprendre la chevalerie & les armes, pour defendre ma maison, & nos amys secourir en tous leurs affaires contre les assaulx des malfaisans. Et veulx que de brief tu essayes combien tu as proffitĂ©, ce que tu en pourras mieulx faire, que tenant conclusion en tout sçavoir publicquement envers tous & contre tous hantant les gens lettrez, qui sont tant Ă Paris comme ailleurs. Mais par ce que selon le sage Salomon, Sapience n'entre point en ame malivole, & science sans conscience n'est que ruyne de l'ame. Il te convient servir, aymer, & craindre dieu & en luy mettre toutes tes pensĂ©es, & tout ton espoir et par foy formĂ©e de charitĂ© estre Ă luy adioinct, en sorte que iamais n'en soys desemparĂ© par pechĂ©, ayes suspectz les abuz du monde & ne metz point ton cueur Ă vanitĂ© car ceste vie est transitoire mais la parolle de Dieu demeure eternelle. Soys serviable Ă tous tes prochains, & les ayme comme toymesmes. Revere tes precepteurs, fuys les compaignies des gens esquels tu ne veulx point ressembler. Et les graces que Dieu te a donnĂ©es, icelles ne reçoiptz point en vain. Et quand tu congnoitras que auras tout le sçavoir de par delĂ acquis, retourne t'en vers moy, affin que ie te donne ma benediction devant que mourir. Mon fils la paix & grace de nostre seigneur soit avecques toy. Amen. De Utopie ce dix septiesme iour du moys de Mars, ton pere GARGANTUA. Ces lettres receues et veues Pantagruel print nouveau courage & fut enflambĂ© Ă proffiter plus que iamais, en sorte que le voyant estudier & proffiter, eussiez dit que tel estoit son esprit entre les livres, comme est le feu parmy les brandes, tant il l'avoit infatigable & strident. Comment Pantagruel trouva Panurge, lequel il ayma toute sa vie. Chap. ix. Ung iour Pantagruel se pourmenant hors de la ville vers l'abbaye saint Antoine devisant et philosophant avecques ses gens & aulcuns escholliers, rencontra ung homme beau de stature & elegant en tous lineamans du corps, mais pitoyablement navrĂ© en divers lieux, & tant mal en ordre qu'il sembloit qu'il feut eschappĂ© es chiens, ou mieulx ressembloit ung cueilleur de pommes du pays du Perche. Et de tant loing que le vit Pantagruel, il dist es assistans. Voyez vous cest homme qui vient par le chemin du pont Charanton. Par ma foy, il n'est pauvre que par fortune car ie vous asseure qu'Ă la physionomie nature l'a produyt de riche et noble lignĂ©e, mais les adventures des gens curieux le ont reduyt en telle penurie et indigence. Et ainsi qu'il fut au droict d'entre eulx, il luy demanda. Mon amy ie vous prie que ung peu veuillez icy arrester & me respondre Ă ce que vous demanderay, vous ne vous en repentirez point car iay affection tresgrande de vous donner ayde en mon povoir en la calamitĂ© oĂÂč ie vous voy car vous me faictes grand pitiĂ©. Pourtant mon amy dictes moy qui estes vous, dont venez vous, ou allez vous, que querez vous, & quel est vostre nom? Et le compaignon luy respond en langue Germanicque. Junker Gotte geb euch glĂâŠck unnd hail. Zuvor lieber iuncker ich las euch wissen das da ir mich von fragt, ist ein arm unnd erbarmglich ding, unnd wer vil darvon zu sagen, welches euch verdrustlich zuhoeren, unnd mir zu erzelenwer, wievol die Poeten unnd Orators horzeiten haben gesagt in iren sprĂâŠchen unnd sentenzen, das die gedechtnus des ellends unne armvot vorlangs erlitten, ist ein grosser lust. A quoy respondit Pantagruel. Mon amy ie n'entends point ce barragouyn, & pourtant si voulez qu'on vous entende parlez aultre langaige. Adoncques le compaignon luy respondit Al barildim gotfano dech min brin alabo dordin falbroth ringuam albras. Nin porth zadilrim almucathin milko prim al elmim enthoth dal heben enfouim kuth im aldim alkatim nim broth dechoth porth min michas im endoth, pruch dal marsouim hol moth dansrikim lupaldar im holdemoth. Nin hur diavolth mnarbothim dal goulch pal frapin duch im scoth pruch galeth dal chinon, mir foultrich al conin butbathen doth dal prim. Entendez vous rien lĂ ? dist Pantagruel es assistans. A quoy dist Epistemon. Ie croy que c'est langaige des Antipodes, le diable n'y mordroit pas. Lors dist Pantagruel. Compere, ie ne sçais si les murailles vous entendront, mais de nous nul n'y entends note. Donc dist le compaignon. Signor mio voi videte per exemplo che la Cornamusa non suona mai si la non a il ventre pieno, Cosi io parimente non vi sapre contare le mie fortune, se prima il tribulato ventre non la solita refectione. Al quale adviso che la mani et li denti abbui perso illoro ordine naturale & del tutto annichillati. A quoy respondit Epistemon. Autant de l'ung comme de l'aultre. [Dont dit Panurge. Lard gef tholb be sua virtiuss be intelligence ass yi body schalbiss be naturall reluth tholb suld ofme pety have for natur hass luss egualy maide bot fortune sum exaltit hess and oyis deprevit non yeless men virtiuss vioiss deprevit and virtiuss men discriviss for anem ye lan end iss, non gud. A quoy dist Carpalim. Sainct Treignem foutys vous d'escoss. ou iay failly Ă entendre. Lors respondit Panurge. Prug frest frinst sorgdmand strochdt drnds par brleland. Gravot chavigny pomardiere rusth plrallhdracg deviniere pres sainct Nays. SeuillĂ© kalmuch monach drupp delmenpplist rincq dlrnd vp drent loch minc stz rinquald de vins ders cordelis hur iocst stzamperards. A quoy dist Epistemon. Parlez vous chrestien? mon amy, ou languaige patelinoys.] Dont dit Panurge. Heere ie en spreke anders gheen taele dan kerste taele, my dunct nochtans, al en seg ie v niet een wordt, myven noot verclaert ghenonch wat ie beglere, gheest my vnyt hermhertlicheyt yet waer vn ie ghevoet mach zung. A quoy respondit Pantagruel. Autant de celluy la. Donc dist Panurge. Seçor de tanto hablar yo soy cansado, por que supplico a vostra reverentia que mire a los preceptos evangelicos, para que ellos movant vostra reverentia a lo ques de conscientia, y sy ellos non bastarent para mover vostra reverentia a piedad, supplico que mire a la piedad natural laqual yo creo que le moura como es de razon, y con esto non digo mas. A quoy respondit Pantagruel, dea mon amy. Ie ne fays doubte aulcun que ne sachez bien parler divers langaiges, mais dictes nous ce que vouldrez en quelque langue que puissons entendre. Lors dist le compaignon. Adoni scholom lecha im ischar harob habdeca bemeherah thithen li kikar lehem, cham cathub laal al adonai cho nen ral. A quoy respondit Epistemon. A ceste heure ay ie bien entendu Car c'est langue HebraĂÂŻcque bien Rhetoricquement pronuncĂ©e. Donc dit le compaignon. Despota tynin panagathe, dioti sy mi uc artodotis, horas gar limo analiscomenon eme athios, ce en io metaxy eme uc eleis udamos, zetis de par ha u chre, ce homos philologi pandes homologusi to te logus te ce rhemata peritta hyparchin, opote pragma asto pasi delon esti. entha gar anacei mon logi isin, hina pragmata hon peri amphibetumen me prosphoros epiphenete. Quoy? dist Carpalim lacquays de Pantagruel, c'est Grec, ie l'ay entendu. Et comment as tu demourĂ© en Grece? Donc dist le compaignon. Agonou dont oussys vou denaguez algarou, nou den farou zamist vou mariston ulbrou, fousquez vou brol tam bredaguez moupreton den goul houst, daguez daguez nou croupys fost bardou noflist nou grou. Agou paston tol nalprissys hourtou los ectabanous, prou dhouquys brol panygou den bascrou nou dous caguous goulfren goul oust troppassou. Ientends ce me semble, dist Pantagruel car ou c'est langaige de mon pays de Utopie, ou bien luy ressemble quant au son. Et comme il vouloit commencer quelque propos, le compaignon dist. Jam toties vos per sacra perque deos deasque omnis otestatus sum, ut si qua vos pietas permovet, egestatem meam solaremini, nec hilum proficio clamans & eiulans. Sinite, queso, sinito viri impii quo me fata vocant abire, nec ultra vanis vestris interpellationibus obtundatis, memores veteris illius adagii, quo venter famelicus auriculis carere dicitur. Dea mon amy dist Pantagruel, ne sçavez vous parler françoys? Si fois tresbien seigneur, respondit le compaignon, Dieu mercy c'est ma langue naturelle et maternelle, car ie suis nĂ© et ay estĂ© nourry ieune au iardin de France. Doncques, dist Pantagruel, Racomptez nous, quel est vostre nom, & dont vous venez. Car par ma foy ie vous ay iĂ pris en amour si grande, que si vous condescendez Ă mon vouloir, vous ne bougerez iamais de ma compaignie, & vous et moy ferons ung nouveau per d'amytiĂ© telle que fut entre EnĂ©e & Achates. Seigneur dist le compaignon. Mon vray et propre nom de baptesme, est Panurge, & Ă present viens de Turcquie, ou ie fuz menĂ© prisonnier lors qu'on alla Ă Metelin en la male heure. Et voulentiers vous racompteroys mes fortunes qui sont plus merveilleuses, que celles de Ulysses, mais puisqu'il vous plaist me retenir avecques vous, & que ie accepte voulentiers l'offre protestant iamais ne vous laisser, et allissiez vous Ă tous les diables, nous aurons en autre temps plus commode, assez loysir d'en racompter, car pour ceste heure iay necessitĂ© bien urgente de repaistre, dentz agues, ventre vuyde, gorge seiche, tout y est deliberĂ© si me voulez mettre en oeuvre, ce sera basme de me veoir briber, pour Dieu donnez y ordre. Lors commanda Pantagruel, qu'on le menast en son logis & qu'on luy apportast force vivres. Ce que fut faict, & mangea tresbien Ă ce soir, & s'en alla coucher en Chappon, et dormit iusques au lendemain heure de disner. Comment Pantagruel equitablement iugea d'une controverse merveilleusement obscure et difficile si iustement que son iugement fut dit plus admirable que celluy de Salomon. Chap. ix. Pantagruel bien records des lettres et admonitions de son pere, voulut ung iour essayer son sçavoir, et de faict par tous les carrefours de la ville mist conclusions en nombre de sept cens soixante en tout sçavoir, touchant en ycelles les plus fors doubtes qui feussent en toutes sciences. Et premierement en la rue du Feurre tint contre tous les regens, artiens, et orateurs, & les mit tous de cul. Puis en Sorbonne tint contre tous les theologiens par l'espace de six sepmaines despuis le matin quatre heures, iusques Ă six du soir, exceptez deux heures de intervalle pour repaistre et prendre sa refection. Non pas qu'il engardast lesdictz theologiens Sorbonicques de chopiner, & se refraischir Ă leurs beuvettes acoustumĂ©es. Et Ă ce assisterent la plus part des seigneurs de la court maistres des requestes, presidens, conseilliers, les gens des comptes, secrĂ©taires, advocatz, et aultres, ensemble les eschevins de ladicte ville avecques les medicins & canonistes. Et notez qu'il y en avoit qui prindrent bien le frain aux dentz, mais nonobstant leurs ergotz et fallaces, il les feit tous quinaulx, & leur montra visiblement qu'ilz n'estoient que veaulx. Dont tout le monde commença Ă bruyre & parler de son sçavoir si merveilleux, qu'il n'y avoit pas les bonnes femmes lavandieres, courratieres, roustissieres, ganyvettieres, et aultres, que quand il passoit par les rues ne dissent, c'est luy, Ă quoy il prenoit plaisir, comme Demosthenes prince des orateurs Grecz faisoit quand de luy dist une vieille acropie en le monstrant au doigt, c'est celluy lĂ . Or en ceste propre saison estoit ung proces pendant en la court entre deux gros seigneurs, desquelz l'ung estoit monsieur de Baisecul demandeur d'une part, l'aultre monsieur de Humevesne defendeur de l'autre. Desquelz la controverse estoit si haulte & difficile en droict, que la court de Parlement n'y entendoit que le hault Allemant. Dont par le commandement du Roy furent assemblez quatre les plus sçavans & les plus gras de tous les Parlemens de France, ensemble le grand conseil, & tous les principaulx regens des universitez, non seulement de France, mais aussi d'Angleterre et Italie, comme Jason, Philippe Dece, Petrus de petronibus, & ung tas d'aultres. Et ainsi assemblez par l'espace de quarante et six sepmaines n'y avoient sceu mordre, ny entendre le cas au net, pour le mettre en droict en façon quiconcques, dont ilz estoient si despitz qu'ilz se conchioient de honte villainement. Mais ung d'entre eulx nommĂ© Du douhet, le plus sçavant, le plus expert & prudent de tous les aultres, ung iour qu'ilz estoient tous philogrobolisez de cerveau, leur dist. Messieurs iĂ long temps a que sommes icy sans riens faire que despendre, & ne povons trouver fons ny rime en ceste matiere, & tant plus y estudions tant moins y entendons, qui nous est une grand honte et charge de conscience, et Ă mon advis n'en sortirons que Ă deshonneur car nous ne faisons que ravasser en noz consultations. Mais voicy que iay advisĂ©, vous avez bien ouy parlĂ© de ce grand personnaige nommĂ© maistre Pantagruel, lequel on a congneu estre sçavant dessus la capacitĂ© du temps de maintenant, es grandes disputations qu'il a tenues contre tous publicquement. Ie suis d'opinion, que nous le appellons, & conferons de cest affaire avecques luy car iamais homme n'en viendra Ă bout si cestuy lĂ n'en vient. A quoy voulentiers consentirent tous ces conseillers et docteurs & de faict l'envoyerent querir sur l'heure, & le prierent vouloir ung peu veoir le proces, & leur en faire le rapport tel que luy sembleroit en vraye science legale, & luy livrerent les sacs & pantarques entre ses mains, qui faisoient presque le fais de quatre gros asnes couillars. Mais Pantagruel leur dist. Messeigneurs, les deux seigneurs qui ont ce proces entre eulx, sont ilz encore vivans? A quoy luy fust respondu, que ouy. De quoy diable donc dist il servent tant de fatrasseries de papiers & copies que me baillez? Ne vault il pas beaucoup mieulx les ouyr de leur vive voix narrer leur debat, que lire ces babouyneries icy, qui ne sont que tromperies, cautelles diabolicques de Cepola, & superstitions de droict? Car ie suis sceur que & vous & tous ceulx par les mains desquelz a passĂ© le proces, y avez machinĂ© ce que avez peu, pro & contra, & au cas que leur controverse estoit patente & facile Ă iuger, vous l'avez obscurcie par sottes & deraisonnables raisons & ineptes opinions de Accurse, Balde, Bartole, de Castro, de Imola, Hippolytus, Panorme, Bertachin, Alexandre, Curtius, et ces aultres vieulx mastins, qui iamais n'entendirent la moindre loy des Pandectes et n'estoient que gros veaulx de disme, ignorans de tout ce qu'est necessaire Ă l'intelligence des loix. Car comme il est tout certain ilz n'avoient congnoissance de langue ny Grecque ny Latine, mais seulement de Gothicque et Barbare. Et toutesfois les loix sont premierement prinses des Grecz, comme vous avez le temoignage de Ulpian, l. posteriori de orig. iuris. et toutes les loix sont pleines de sentences & motz Grecz & fecondement sont redigĂ©es en Latin le plus elegant et aornĂ© qui soit en toute la langue Latine, et n'en excepte ny Saluste, ny Varron, nu Ciceron, ny Pline, ny Senecque, ny T. Live, ny Quintilian. Comment doncques eussent peu entendre ces vieux resveurs le texte des loix, qui iamais ne virent bon livre de langue Latine? comme manifestement il appert Ă leur stille, qui est stille de ramonneur de cheminĂ©e, ou de cuysinier & marmiteux non de Iurisconsulte. Davantaige veu que les loix sont extirpĂ©es du meillieu de philosophie morale et naturelle, comment l'entendront ces folz qui ont par dieu moins estudiĂ© en philosophie que ma mulle? Et au regard des lettres de humanitĂ©, & de congnoissance des antiquitez & histoires, ilz en estoient chargez comme ung crapault de plumes, & en usent comme ung crucifix d'un pifre, dont toutesfois les droictz sont tous plains, et sans ce ne peuvent estre entenduz, comme quelque iour ie monstreray plus appertement par escript. Par ce si voulez que ie congnoisse de ce proces, premierement faictes moy brusler tous ces papiers, & secondement faictes moy venir les deux gentilzhommes personnellement devant moy, & quand ie les auray ouy, ie vous en diray mon opinion sans fiction ny dissimulation quelconques. A quoy aulcuns d'entre eulx contredisoient, comme vous sçavez, que en toutes compaignies il y a plus de folz que de saiges, et la plus grande partie surmonte tousiours la meilleure. Mais ledict du Douhet tint au contraire virilement contendent que Pantagruel avoit bien dit, que ces registres, enquestes, replicques, duplicques, reproches, salvations, et aultres telles diableries, n'estoient que subversions de droict, & allongement de proces, & que le diable les emporteroit trestous, s'ilz ne procedoient aultrement selon equitĂ© philosophicque & evangelicque. Somme, tous les papiers furent bruslez, & les deux gentilzhommes personnellement convoquez. Et lors Pantagruel leur dist. Estes vous qui avez ce grand different entre vous deux? Ouy, dirent ilz, monsieur. Lequel de vous est demandeur? C'est moy, dit le seigneur de Baisecul. Or mon amy, contez moy de poinct en poinct vostre affaire, selon la veritĂ© car par le corps dieu si vous en mentez d'ung mot, ie vous osteray la teste de dessus les espaules, & vous monstreray que en iustice & iugement l'on ne doibt dire que la veritĂ©, par ce donnez vous garde de adiouster ny diminuer au narrĂ© de vostre cas, dictes. Donc commença en la maniere que s'ensuyt. Monsieur il est vray que une bonne femme de ma maison portoit vendre des oeufz au marchĂ©. Couvrez vous Baisecul, dist Pantagruel. Grand mercy monsieur, dist le seigneur de Baisecul. Mais a propos passoit entre les tropicques vers le zenith diametralement opposĂ© es Troglodytes, par autant que les mons RhiphĂ©es avoient eu celle annĂ©e grande sterilitĂ© de happelourdes, moyennant une sedition meue entre les Barragouyns & les Accoursiers pour la rebellion des Souisses, qui s'estoient assemblez iusques au nombre de troys, six, neuf, dix, pour aller Ă l'aguillanneuf, le premier trou de l'an, que l'on donne la souppe aux boeufz, & la clef du charbon aux filles, pour donner l'avoine aux chiens. Toute la nuyct l'on ne feist la main sur le pot, que despecher les bulles des postes Ă piedz & lacquays Ă cheval pour retenir les basteaux, car les cousturiers vouloient faire des retaillons desrobez une sarbataine pour couvrir la mer oceane, qui estoit grosse d'enfant selon l'opinion des boteleurs de foin, mais les physiciens disoient, que a son urine ilz ne congnoissoient point signe evident au pas d'ostarde de manger des choux gelez Ă la moustarde, sinon que messieurs de la court feissent par bemol commandement Ă la verolle, de non plus alleboter apres les maignans ainsi se pourmener durant le service divin car les marroufles avoient iĂ bon commencement Ă danser l'estrindore au diapason ung pied au feu & la teste au meillieu comme disoit le bon Ragot. Ha messieurs Dieu modere tout Ă son plaisir, & contre fortune la diverse ung chartier rompit son fouet, ce fut au retour de la Bicocque, alors qu'on passa licentiĂ© maistre Antithus des cressonnieres en toute lourderie, comme disent les canonistes Beati lourdes quoniam trebuchaverunt. Mais ce que faict le caresme si hault, par sainct Fiacre de Brye, ce n'est par aultre chose que la Pentecoste ne vient foys qu'elle ne me couste mais hay avant, peu de pluye abat grand vent, entendu que le sergeant ne mist pas si haut le blanc Ă la butte, que le greffier ne s'en leschast bas & roidde les doigtz empenez de iart, & nous voyons manifestement que chascun s'en prent au nez, sinon qu'on regardast en perspective ocularement vers la cheminĂ©e Ă l'endroit oĂÂč pend l'enseigne du vin Ă quarante sangles, qui sont necessaires Ă vingt bas, Ă tout le moins qui ne vouldroit lascher l'oyseau devant que le decouvrir, car la memoire souvent se pert quand on se chausse au rebours sa dieu guard de mal Thibault mitaine. Alors dist Pantagruel. Tout beau mon amy, tout beau, parlez Ă traict & sans cholere. Ientends le cas, poursuyvez. Vrayement, dist le seigneur de Baisecul, c'est bien ce que l'on dit, qu'il faict bon adviser aulcunesfoys les gens, car ung homme advisĂ© en vault deux. Or monsieur ladicte bonne femme disant les gaudez & audinos, ne peult pas se couvrir d'ung revers faulx moniant sinon par bien soy bassiner anglicquement se couvrant d'ung sept de quarreaux & luy tirant ung estoc vollant, au plus pres du lieu ou l'on vent les vieulx drapeaux, dont usent les painctres de Flandres, quand ilz veullent bien Ă droict ferrer les cigalles, & m'esbahys bien fort comment le monde ne pont veu qu'il faict si beau couver. Icy voulut interpeller & dire quelque chose le seigneur de Humevesne, dont luy dist Pantagruel. Et ventre sainct Antoine, t'appartient il de parler sans commandement? Ie sue icy de ahan, pour entendre la procedure de vostre different, & tu me viens encore tabuster? paix de par le diable paix, tu parleras ton sou, quand cestuy cy aura achevĂ©. Poursuyvez, dist il Ă Baisecul, & ne vous hastez point. Voyant doncques, dist Baisecul, que la Pragmaticque sanction n'en faisoit nulle mention, & que le pape donnoit libertĂ© Ă chascun de peter Ă son aise si les blanchetz n'estoient rayĂ©s, quelque pauvretĂ© qui feust au monde, pourveu qu'on ne se seignast de la main gauche, la bonne femme se print Ă esculler les souppes par la foy des petis poissons couillatrys qui estoient pour lors necessaires Ă entendre la construction des vieilles bottes, pourtant Iehan le veau son cousin gervays remuĂ© d'une busche de moulle, luy conseilla qu'elle ne se mist point en ce hazard de laver la buĂ©e sans premier alluner le papier Ă tant pille, nade, iocque, foce, car non de ponte vadit, qui cum sapientia cadit, attendu que messieurs des comptes ne convenoient pas bien en la sommation des fleuttes d'allemant, dont on avoit basty les lunettes des princes imprimĂ©es nouvellement Ă Anvers. Et voylĂ messieurs que faict maulvais raport. Et en croy partie adverse en sa foy, ou bien in sacer verbo dotis, car voulant obtemperer au plaisir du roy ie me estoys armĂ© de pied en cap d'une carreleure de ventre pour aller veoir comment mes vendangeurs avoient dechicquetĂ© leurs haulx bonnetz, pour mieulx iouer des manequins, car le temps estoit quelque peu dangereux de la foire, dont plusieurs francz archiers avoient estĂ© refusez Ă la monstre, nonobstant que les cheminĂ©es feussent assez haultes selon la proportion du javart & des malandres l'amy baudichon. Et par ce moyen fut grande annĂ©e de caquerolles en tout le pays de Artoys, qui ne fut pas petit amendement pour messieurs les porteurs de coustretz, quand on mangeoit des coques cigrues Ă ventre deboutonnĂ©. Et Ă la mienne voulentĂ© que chascun eust aussi belle voix, l'on en iourroit beaucoup mieulx Ă la paulme, & ces petites finesses, qu'on faict Ă porter des pastins, descendroient plus aisement en Seine pour tousiours servir au pont aux meusniers, comme iadis feut decretĂ© par le roy de Canarre., que l'arrest en est au greffe de ceans. Par ce monsieur ie requiers que par vostre seigneurerie soit dit & declairĂ© sur le cas ce que de raison, avecques despens, dommages, & interetz. Lors dist Pantagruel. Mon amy voulez vous plus riens dire. Respondit Baisecul, non monsieur car ien ay dit tout le tu autem, et n'en ay riens variĂ© sur mon honneur. Vous doncques dist Pantagruel, monsieur de Humevesne, dictes ce vouldrez & abreviez, sans riens toutesfois laisser de ce que servira au propos. Lors commença le seigneur de Humevesne ainsi que s'ensuyt. Monsieur & messieurs, si l'iniquitĂ© des hommes estoit aussi facilement veue en iugement, comme on congnoit mousches en laict, le monde ne seroit pas tant mangĂ© de ratz, comme il est, & y auroit des aureilles maintes sur terre, qui en ont estĂ© rongĂ©es trop laschement. Car combien que tout ce que a dit partie adverse soit bien vray quant Ă la lettre et l'histoire du factum, toutesfoys messieurs la finesse, la tricherie, les petitz hanicrochemens, sont cachez soubz le pot aux roses. Doibs ie endurer que Ă l'heure que ie mange ma souppe sans mal penser ny mal dire l'on me vieigne ratisser & tabuster le cerveau & me sonner l'antiquaille, disant, qui boit en mangeant sa souppe, quand il est mort il ne voit goutte. Et saincte dame combien avons nous veu de gros capitaines en plain camp de batailles, alors qu'on donnoit les horions benist de la confrarie, pour plus honestement se asseoir Ă table, iouer du luc, sonner du cul, et faire les petits faulx en plate forme sur beaulx escarpins deschiquettez Ă barbe d'escrevisse? mais maintenant le monde est tout detravĂ© de louschetz des balles de lucestre l'ung se desbauche, l'aultre se cache le muzeau pour les froidures hyvernales, & si la court n'y donne ordre, il fera aussi mal glener ceste annĂ©e, qu'il feist ou bien fera de troys sepmaines. Si une pauvre personne s'en va aux estuves pour se faire enluminer le muzeau de bouzes de vaches ou achepter bottes de hyver, & les sergeans passans, ou bien ceux du guet recevant la decoction d'un clystere, ou la matiere fecale d'une celle persĂ©e sur les tintamarres, en doibt l'on pourtant rongner les testons & fricasser les escuz elles de boys, aulcune foys nous pensons l'ung, mais dieu faict l'aultre & quand le soleil est couchĂ©, toutes bestes sont Ă l'umbre, ie ne veulx pas estre creu, si ie ne le prouve hugrement par gens dignes de memoire. L'an trente et six iavoys achaptĂ© ung courtault d'Allemaigne hault et court d'assez bonne laine & tainct en grene, comme me asseuroient les orfeuvres, toutesfoys le notaire y mist du cetera. Ie ne suis pas clerc pour prendre la lune Ă tous les dentz, mais au point de beurre oĂÂč l'on selloit les instruments Vulcanicques le bruyt estoit, que le boeuf salĂ© faisoit trouver le vin en plain minuyct sans chandelle & feust il cachĂ© au fond d'ung sac de charbonnier, houssĂ© & bardĂ© avecques le chanfrein & hoguines requises Ă bien fricasser rustrye, c'est teste de mouton, & c'est bien ce qu'on dit en proverbe, qu'il fait bon veoir vaches noires en boys bruslĂ©, quand on iouyt de ses amours. Ien fis consulter la matiere Ă messieurs les clercs, et pour resolution concluoient en frisesemorum qu'il n'est tel que de faucher en estĂ© en cave bien garnie de papier & d'encre & de plumes & de ganyvet de Lyon sur le Rosne tarabin tarabas car incontinent que ung harnoys sent les aulx, la rouille luy mangeve le foye, & puis l'on ne faict que rebecquer torty colli fleuretant le dormir d'apres disner, & voilĂ qui faict le sel tant cher. Messieurs ne croyez pas que au temps que ladicte bonne femme englua la pochecuilliere pour le record du sergeant mieulx apanaiger & que la fressure boudinalle tergiversa par les bourses des usuriers, il y eust rien meilleur Ă soy garder des Caniballes, que prendre une liasse d'oignons liĂ©e de troys cens avez mariatz, & quelque peu d'une fraize de veau, du meilleur alloy que ayent les alkymistes et bien luter & calciner les pantoufles mouflin mouflart avecques belle saulce de raballe et soy mucer en quelque petit trou de taulpe, saulvant tousiours les lardons. Et si le dez ne vous veult aultrement dire, que tousiours ambezars, ternes, six et troys, guare daz, mettez la dame au coing du lict avecques la toureloula lala, & vivez en souffrance & me peschez force grenoilles Ă tout beaulx houzeaulx ce sera pour les petitz oysons de mue qui s'esbatent au ieu de foucquet, attendant battre le metal, et chauffer la cyre aux bavars de godale. Bien vray est il que les quatre boeufz esquelz il est question, avoient quelque peu la memoire courte, toutesfoys pour sçavoir la game ilz n'en craignoient courmaran ny quanard de Savoye, & les bonnes gens de ma terre en avoyent bonne esperance, disans, ces enfans deviendront grans en Algoritme, ce nous sera une rubricque de droict, nous ne povons faillir Ă prendre le loup, en faisant nos hayes dessus le moulin Ă vent duquel a estĂ© parlĂ© par partie adverse. Mais le diable y eut envie, & mit les Allemans par le derriere, qui firent diables de humer, tringue tringue, das ist cotz, frelorum bigot paupera guerra fuit. Et m'esbahys bien fort, comment les astrologues s'en empeschent tant en leurs astrolabes, & almucantarath. Car il n'y a nulle apparence de dire que Ă Paris sur petit pont fut geline de feurre, & feussent ilz aussi huppez que duppes de marays, sinon vrayement qu'on scarifiast les pompettes au morets fraichement esmoulu de lettres versalles ou cursives ce m'est tout ung, pourveu que la tranchefille n'y engendre point de vers. Et pose le cas que au comblement des chiens courans, les marmouzelles eussent comme prinse, devant que le notaire eut baillĂ© la relation par art Cabalisticque, il ne s'ensuyt pas saulve meilleur iugement de la court, que six arpens de prĂ© Ă la grand laize feissent troys bottes de fine ancre sans souffler au bassin, considerĂ© que aux funerailles du roy Charles l'on avoit en plain marchĂ© la toyson pour six blancs, ientends par mon serment de laine. Et ie voys ordinairement en toutes bonnes maisons que quand l'on va Ă la pippĂ©e, faisant troys tours de balail par la cheminĂ©e, et insinuant sa nomination l'on ne faict que bander aux rains & souffler au cul, si davanture il est trop chault, & qu'il luy baille, incontinent les lettres veues, les vaches luy furent rendues. Et en fut donnĂ© pareil arrest Ă la martingalle l'an dix et sept pour le maulgouvert de louze foigerouse Ă quoy il plaira Ă la court d'avoir esguard. Ie ne dis pas vrayement qu'on ne puisse par equitĂ© deposseder en iuste titre ceulx qui de l'eau beniste beuvroient comme on faict d'un rancon de tisserant dont on faict les suppositoires Ă ceulx qui ne veulent resigner, sinon Ă beau ieu bel argent. [Tunc messieurs quid iuris pro minoribus.] Car l'usance commune de la loy Salicque est telle, que le premier boutefeu qui escornifle la vache qui mousche en plain chant de Musicque, sans solfier les poinctz des salvatiers, doibt en temps de peste charger son pauvre membre de mousse cueillie alors qu'on se morfond Ă la messe de minuyct, pour bailler l'estrapade Ă ces vins blancs d'Aniou qui font la iambette collet Ă collet Ă la mode de Bretaigne. Concluant comme dessus avecques despens, dommaiges, et interetz. Apres que le seigneur de Humevesne eut achevĂ©, Pantagruel dist au seigneur de Baisecul. Mon amy voulez vous plus riens replicquer? Ă quoy respondit Baisecul. Non monsieur car ie n'en ay dit que la veritĂ©, & pour dieu donnez fin Ă nostre diffĂ©rent, car nous ne sommes pas icy sans grand frais. Alors Pantagruel se leve, & assemble tous les Presidens, Conseillers, & Docteurs lĂ assistans, & leur dist. Or ça messieurs, vous avez ouy vive vocis oraculo le different dont il est question, que vous en semble? A quoy respondirent. Nous l'avons veritablement ouy, mais nous n'y avons entendu au diable la cause. Par ce nous vous prions una voce & supplions par grace, que veuillez donner la sentence telle que verrez, & ex nunc pro ut ex tunc nous avons aggreable, & ratifions de noz plains consentemens. Et bien messieurs, dist Pantagruel, puisqu'il vous plaist ie le feray, mais ie ne trouve pas le cas tant difficile que vous le faictes. Vostre paraphe Caton, la loy Frater, la loy Gallus, la loy Quinque pedum, la loy Vinum, la loy Si dominus, la loy Mater, la loy Mulier bona, la loy Si quis, la loy Pomponius, la loy fundi, la loy Exemptor, la loy Pretor, la loy Venditor, et tant d'aultres, sont bien plus difficiles en mon opinion. Et apres ce dict, il se pourmena ung tour ou deux de sale, pensant bien profondement, comme l'on povoit estimer, car il ieignoit d'angustie & petoit d'ahan, comme ung asne que l'on sangle trop fort, pendant qu'il failloit Ă ung chascun faire droict, sans varier ny accepter personne, puis se retourna asseoir & commença prononcer la sentence comme s'ensuyt. Veu, entendu, et bien calculĂ© le different d'entre les seigneurs de Baisecul et Humevesne, la court leur dit que consyderĂ© que le soleil decline bravement de son solstice estival pour mugueter les bille vesĂ©es qui ont eu mat du pyon par les males vexations des lucifuges nycticoraces, qui sont inquilines du climat diaromes d'ung crucifix Ă cheval bandant une arbeleste aux reins, le demandeur eut iuste cause de calfreter le gallion que la bonne femme boursouffloit ung pied chaussĂ© & l'aultre nud, le remboursant bas & roidde en sa conscience d'autant de baguenaudes, comme il y a de poil en dix huyt vaches & autant pour le brodeur. Semblablement est declairĂ© innoncent du cas de crime qu'on pensoit qu'il y eut encouru de ce qu'il ne povoit baudement fiancer par la decision d'une paire de gands parfumez Ă la chandelle de noix, comme on use en son pays de Myrebalois, laschant la bouline avecques les boulletz de bronze, dont les housse pailliers pastissoient conestablement les legumaiges interbastez du loyrre Ă tout les sonnettes d'esparvier faictes Ă poinct de Hongrie, que son beaufrere portoit memoriallement en ung penier limitrophe, brodĂ© de gueulles Ă troys chevrons hallebrenez de canabasserie, au caignard angulaire dont on tire au papegay vermiforme avecques la vitempenarde. Mais en ce qu'il met sus au defendeur qu'il fut rataconneur tyrofageux et goildronneur de mommye, que n'a estĂ© trouvĂ© estre vray comme bien l'a debastu ledict defendeur, la court le condemne en troys verrassĂ©es de caillebottes assimentez prerorelitantes & gaudepisĂ©es comme est la coustume du pays, envers ledict defendeur payables Ă la My oust en May, mais ledict defendeur sera tenu de fournir de foin et d'estoupes Ă l'embouschement des chaussetrapes gutturales emburelucocquĂ©es de guilvardons bien grabelez Ă rouelle, & amys comme devant, & sans despens & pour cause. Laquelle sentence prononcĂ©e les deux parties s'en allerent toutes deux contentes de l'arrest, qui fut quasi chose incroyable, & au regard des Conseillers et aultres Docteurs qui lĂ assistoient, ilz demourerent en ecstase bien troys heures & tous ravys en admiration de la prudence de Pantagruel plus que humaine, qu'ilz avoient congneu clerement en la decision de ce iugement tant difficile & espineux. Et y feussent encores, sinon qu'on apporta force vinaigre & eaue rose pour leur faire revenir le sens & entendement acoustumĂ©, dont dieu soit louĂ© partout. Comment Panurge racompte la maniere qu'il eschappa de la main des Turcqs. Chap. x. Le iugement de Pantagruel fut incontinent sceu et entendu de tout le monde, & imprimĂ© Ă force, & redigĂ© es Archives du Palays, en sorte que tout le monde commença Ă dire, Salomon qui rendit par soubson l'enfant Ă sa mere, iamais ne monstra tel chef d'oeuvre de prudence comme a faict ce bon Pantagruel, nous sommes heureux de l'avoir en ce pays. Et de faict l'on le voulut faire maistre des resquestes, & president en la court mais il refusa tout, les remerciant gracieusement, car il y a dist il trop grand servitude Ă ces offices, & Ă trop grand peine peuvent estre saulvez ceulx qui les exercent, veu la corruption des hommes. Mais si avez quelque bon poinsson de vin, voulentiers ien recepvray le present. Ce qu'ilz firent voulentiers, & luy envoyerent du meilleur de la ville, & beut assez bien. Mais le pouvre Panurge en beut vaillament, car il estoit exime comme ung harang soret. Aussi alloit il du pied comme ung chat maigre. Et quelqu'ung l'admonesta en disnant, disant. Compere tout beau, vous faictes rage de humer. Par saint Thibault dist il tu dys vray, & si ie montasse aussi bien comme ie avalle, ie feusse desiĂ au dessus de la sphere de la lune, avecques Empedocles. Mais ie ne sçay que diable cecy veult dire, ce vin est fort bon & bien delicieux, mais tant plus bien ien boy, tant plus iay soif. Ie croy que l'umbre de monseigneur Pantagruel engendre les alterez, comme la lune faict les catarrhes. A quoy se prindrent Ă rire les assistans. Ce que voyant Pantagruel, dist. Panurge qu'est ce que avez Ă rire. Seigneur dist il ie leur contoys, comment ces diables de Turcqs sont bien malheureux de ne boire point de vin. Si aultre mal n'y avoit en l'Alchoran de Mahumet, encores ne me mettroys ie pas de la foy. Mais or me dictes comment, dist Pantagruel, vous eschappates de leurs mains? Par dieu seigneur, dist Panurge, ie ne vous en mentiray de mot. Les paillards Turcqs mes avoient mys en broche tout lardĂ©, comme ung connil, [car iestoys tant exime que aultrement de ma chait eust estĂ© fort maulvaise viande,] pour me faire roustir tout vif. Et ainsi comme ilz me roustissoient, ie me recommandoys Ă la grace divine, ayant en memoire le bon sainct Laurent, et tousiours esperoys en Dieu, qu'il me delivreroit de ce torment, ce qui fut faict bien estrangement. Car ainsi que me recommandoys bien de bon cueur Ă dieu, cryant. Seigneur Dieu ayde moy. Seigneur Dieu saulve moy. Saigneur Dieu oste moy de ce torment, auquel ces traitres chiens me detiennent, pour la maintenance de ta foy. Le roustisseur s'endormyt cautement, ou bien de quelque bon Mercure qui endormit cautement Argus qui avoit cent yeulx. Or quand ie vy qu'il ne me tournoit plus en routissant, ie le regarde, & voy qu'il s'endort, ainsi ie prens avecques les dens ung tyson par le bout, oĂÂč il n'estoit point bruslĂ©, & vous le gette au gyron de mon routisseur, & ung aultre le gette le mieulx que ie peuz soubz un lict de camp, qui estoit aupres de la cheminĂ©e, oĂÂč y il avoit force paille. Incontinent le feu se print Ă la paille, et de la paille au lict, et du lict au solies qui estoit embrunchĂ© de sapin faict Ă quehues de lampes. Mais bon fut, que le feu que ie avoys gettĂ© au gyron de mon paillard routisseur luy brusla tout le penil & se prenoit aux couillons, sinon qu'il n'estoit point tant punays qu'il ne le sentit plus tost que le iour, & debouq estourdy se levant crya Ă la fenĂ tre tant qu'il peult dal baroth, dal baroth, qui vault autant Ă dire comme, au feu, au feu et vint droict Ă moy pour me getter du tout au feu, et desiĂ avoyt couppĂ© les cordes dont on m'avoit lyĂ© les mains, & il couppoit les lyens des pieds, mais le maistre de la maison ouyant le cry du feu, & en sentant la fumĂ©e de la rue oĂÂč il se pourmenoit avecques quelques aultres Baschatz & Musaffiz, courut tant qu'il peult y donner secours & pour emporter ses bagues. Et de pleine arrivĂ©e il tyre la broche ou iestoys embrochĂ©, et tua tout roidde mon routisseur, dont il mourut lĂ par faulte de gouvernement ou aultrement car il luy passa la broche ung peu au dessus du nombril vers le flan droict, & luy percea la tierce lobe du foy, & le coup haussant luy penetra le diaphragme et par atravers la capsule du cueur luy sortit la broche par le hault des espaules entre les spondyles & l'omoplate senestre. Vray est que en tirant la broche de mon corps ie tumbe Ă terre pres des landiers, & me fys ung peu de mal Ă la cheute, toutesfoys non pas grand car les lardons soustindrent le coup. Puis voyant mon Baschaz, que le cas estoit desesperĂ©, et que la maison estoit bruslĂ©e sans remission, et tout son bien perdu, se donna Ă tous les diables, appelant Grilgoth, Astaroth, & Rapallus par neuf foys. Quoy voyant ieuz de peur pour plus de cinq solz, craignant les diables viendront Ă ceste heure pour emporter ce fol icy, seroient ilz bien gens pour m'emporter aussi? Ie suis iĂ demy rousty, mes lardons seront cause de mon mal car ces diables icy sont fryans de lardons, comme vous avez l'auctoritĂ© du Philosophe Iamblicque & Murmault en l'apologie de bossutis & contrefactis per Magistros nostros, mais ie fys le signe de la croix, cryant agyos, athanatos, ho theos, et nul ne venoit. Ce que congnoissant mon villain Baschaz se vouloit tuer de ma broche, & s'en percer le cueur et de faict la mist contre sa poitrine, mais elle ne povoit oultre passer car elle n'estoys pas assez agĂâŠe, & poussoit tant qu'il povoit, mais ne proffitoit riens. Alors ie m'en vins Ă luy, disant. Missaire bougrino tu pers icy ton temps car tu ne te tueras iamais ainsi, mais bien te blesseras quelque hurte, dont tu languiras toute ta vie entre les mains des barbiers mais si tu veulx ie te tueray icy tout franc en sorte que tu n'en sentiras rien, & m'en croys car ien ay tuĂ© bien d'aultres qui s'en sont bien trouvez. Ha mon amy dist il ie t'en prie, & ce faisant ie te donne ma bougette, tien voylĂ , il y a six cens seraph dedans, et quelques dyamens et rubys en perfection. Et oĂÂč sont ilz? dist Epistemon. Par sainct Iehan, dist Panurge, ilz sont bien loin s'ilz sont tousiours. Acheve, dist Pantagruel, ie te pry que nous saichons comment tu acoustras ton Baschaz. Foy d'homme de bien, dist Panurge, ie n'en mens de mot. Ie le bende d'une meschante braye que ie trouve lĂ demy bruslĂ©e, & vous le lye rustrement pieds & mains de mes cordes, si bien qu'il n'eust sceu regimber puis luy passe ma broche Ă travers la gargamelle, et aussi le pendys acrochant la broche Ă deux gros crampons, qui soustenoient des alebardes. Et vous atise ung beau feu au dessoubz & vous flamboys mon milourt comme on faict des harans soretz Ă la cheminĂ©e, puis prenant sa bougette & ung petit iavelot qui estoit sur les crampons m'en fuys le beau galot. Et dieu sçait comme ie sentoys mon espaule de mouton. Quand ie fuz descendu en la rue, ie trouvay tout le monde qui estoit acouru au feu Ă force d'eau pour l'estaindre. Et me voyans ainsi Ă demy rousti eurent pitiĂ© de moy naturellement, & me getterent toute leur eau sur moy, et me refraischirent ioyeusement, ce que me feist fort grand bien, puis me donnerent quelque peu Ă repaistre, mais ie ne mangeoys gueres car ilz ne me bailloient que de l'eau Ă boire Ă leur mode. Et aultre mal ne me firent. Sinon ung villain petit Turcq bossu par devant, qui furtivement me crocquoit mes lardons, mais ie luy baillys si vert dronos sur les doigs Ă tout mon iavelot qu'il n'y retourna pas deux fois. Et une ieune Tudesque, qui m'avoit aportĂ© ung pot de mirobalans emblicz confictz Ă leur mode, laquelle regardoit mon pouvre haire esmouchetĂ©, comment il s'estoit retirĂ© au feu car il ne me alloit plus que iusques sur les genoulx. Or ce pendant qu'ilz se amusoient Ă moy, le feu triumphoit ne demandez pas comment Ă prendre en plus de deux mille maisons, tant que quelqu'ung d'entre eulx l'avisa & s'escrya, disant. Ventre Mahom toute la ville brusle, & nous amusons icy. Ainsy chascun s'en va Ă sa chascuniere. De moy ie prens mon chemin vers la porte. Et quand ie fuz sur un petit tucquet qui est aupres, ie me retourne arriere, comme la femme de Loth, & vys toute la ville bruslant comme Sodome & Gomorre dont ie fuz tant ayse que ie me cuyde conchier de ioye, mais dieu m'en punit bien. Comment? dit Pantagruel. Ainsi que ie regardoys en grand liesse ce beau feu et me gabelant, et disant. Ha pauvres pusses, ha pauvres souritz, vous aurez mauvais hyver, le feu est en vostre paillier, sortirent plus de six cens chiens gros et menutz tous ensemble de la ville, fuyans le feu. Et de premiere venue accoururent droict Ă moy, sentant l'odeur de ma paillarde chair Ă demy roustie, et me eussent devorĂ© Ă l'heure, si mon bon ange ne m'eust point inspirĂ©. Et que fys tu pouvret? dist Pantagruel. Soubdain ie me advise de mes lardons, & les leur gettoys au meillieu d'entre eulx, & chiens d'aller, & se entrebattre l'ung l'aultre Ă belles dentz, Ă qui auroit le lardon. Par ce moyen me laisserent, & ie les laisse aussi se pelaudant l'ung l'aultre, & ainsi eschappe gaillard & dehayt. Comment Panurge enseigne une maniere bien nouvelle de bastir les murailles de Paris. Chap. xi. Pantagruel quelque iour pour se recreer de son estude se pourmenoit vers les faulxbourgs sainct Marceau voulant veoir la follie Gobelin, et Panurge estoit avecques luy, ayant tousiours le flaccon soubz la robbe, et quelque morceau de iambon car sans cela iamais ne alloit il, disant que c'estoit son garde corps & aultre espĂ©e ne portoit il. Et quand Pantagruel luy en voulut baillier une, il respondit, qu'elle luy eschaufferoit la ratelle. Voire mais, dist Epistemon, si l'on se assailloit comment te defendroys tu? A grands coups de brodequin, respondit il, pourveu que les estocz feussent descenduz. A leur retour Panurge consideroit les murailles de la ville de Paris, & en irrision dist Ă Pantagruel. Voy ne cy pas de belles murailles, pour garder les oysons en mue? Par ma barbe, elles sont competentement meschantes pour une telle ville comme est ceste cy, car une vasche avecques ung pet en abattroit plus de six brasses. O mon amy, dist Pantagruel, scez tu pas bien ce que dist Agesilaus, quand on luy demanda Pourquoy la grande citĂ© de Lacedemone n'estoit pas ceincte de murailles? Car monstrant les habitans et citoyens de la ville tant bien expers en discipline militaire, tant forz & bien armez. Voicy, dist il, les murailles de la citĂ©. Signifiant qu'il n'est murailles que de os, et que les villes ne sçauroient avoir muraille plus seure & plus forte que de la vertuz des habitans. Ainsi ceste ville est si forte par la multitude du peuple bellicqueux qui est dedans, qu'ilz ne se soucient point de faire aultres murailles. Et davantaige, qui la vouldroit emmurailler comme Strasbourg ou Orleans, [ou Carpentras,] il ne seroit possible, tant les frays seroient excessifz. Voire mais, dist Panurge, si faict il bon avoir quelque visaige de pierre quand on est envahy de ses ennemys, et ne feust ce que pour demander, qui est lĂ bas? Et au regard des frays enormes que dictes estre necessaires si l'on la vouloit murer, si messieurs de la ville me veullent bien donner quelque bon pot de vin, ie leur enseigneray une maniere bien nouvelle, comment ilz pourront bastir Ă bon marchĂ©. Et comment? dist Pantagruel. Ne le dictes donc pas, respondit Panurge, si ie vous l'enseigne. Ie voy que les callibistrys des femmes de ce pays, sont Ă meilleur marchĂ© que les pierres. D'iceulx fauldroit bastir les murailles en les arrangeant en bonne symmetrie d'architecture, & mettant les plus grans au premiers rancz, et puis en taluant Ă doz d'asne arrangeant les moyens & finablement les petitz. Et puis faire ung beau petit entrelardement Ă poinctes de diamens comme la grosse tour de Bourges, de tant de vitz qu'on couppa en ceste ville es pouvres Italiens Ă l'entrĂ©e de la Reyne. Quel diable desferoit une telle muraille? Il n'y a metal qui tant resistat aux coups. Et puis que les couillevrines se y vinssent froter. Vous en verriez par dieu incontinent distiller de ce benoist fruict de grosse verolle menu comme pluye. Sec au nom des diables. Davantaige la fouldre ne tomberoit iamais dessus. Car pourquoy? ilz sont tous benitz ou sacrez. Ie n'y voys qu'ung inconvenient. Ho ho ha ha ha, dist Pantagruel. Et lequel? C'est que les mousches en sont tant friandes que merveilles, & se y cueilleroient facillement & y feroient leur ordure, & voilĂ l'ouvrage gastĂ© & diffamĂ©. Mais voicy comme l'on y remedroit. Il fauldroit tresbien les esmoucheter avecques belles quehues de renards, ou bons gros vietz d'azes de Provence. Et Ă ce propos ie vous veulx dire, nous en allant pour soupper ung bel exemple. Au temps que les bestes parloient il n'y a pas troys iours ung pouvre lyon par la forest de Biere se pourmenant & disant ses menus suffrages passa par dessoubz ung arbre auquel estoit montĂ© ung villain charbonnier pour abattre du boys. Lequel voyant le lyon, luy getta la coignĂ©e, & le blessa enormement en une cuysse. Dont le lyon cloppant tant courut & tracassa par la forest pour trouver ayde, qu'il rencontra ung charpentier, lequel voulentiers regarda la playe, et la nettoyat le mieulx qu'il peust, & l'emplyt de mousse, luy disant, qu'il esmouchast bien la playe, que les mousches ne y cuyllassent point, attendant qu'il yroit chercher de l'herbe au charpentier. Ainsi le lyon guery, se pourmenoit par la forest, Ă quelle heure une vieille sempiternelle ebuschetoit et amassoit du boys par ladicte forest, laquelle voyant le lyon venir, tumbat de peur Ă la renverse de telle façon, que le vent luy renversa la robbe, cotte, & chemise iusques au dessus des espaules. Ce que voyant le lyon, accourut de pitiĂ©, veoir si elle s'estoit point faict mal, & consyderant son comment Ă nom? dist. O pouvre femme, qui t'a ainsi blessĂ©e et ce disant, apperceut ung regnard, lequel il appella, disant. Compere regnard, hau ça ça, & pour cause. Quand le regnard fut venu, il luy dist. Compere mon amy, l'on a blessĂ© ceste bonne femme icy entre les iambes bien villainement & y a solution de continuitĂ© manifeste, regarde que la playe est grande, depuis le cul iusques au nombril mesure quatre, mais bien cinq empans et demy c'est ung coup de coignĂ©e, ie me doubte que la playe soit vieille, pourtant affin que les mousches n'y prennent, esmouche la bien fort, ie t'en pry, & dedans & dehors, tu as bonne quehue & longue, esmouche mon amy, esmouche ie t'en supply, & ce pendant ie voys querir de la mousse, pour y mettre. Car ainsi nous fault il secourir & ayder l'ung l'autre, dieu le commande. Esmouche fort, ainsi mon amy esmouche bien car ceste playe veult estre esmouchĂ©e souvent, autrement la personne ne peult estre Ă son ayse. Or esmouche bien mon petit compere, esmouche, dieu t'a bien pourveu de quehue, tu l'as grande et grosse Ă l'advenant, esmouche fort & ne t'ennuye point, ie n'arresteray gueres. Puis s'en va chercher force mousse, & quand il fut quelque peu loin il s'escrya parlant au regnard. Esmouche bien tousiours compere, esmousche, & ne te fasche iamais de bien esmoucher, par dieu mon petit compere ie te feray estre Ă gaiges, esmoucheteur de la reyne Marie ou bien de dom Pietro de Castille. Esmouche seulement, esmouche et riens plus. Le pouvre regnard esmouchoit fort bien & deça & delĂ & dedans & dehors, mais la saulve vieille vesnoit & vessoit puant comme cent diables, & le pouvre regnard estoit bien mal Ă son ayse car il ne sçavoit de quel coustĂ© se virer, pour evader le parfum des vesses de la vieille & ainsi qu'il se tournoit il veit qu'il y avoit au derriere encores ung aultre pertuys, non pas si grand que celluy qu'il esmouchoit, dont luy venoit ce vent tant puant & infect. Le lyon finablement retourne portant plus de troys balles de mousse commença en mettre dedans la playe, Ă tout ung ung baston qu'il aporta, et y en avoit iĂ bien mys deux balles & demye, & s'esbahyssoit que diable ceste playe est parfonde, il y entreroit de mousse plus de deux charretĂ©es, et bien puisque dieu le veult, et tousiours fourroit dedans. Mais le regnard l'advisa. O compere lyon mon amy, ie te pry ne metz pas icy toute la mousse, gardes en quelque peu, car il y a encores icy dessoubz ung aultre petit pertuys, qui put comme cinq cens diables. Ien suis empoisonnĂ© de l'odeur tant il est punays. Ainsi fauldroit il garder ces murailles des mousches, & mettre des esmoucheteurs Ă gaiges. Lors dit Pantagruel. Et comment scez tu, que les membres honteux des femmes sont Ă si bon marchĂ© car en ceste ville il y a force preudefemmes chastes & pucelles. Et ubi prenus? dist Panurge. Ie vous en diray non pas mon opinion, mais vraye certitude & asseurance. Ie ne me vante pas d'en avoir embourrĂ© quatre cens dix et sept depuys que suis en ceste ville, et s'il n'y a que neuf iours, voire de mangeresses d'ymaiges & de theologiennes. Mais Ă ce matin iay trouvĂ© ung bon homme, qui en ung bissac tel comme celluy de Esopet, portoit deux petites fillotes de l'aage de deux ou troys ans au plus, l'une devant, l'aultre derriere. Il me demanda l'aulmosne, mais ie luy feis responce que iavoys beaucoup plus de couillons que de deniers. Et apres luy demande. Bonhomme ces deux filles sont elles pucelles? Frere dist il. IĂ deux ans a que ainsi les porte & au regard de ceste cy devant, laquelle ie voy continuellement en mon advis qu'elle est pucelle, toutesfois ie n'en vouldroys pas metre mon doigt au feu quant est de celle que ie porte derriere, ie n'en sçays sans faulte riens. Vrayment dist Pantagruel, tu es gentil compaignon, ie te veulx habiller de ma livrĂ©e. Et le feist vestir galantement selon la mode du temps qui couroit exceptĂ© que Panurge voulut que la braguette de ses chausses feust longue de troys pieds, & quarrĂ©e non pas ronde, ce que feut faict, & la faisoit bon veoir. Et disoit souvent, que le monde n'avoit point encores congneu l'esmolument et utilitĂ© qui est de porter grande braguette, mais le temps leur enseigneroit quelque iour, comme toutes choses ont estĂ© inventĂ©es en temps. Dieu gard de mal, disoit il, le compaignon Ă qui la longue braguette a saulvĂ© la vie, Dieu gard de mal Ă qui la longue braguette a valu pour ung iour cent escuz, Dieu gard de mal, qui par sa longue braguette a saulvĂ© toute une ville de mourir de faim. Et par dieu ien feray ung livre de la commoditĂ© des longues braguettes, quand iauray ung peu plus de loysir. Et de faict en composa ung beau & grand livre avecques les figures, mais il n'est encores imprimĂ©, que ie saiche. Des meurs & conditions de Panurge. Cha. xii. Panurge estoit de stature moyenne nu trop grand ny trop petit, et avoit le nez ung peu aquillin faict Ă manche de rasouer. Et pour lors estoit de l'aage de trente & cinq ans ou environ, fin Ă dorer comme une dague de plomb, bien galand homme de sa personne, sinon qu'il estoit quelque peu paillard, & subiect de nature Ă une maladie qu'on appeloit en ce temps lĂ , faulte d'argent, c'est douleur non pareille toutesfois il avoit soixante & troys manieres d'en trouver tousiours Ă son besoing, dont la plus honnorable & la plus commune estoit par façon de larrecin furtivement faict, malfaisant, bateur de pavez, ribleur s'il y en avoit en Paris & tousiours machinoit quelque chose contre les sergeans & contre le guet. A l'une foys il assembloit troys ou quatre de bons rustres & les faisoit boire comme Templiers sur le soir, & apres les menoit au dessoubz de saincte Geneviefve, ou aupres du colliege de Navarre, & Ă l'heure que le guet montoit par lĂ , ce que il congnoissait en mettant son espĂ©e sur le pavĂ© & l'oreille aupres, & lors qu'il ouyoit son espĂ©e bransler, c'estoit signe infaillible que le guet estoit pres Ă l'heure doncques luy & ses compaignons prenoient ung tombereau, et luy bailloient le bransle le ruant de grand force contre la vallĂ©e, & ainsi mettoit tout le pouvre guet par terre comme porcs, & puys s'en fuyoient de l'aultre coustĂ© car en moins de deux iours, il sceut toutes les rues, ruelles & traverses de Paris comme son Deus det. A l'aultre fois il faisoit en quelque belle place par ou ledict guet debvoit passer une trainĂ©e de pouldre de canon, & Ă l'heure que le guet passoit, il mettoit le feu dedans, et puis prenoit son passetemps Ă veoir la bonne grace qu'ilz avoient en s'en fuyant, pensans le feu sainct Antoine les tint aux iambes. Et au regard des pouvres maistres es ars & theologiens, il les persecutoit sur tous aultres, quand il rencontroit quelqu'ung d'entre eulx par la rue, iamais ne failloit de leur faire quelque mal, maintenant leurs mettant ung estronc dedans leur chaperons Ă bourlet, maintenant leur atachant petites quehues de regnard, ou des oreilles de lievres par derriere, ou quelque aultre mal. Et ung iour que l'on avoit assignĂ© Ă tous les theologiens de se trouver en Sorbone pour examiner les articles de la foy, il fist une tartre bourbonnoyse composĂ©e de force de hailz, de galbanum, de assa fetida, de castoreum, d'estroncs tous chaux, et la destrampit de sanie de bosses chancreuses, & de fort bon matin engressa & oignit theologalement tout le treilliz de Sorbonne, en sorte que le diable n'y eust pas durĂ©. Et tous ces bonnes gens rendoient lĂ leurs gorges devant tout le monde, comme s'ilz eussent escorchĂ© le regnard, et en mourut dix ou douze de peste, mais il ne s'en soucioit pas. Et en son saye y avoit plus de vingt & six petites bougettes & fasques tousiours pleines, l'une d'ung petit deaul de plomb, & d'ung petit cousteau affilĂ© comme une aiguille de peletier, dont il couppoit les bourses, l'aultre de aigrest, qu'il gettoit aux yeulx de ceulx qu'il trouvoit, l'aultre de glaterons empennĂ©s de petites plumes de oysons ou de chappons, qu'il gettoit sur les robbes & bonnetz des bonnes gens, & aulcunesfois leur en faisoit de belles cornes qu'ilz portoient par toute la ville, aulscunesfois toute leur vie. Aux femmes aussi par dessus leurs chapperons au derriere aulcunesfois en mettoit faictz en forme d'ung membre d'homme. En l'aultre ung tas de cornetz tous plains de pusses & de poux, qu'il empruntoit des guenaulx de sainct Innocent & les gettoit Ă tout belles petites cannes ou plumes dont on escript, sur les colletz des plus sucrĂ©es damoiselles qu'il trouvoit, & mesmement en l'esglise car iamais ne se mettoit au cueur au hault, mais tousiours demouroit en la nef entre les femmes, tant Ă la messe, Ă vespres, comme au sermon. En l'aultre, force provision de haims & claveaux, dont il acouploit souvent les hommes et les femmes en compaigniez oĂÂč ilz estoient serrez & mesmement celles qui portoient robbe de taffetas armoisy, & Ă l'heure qu'elles se vouloient departir elles rompoient toutes leurs robbes. En l'aultre ung fouzil garny d'esmorche, d'allumettes, de pierre Ă feu, & tout aultre appareil Ă ce requis. En l'aultre deux ou troys mirouers ardens, dont il faisoit enrager aulcunesfois les hommes et les femmes, & leur faisoit perdre contenance Ă l'esglise, car il disoit qu'il n'y avoit qu'ung antistrophe entre femme folle Ă la messe, & femme molle Ă la fesse. En l'aultre avoir provision de fil, & d'aiguilles dont il faisoit mille petites diableries. Une fois Ă l'issue du Palays Ă la grant salle que ung cordelier disoit sa messe de messieurs il luy ayda Ă soy habiller et revestir, mais en l'acoustrant il luy cousit l'aulbe avecques sa robbe & chemise, et puis se retira quant messieurs de la court se vindrent asseoir pour ouyr messe. Mais quant ce fust Ă l'ite missa est, que le pouvre frater se voulut devestir son aulbe, il emporta ensemble & habit & chemise qui estoient bien cousuz ensemble, et se rebrassit iusques aux espaules monstrant son callibistris Ă tout le monde, qui n'estoit pas petit sans doubte. Et le frater tousiours tiroit, mais tant plus ce descouvroit il, iusques Ă qu'ung de messieurs de la court dist. Et quoy ce beaupere nous veult il icy faire l'offrande et bayser son cul? le feu sainct Antoine le bayse. Et des lors feut ordonnĂ© que les pouvres beatzperes ne se despouilleroyent plus devant le monde, mais en leur sacrifice, mesmement quand il y auroit des femmes, car ce leur seroit occasion de pecher du pechĂ© d'envie. Et le monde demandoit, Pourquoy est ce que ces fraters avoient la couille si longue? mais ledict Panurge soulut tresbien le probleme, disant ce que faict les oreilles des asnes si grandes, ce n'est sinon par ce que leurs meres ne leur mettoyent point de beguin en la teste comme dit de Alliaco en ses suppositions. A pareille raison, ce que faict la couille des pouvres beatz peres tant sainct Antoine large, c'est qu'ilz ne portent point de chausses foncĂ©es, & leur pouvre membre s'estend Ă sa libertĂ© Ă bride avallĂ©e, & leur va ainsi triballant sur les genoulx comme font les patenostres aux femmes? Mais la cause pourquoy ilz l'avoient gros Ă l'equipollent, c'estoit que en ce triballement les humeurs du corps descendent audit membre, car selon les Legistes agitation et motion continuelle est cause de attraction. Item avoit ung aultre poche toute pleine de alun de plume dont il gettoit dedans le doz des femmes, qu'il voyoit les plus acrestĂ©es, & les faisoit despouiller devant tout le monde, les aultres dancer comme iau sur breze ou bille sur tambour, les aultres courir les rues, & luy apres couroit, & Ă celles qui se despouilloyent, il mettoit sa cappe sur le doz, comme homme courtoys & gracieux. Item en ung aultre il avoit une petite guedoufle plaine de vieille huyle, et quand il trouvoit ou homme ou femme qui luy semblissent bien glorieux, et qui eussent quelque belle robbe, il leur engraissoit & guastoit tous les plus beaulx endroictz de leurs habillemens soubz le semblant de les toucher & dire. Voicy de bon drap, voicy bon satin, bon tafetas, ma dame dieu vous doint ce que vostre noble cueur desire, vous avez robbe neufve, nouvel amy, dieu vous y maintienne, & ce disant leur mettoit la main sur le collet, & ensemble la male tache y demouroit perpetuellement, que le diable n'eust pas ostĂ©e, puis Ă la fin leur disoit. Ma dame donnez vous guarde de tumber car il y a icy ung grand trou devant vous. En ung aultre avoit tout plain de Euphorbe pulverisĂ© bien subtilement, & lĂ dedans mettoit ung mouschenez beau & bien ouvrĂ© qu'il avoit desrobĂ© Ă la belle lingiere des Galleries de la saincte chappelle, en luy ostant ung poul dessus son sain, lequel toutesfoys il y avoit mis. Et quand il se trouvoit en compaignie de quelques bonnes dames, il leur mettoit sus propos de lingerie, & leur mettoit la main au sain, demandant, & cet ouvraige est il de Flandres ou de Haynault & puis tiroit son mouschenez disant, tenez tenez, voy en cy de l'ouvrage, elle est de Fonterabie, et le secouoit bien fort Ă leurs nez, & les faisoit esternuer quatre heures sans repos. Et ce pendant il petoit comme ung roussin, & les femmes se ryoient luy disant, comment vous petez Panurge? Non fois, disoit il, madame mais ie accorde au contrepoint de la musicque que sonnez du nez. En l'aultre ung daviet, ung pellican, ung crochet, & quelques aultres ferremens dont il n'y avoit porte ny coffre qu'il ne crochetast. En l'aultre tout plain de petitz goubeletz, dont il iouoit fort artificiellement car il avoit les doigs faictz Ă la main comme Minerve ou ArachnĂ©. Et avoit aultrefois cryĂ© le theriacle. Et quand il changeoit ung teston, ou quelque aultre piece, le changeur n'eust estĂ© plus fin que maistre mousche, si Panurge n'eust faict evanouyr Ă chascune fois cinq ou six grands blancs visiblement, appertement, manifestement, sans faire lesion ne blesseure aulcune, dont le changeur n'en eust senty que le vent. Ung iour ie le trouvay quelque peu escornĂ© et taciturne, & me doubte bien qu'il n'avoit denare, dont ie luy dys. Panurge vous estes malade Ă ce que ie voy Ă vostre physionomie, & ientens le mal, vous avez ung fluz de bourse mais ne vous souciez. Iay encores six sols & maille, qui ne virent oncques pere ny mere, qui ne vous fauldront non plus que la verolle, en vostre necessitĂ©. A quoy il me respondit. Et bren pour l'argent. ie n'en auray quelque iour que trop car iay une pierre philosophalle qui me attire l'argent des bourses, comme l'aymant attire le fer. Mais voulez vous venir gaigner les pardons? dist il. Et par ma foy ie luy respons, Ie ne suis pas grand pardonneur en ce monde icy, ie ne sçay si ie le seray en l'aultre & bien allons au nom de dieu, pour ung denier ny plus ny moins. Mais dist il prestez moy doncques ung denier Ă l'interest. Rien rien, dis ie, Ie vous le donne de bon cueur, grates vobis dominos, dist il. Ainsi allasmes commençant Ă sainct Gervays, & ie gaigne les pardons au premier tronc seulement car ie me contente de peu en ces matieres, & puis me mis Ă dire mes menuz suffrages, et oraisons de saincte Brigide mais il gaigna Ă tous les troncz, & tousiours bailloit argent Ă chascun des pardonnaires. De lĂ nous transportasmes Ă nostre Dame, Ă sainct Iehan, Ă sainct Antoine, & ainsi des aultres esglises ou avoit bancque de pardons, de ma part ie n'en gaignoys plus mais luy Ă tous les troncz, il baysoit les relicques, & Ă chascun donnoit. Brief quand nous fusmes de retour il me mena boire au cabaret du chasteau et me montra dix ou douze de ses bougettes plaines d'argent. A quoy ie me seigny faisant la croix, disant. Dont avez vous tant recouvert d'argent en si peu de temps? A quoy il me respondit, que il l'avoit prins des pardons car en leur baillant le premier denier dist il ie le mis si soupplement, que il sembla que feust ung grand blanc, par ainsi d'une main ie prins douze deniers, voire bien douze liards ou doubles pour le moins, et de l'aultre troys ou quatre douzains et ainsi par toutes les esglises oĂÂč nous avons estĂ©. Voire mais dis ie vous vous damnez comme une sarpe & estes larron & sacrilege. Ouy bien, dist il, comme il vous semble, mais il ne me le semble pas quand Ă moy. Car les pardonnaires me le donnent, quand ilz me disent en presentant les relicques Ă bayser, centuplum accipies, que pour ung denier ien prene cent car accipies est dit selon la maniere des Hebrieux qui vient du futur en lieu de l'imperatif, comme avez en la loy, dominum deum tuum adorabis et illi foli servies, diliges proximuum tuum, & sic de aliis. Ainsi quand le pardonnigere me dit, centuplum accipies, il veult dire, centupluim accipe, & ainsi l'expose rabi Quimy & rabi Aben Ezra, & tous les Massoretz. Et davantaige le pape Sixte me donna quinze cens livres de rente sur son dommaine & tresor ecclesiasticque, pour luy avoir guery une bosse chancreuse, qui tant le tourmentoit, qu'il en cuyda devenir boyteux toute sa vie. Ainsi ie me paye par mes mains car il n'est tel, sur ledict tresor ecclesiasticque. Ho mon amy disoit il, si tu sçavoys comment ie fis mes choux gras de la croysade, tu seroys tout esbahy. Elle me valut plus de six mille fleurins. Et oĂÂč diable sont ils allez? dis ie, car tu n'en as pas une maille. Dont ilz estoient venuz dist il ilz ne firent seulement que changer de maistre. Mais ien employai bien troys mille Ă marier non pas les ieunes filles car elles ne trouvent que trop marys, mais de grand vieilles sempiternelles qui n'avoient dentz en gueulle. Consyderant, ces bonnes femmes icy ont tresbien employĂ© leur temps en ieunesse & ont iouĂ© du serrecropiere Ă cul levĂ© Ă tous venans, iusques Ă ce qu'on n'en a plus voulu. Et par dieu ie les feray saccader encores une foys devant qu'elles meurent. Et par ainsi Ă l'une donnoit cent flourins, Ă l'aultre six vingtz, Ă l'aultre troys cens, selon qu'elles estoient bien infames, detestables, & abhominables car d'autant qu'elles estoient plus horribles & execrables, d'autant il leur failloit donner davantaige, aultrement le diable ne les eust pas voulu besoigner. Incontinent ie m'en alloys Ă quelque porteur de coustretz gros & gras, & faysois moy mesmes le mariage, mais premier que luy monstrer les vieilles, ie luy monstroys les escuz, disant. Compere, voicy qui est Ă toy, si tu veulx fretinfretailler ung bon coup. Des lors les pouvres hayres arressoient comme vieulx mulletz, & ainsi leur faisoys bien aprester & bancqueter, & boire du meilleur & force espiceryes pour mettre les vieilles en appetit & en chaleur. Fin de compte ilz besoignoient comme toutes bonnes ames, sinon que Ă celles qui estoient horriblement villaines & defaictes, ie leur faisoys mettre ung sac sur le visaige. Davantaige ien ay perdu beaucoup en proces. Et quelz proces as tu peu avoir? disoys ie, tu ne as ny terre ny maison. Mon amy dist il les damoiselles de ceste ville avoient trouvĂ© par instigation de diable d'enfer, une maniere de colletz ou cachecoulx Ă la haulte façon, qui leur cachoient si bien les seins, que l'on n'y povoit plus mettre la main par dessoubz car la fente d'iceulx elles avoient mise par derriere, & estoient tous clos par devant, dont les pouvres amans dolens contemplatifs n'estoient pas bien contens, ung beau iour de Mardy ien presentay resqueste Ă la court, me formant partye contre lesdictes damoyselles et remonstrant les grans interestz que ie pretendoys protestant que Ă mesme raison ie feroys coudre la braguette de mes chausses au derriere, si la court n'y donnoit ordre, somme toute les damoiselles formerent syndicat et passerent procuration Ă defendre leur cause, mais ie les poursuivy si vertement que par arrest de la court y fut dist, que ces haulx cachecoulx ne seroient plus portez, sinon qu'ilz feussent quelque peu fenduz par devant. Mais il me cousta beaucoup. Ieuz ung aultre proces bien ord & bien sale contre maistre Fify & ses suppotz, Ă ce qu'ilz n'eussent point Ă lire clandestinement les livres de Sentences de nuyct, mais de beau plain iour et ce es escholles de Sorbonne, en face de tous les theologiens, ou ie fuz condemnĂ© es despens pour quelque formalitĂ© de la relation du sergeant. Une aultre foys ie formay complaincte Ă la court contre les mulles des Presidens, Conseilliers, & aultres tendant Ă fin que quand en la basse court du Palays l'on les mettroit Ă ronger leur frain, que les Conseilleres leur feissent de belles baverettes affin que de leur bave elles ne gastassent point le pavĂ© en sorte que les paiges du palays peussent iouer dessus Ă beaulx detz, ou au reniguedieu Ă leur ayse, sans y rompre leurs chausses aux genoux. Et de ce en euz bel arrest mais il me couste bon. Or sommez Ă ceste heure combien me coustent les petitz bancquetz que ie fays aux paiges du palays de iour en iour. Et Ă quelle fin? dis ie. Mon amy dist il tu ne as nul passetemps en ce monde. Ien ay moy plus que le roy. Et si tu vouloys te rallier avecques moy, nous serions diables. Non non dis ie par sainct Adauras car tu seras une foys pendu. Et toy dist il tu seras une foys enterrĂ©, lequel est plus honorable ou l'air ou la terre? He grosse pecore, Iesuchrist ne fut il pas pendu en l'air. Mais Ă propos ce pendant que ces paiges bancquettent ie garde leurs mulles, & tousiours ie couppe Ă quelqu'une l'estriviere du coustĂ© montouer qu'elle ne tient que Ă ung fillet. Et quand le gros enflĂ© de Conseillier ou aultre a prins son bransle pour monter sus, ilz tombent tous platz comme porcs devant tout le monde & aprestent Ă rire pour plus de cent frans. Mais ie me rys encores davantaige, c'est que eulx arrivez au logis ilz font foueter monsieur du page comme seigle vert, par ainsi ie ne plains point ce que m'avoit coustĂ© Ă les bancqueter. Fin de compte il avoit comme ay dit dessus soixante & troys manieres de recouvrer argent mais il en avoit deux cens quatorze de le despendre, hors mis la reparation de dessoubz le nez. Comment ung grand clerc de Angleterre vouloit arguer contre Pantagruel, & fut vaincu par Panurge. Chap. xiii. En ces mesmes iours ung grandissime clerc nommĂ© Thaumaste ouyant le bruyt & renommĂ©e du sçavoir incomparable de Pantagruel vint du pays de Angleterre en ceste seule intention de veoir icelluy Pantagruel & le congnoistre, & esprouver si tel estoit son sçavoir comme en estoit la renommĂ©e. Et de faict arrivĂ© Ă Paris se transporta vers l'hostel dudict Pantagruel qui estoit logĂ© Ă l'hostel sainct Denys, & pour lors se pourmenoit par le iardin avecques Panurge, philosophant Ă la mode des Peripateticques. Et de premiere entrĂ©e le voyant tressaillit tout de peur, le voyant si grand & si gros puis le salua, comme est la façon, courtoysement luy disant. Bien vray est il ce que dit Platon le prince des philosophes, que si l'ymage de science & sapience estoit corporelle & spectable es yeulx des humains, elle exciteroit tout le monde en admiration de foy. Car seulement le bruyt d'icelle espandu par l'air, s'il est receu es oreilles des studieux et amateurs d'icelle, qu'on nomme Philosophes, ne les laisse dormir ny reposer Ă leur ayse, tant les stimule & embrase de acourir au lieu, & veoir la personne, en qui est dicte science avoir estably son temple, et depromer les oracles. Comme il nous feut manifestement demonstrĂ© en la Reyne de Saba, qui vint des limites d'Orient & mer Persicque pour veoir l'ordre de la maison du saige Salomon & ouyr sa sapience. En Anatharsis qui de Scythie alla iusques en Athenes pour veoir Solon. En Pythagoras, qui visita les Vaticinateurs Memphiticques. En Platon qui visita les Mages de Egypte & Architas de Tarente, & en Apollonius Tyraneus qui alla iusques au mont Caucasus, passa les Scythes, les Massagetes, les Indiens, transfeta le vaste fleuve de Physon, iusques es Brachmanes, pour veoir Hiarchas. Et en Babyloine, ChaldĂ©e, Mede, Assyrie, Parthie, Syrie, Phoenice, Arabie, Palestine, Alexandrie, iusques en Ethipie, pour veoir les Gymnosophistes. Pareil exemple avons nous de Tite Live, pour lequel veoir et ouyr plusieurs gens studieux vindrent en Rome, des fins limitrophes de France & Hespaigne. Ie ne me ose pas recenser au nombre & ordre de ces gens tant parfaictz mais bien ie veulx estre dit studieux, & amateur, non seulement des letres, mais aussi des gens letrez. Et de faict ouyant le bruyt de ton sçavoir tant inestimable, ay delaissĂ© pays, parens, maison, & me suis icy transportĂ©, riens ne estimant la longueur du chemin, l'attediation de la mer, la nouveaultĂ© des contrĂ©es, pour seullement te veoir, & conferer avecques toy d'aulcuns passaiges de Philosophie, de Magie, de Alkymie, & de Caballe, desquelz ie doubte, & ne m'en puis contenter mon esprit, lesquelz si tu me peulx souldre, ie me rens des Ă present ton esclave moy & toute ma posteritĂ© car aultre don ne ay ie que assez ie estimasse pour la recompense. Ie les redigeray par escript et demain le feray assavoir Ă tous les gens sçavans de la ville, affin que devant eulx publicquement nous en disputons. Mais voicy la maniere comment ientens que nous disputerons. Ie ne veulx point disputer, pro et contra, comme font ces folz sophistes de ceste ville & d'ailleurs. Semblablement ie ne veulx point discuter en la maniere des Academicques par declamations, ny aussi par nombres, comme faisoit Pythagoras, & comme voulut faire Picus Mirandula Ă Rome. Mais ie veulx disputer par signes seulement, sans parler car les matieres sont tant ardues que les parolles humaines ne seroient suffisantes Ă les explicquer Ă mon plaisir, par ce il plaira Ă ta magnificence de soy y trouver, ce sera en la grande salle de Navarre Ă sept heures de matin. Ces parolles achevĂ©es, Pantagruel luy dist honnorablement. Seigneur, des graces que Dieu m'a donnĂ©, Ie ne vouldroys denier Ă nully en departir Ă mon povoir car tout bien vient de luy de lassus, & son plaisir est que soit multipliĂ© quand on se trouve entre gens dignes ydoines de recepvoir ceste celeste manne de honneste sçavoir. Au nombre desquelz par ce que en ce temps, comme iĂ bien apperçoy, tu tiens le premier ranc. Ie te notifie que Ă toutes heures tu me trouveras prest Ă obtemperer Ă une chascune de tes requestes, selon mon petit povoir. Combien que plus de toy ie deusse apprendre que toy de moy, mais comme as protestĂ© nous confererons de tes doubtes ensemble, et en chercherons la resolution, dont il la fault trouver toy Ă moy. Et loue grandement la maniere d'arguer que as proposĂ©e, c'est assavoir par signes sans parler car ce faisant toy & moy, nous nous entendrons, & serons hors de ces frappemens de mains, que font ces sophistes quand on argue alors qu'on est au bon de l'argument. Or demain ie ne fauldray Ă me trouver au lieu et heure que me as assignĂ© mais ie te pry que entre nous n'y ait point de tumulte, & que ne cherchons point l'honneur ny applausement des hommes, mais la serenitĂ© seule. A quoy respondit Thaumaste, Seigneur dieu te maintienne en sa grace te remerciant de ce que ta haulte magnificence tant se veult condescendre Ă ma petite vilitĂ©. Or a dieu iusques Ă demain. A dieu dist Pantagruel. Messieurs vous aultres qui lisez ce present escript, ne pensez pas que iamais il y eut de gens plus elevez & transportez en pensĂ©e, que furent tout celle nuyct, tant Thaumaste que Pantagruel. Car ledict Thaumaste dist au concierge de l'hostel de Cluny, auquel il estoit logĂ©, que de sa vie ne s'estoit trouvĂ© tant alterĂ© comme il estoit celle nuyct. Il m'est disoit il advis que Pantagruel me tient Ă la gorge donnez ordre que beuvons ie vous prie [, et faictes tant que ayons de l'eaue fresche pour me guarguariser le palat]. De l'aultre coustĂ© Pantagruel entra en la haulte game & de toute la nuyct ne faisoit que ravasser apres le livre de Beda de numeris & signis, & le livre de Plotin de inenarrabilibus, & le livre de Proclus de magia, & les livres de Artemidoras perionirocriticon, de Anaxagoras peri semion, Dynarius peri aphaton, & les livres de Philistion, & Hipponax peri anecphoneton, ung tas d'aultres, tant que Panurge luy dist, Seigneur laissez toutes ces pensĂ©es & vous allez coucher car ie vous sens tant esmeu en voz espritz, que bien tost tomberiez en quelque fiebvre ephemere par c'est exces de pensement mais premier beuvant vingt & cinq ou trente bonnes foys retirez vous et dormez Ă votre aise, car de matin ie respondray et argueray contre monsieur l'Angloys, & au cas que ie ne le mette ad meta non loui, dictes mal de moy, dont dist Pantagruel. Voire mais mon amy Panurge, il est merveilleusement sçavant, comment luy pourras tu satisfaire? Tresbien, respondit Panurge, Ie vous pry n'en parlez plus, et m'en laissez faire, y a il homme tant sçavant que sont les diables? Non vrayement dist Pantagruel, sans grace divine speciale. Et toutesfoys, dist Panurge, iay arguĂ© maintesfoys contre eulx, et les ay faictz quinaulx et mys de cul. Par ce soyez asseurĂ© de cet Angloys, que ie vous le feray demain chier vinaigre devant tout le monde. Ainsi passa la nuyct Panurge Ă chopiner avecques les paiges et iouer toutes les aiguillettes de ses chausses Ă primus & secundus, ou Ă la vergette. Et quand ce vint Ă l'heure assignĂ©e il conduysit son maistre Pantagruel au lieu constituĂ©. Et hardiment qu'il n'y eut petit ny grand dedans Paris qu'il ne se trouvast au lieu pensant, ce diable de Pantagruel, qui a convaincu tous les Sorbonicoles, Ă cest heure aura son vin, acr cest Angloys est ung aultre diable de Vauvert, nous verrons qui en gaignera. Ainsi tout le monde assemblĂ©, Thaumaste les attendoit. Et lors que Pantagruel & Panurge arriverent Ă la salle, tous ces grymaulx, artiens, & intrans commencerent Ă frapper des mains, comme est leur badaude coustume, mais Pantagruel s'escrya Ă haulte voix, comme si ce eust estĂ© le son d'ung double canon, disant. Paix de par le le diable paix, par dieu coquins si vous me tabustez icy, ie vous coupperay la teste Ă trestous. A laquelle parolle ilz demourent tous estonnez comme cannes, & ne osoient seulement tousser, voire eussent ilz mangĂ© quinze livres de plume. Et feurent tant alterez de ceste seule voix qu'ilz tiroient la langue demy pied hors de la gueule comme si Pantagruel leur eust gorge sallĂ©. Lors commença Panurge Ă parler disant Ă l'Angloys. Seigneur tu es icy venu pour disputer contentieusement de ces propositions que tu as mis, ou bien pour apprendre & en sçavoir la veritĂ©? A quoy respondit Thaumaste. Seigneur, aultre chose ne me ameine sinon bon desir de apprendre & sçavoir ce, dont iay doubtĂ© toute ma vie, & n'ay trouvĂ© ny livre ny homme qui me ayt contentĂ© en la resolution des doubtes que iay proposez. Et au regard de disputer par contention, ie ne le veulx faire, aussi est ce chose trop vile, et la laisse Ă ces maraulx de Sophistes. Doncques dist Panurge, si moy qui suis petit disciple de mon maistre monsieur Pantagruel, te contente & te satisfoys en tout et par tout, ce seroit chose indigne d'en empescher mondict maistre, par ce mieulx vauldra qu'il soit cathedrant, iugeant de noz propos, & te contentent au parsus, s'il te semble que ie ne aye satisfaict Ă ton studieux desir. Vrayement, dist Thaumaste, c'est tresbien dit. Commence doncques. Or notez, que Panurge avoit mis au bout de sa longue braguette ung beau floc de soye rouge, blanche, verte, & bleue, & dedans avoit mis une belle pomme d'orange. Adoncques tout le monde assistant & speculant en bonne silence, Panurge sans mot dire, leva les mains, & en feit ung tel signe car de la main gauche il ioignit l'ongle du doigt indice Ă l'ongle du pouce, feisant au meillieu de la distance comme une boucle, & de la main dextre ferroit tous les doigts au poing, exceptĂ© le doigt indice, lequel il mettoit & tiroit souvent par entre les deux aultres susdictz de la main gauche, puis de la dextre estendoit le doigt indice & le meillieu, les esloignant le mieulx qu'il povoit, et les tirant vers Thaumaste et puis mettoit le poulce de la main gauche sur l'anglet de l'oeil gauche estendant toute la main comme une aesle d'oyseau, ou une pinne de poisson, et la meuvanrt bien mignonnement deça & delĂ , et autant en faisoit de la dextre sur l'anglet de l'oeil dextre & ce dura bien par l'espace d'ung bon quart d'heure. Dont Thaumaste commença Ă paslir & trembler, & luy fit tel signe, que de la main dextre, il frappa du doigt meillieu contre le muscle de la vole, qui est au dessoubz le pouce, et puis mis le doigt indice de la dextre en pareille boucle de la fenestre mais il le mist par dessoubz, non par dessus, comme faisoit Panurge. Adoncques Panurge frappe la main l'une contre l'aultre, et souffle en paulme, & ce faict met encores le doigt indice de la dextre en la boucle de la gauche le tirant & mettant souvent & puis esten,dit le menton regardant intensement Thaumaste, dont le monde qui n'entendoit riens Ă ces signes, entendit bien qu'en ce il demandoit, sans dire mot, Ă Thaumaste que voulez vous dire lĂ ? Et de faict Thaumaste commença Ă suer grosses gouttes, et sembloit bien un homme qui estoit ravy en haulte contemplation. Puis se advisa, & mist tous les ongles de la gauche contre ceulx de la dextre, ouvrant les doigts, comme si ce eussent estĂ© demys cercles, & elevoit tant qu'il povoit les mains en ce signe. A quoy Panurge soubdain mist le poulce de la main dextre soubz les mandibules, & le doigt auriculaire d'icelle en la boucle de la main gauche, & en ce point faisoit sonner les dentz bien melodieusement les basses contre les haultes. Dont Thaumaste de grand ahan se leva, mais en se levant il fist ung gros pet de boulangier car le bran vint apres, & puoit comme tous les diables, & les assistans commencerent Ă se estouper les nez car il se conchioit de angustie, puis leva la main dextre la clouant en telle façon, qu'il assembloit les boutz de tous les doigts ensemble, & la main gauche assist toute plaine sur la poictrine. A quoy Panurge tira la longue braguette avecques son floc, qu'il estendit d'une couldĂ© et demie, & la tenoit en l'air de la main gauche, & de la dextre print la pomme d'orange, et la gettant en l'air par sept foys, la huytieme la cacha au poing de la main dextre, la tenant en hault tout coy, et puis commença Ă secouer sa belle braguette, en la monstrant Ă Thaumaste. Apres cella Thaumaste commença Ă enfler les deux ioues comme ung cornemuseur & souffler, comme s'il enfloit une vessie de porc. A quoy Panurge mist ung doigt de la gauche au trou du cul, & de la bouche tiroit l'air comme quand on mangeve des huytres en escalle, ou quand l'on hume sa souppe, & ce faict ouvre quelque peu la bouche, et avecques le plat de la main dextre en frappoit dessus, faisant en ce ung gran son et parfond, comme s'il tenoit de la superficie du diaphragme par la trachĂ©e artere & le feit par seize foys. Mais Thaumaste, souffloit tousiours comme une oye. Adoncques Panurge mist le doigt indice de la dextre dedans la bouche, le ferrant bien fort avecques les muscles de la bouche, et puis le tiroit & le tirant faisoit ung grand son, comme quand les petits garsons tirent d'ung canon de seux avecques belles rabbes, & le fist par neuf foys. A quoy Thaumaste s'escrya. Ha messieurs, le grand secret, & puis tira ung poignard qu'il avoit, le tenant par la poincte contre bas. A quoy Panurge print sa longue braguette, & la secouoit tant qu'il povoit contre ses cuisses, & puis mist ses deux mains lyĂ©ez en forme de peigne, sur la teste, tirant la langue tant qu'il povoit, et tournant les yeulx en la teste, comme une chievre qui se meurt. Ha ientends, dist Thaumaste, mais quoy? faisant tel signe, qu'il mettoit le manche de son poignard contre la poictrine, et sur la pointe mettoit le plat de la main en retournant quelque peu le bout des doigts. A quoy Panurge baissa la teste du coustĂ© gauche et mist le doigt meillieu en l'oreille dextre, elevant le poulce contre mont. Et puis croisa les deux bras sur la poictrine, toussant par cinq foys, & Ă la cinquiesme frappant du pied droit contre terre, & puis leva le bras gauche, & ferrant tous les doigtz au poin, tenoit le poulce contre le front, frappant de la main dextre par six fois contre la poictrine. Adoncques se leva Thaumaste & ostant son bonnet de la teste, remercia ledict Panurge doulcement puis dict Ă haulte voix Ă toute l'assistence. Seigneurs Ă ceste heure puis ie bien dire le mot evangelicque, Et ecce plusquam Solomon hic. Vous avez icy ung tresor incomparable en vostre presence, c'est monsieur Pantagruel, duquel la renommĂ©e me avoit icy attirĂ© du fin fonds de Angleterre, pour conferer avecques luy des doubtes inexpugnables tant de Magie, de Caballe, de Geomantie, de Astrologie, que de Philosophie, lesquelz ie avoys en mon esprit. Mais de present ie me courrouce contre la renommĂ©e, laquelle me semble estre envieuse contre luy car elle n'en raconte point la milliesme partie, de ce que en est par efficace. Vous avez veu, comment son seul disciple me a contentĂ© et m'en a plus dit que ie ne demandoys, & d'abundant m'a ouvert et ensemble soulu d'aultres doubtes inestimables. En quoy ie vous puys asseurer qu'il m'a ouvert le vray puys & abysme de Encyclopedie, voire en une sorte que ie ne pensoys pas trouver homme qui en sceut les premiers elemens seulement, est quand nous avons disputĂ© par signes sans dire mot ny demy. Mais Ă tant ie redigeray par escript ce que avons dit & resolu, affin que l'on ne pense point que ce ayent estĂ© mocqueries & le feray imprimer Ă ce que chascun y apreigne comme ie ay faict. Dont povez iuger, ce qu'eust peu dire le maistre, veu que le disciple a faict telle prouesse car Non est discipulus supra magistrum. en tout cas dieu soit louĂ©, & bien humblement vous remercie de l'honneur que nous avez faict Ă cest acte, dieu vous le retribue eternellement. Semblables actions de graces rendit Pantagruel Ă toute l'assistence, & de lĂ partant mena disner Thaumaste avecques luy & croyez qu'ilz beurent comme toutes bonnes ames le iour des mortz, le ventre contre terre, iusques Ă dire, dont venez vous? Saincte dame comment ilz tiroient au chevrotin [, et flaccons d'aller, et eulx de corner, tyre baille, paige, vin boute de par le dyable boute], il n'y eut par sans faulte celluy qui n'en beust xxv. ou xxx muys. Et sçavez vous comment sicut terra sine aqua car il faisoit chault, & davantaige se estoient alterez. Et au regard de l'exposition des propositions mises par Thaumaste, et des significations des signes desquelz ils userent en disputant ie vous les exoseroys selon la relation de entre eulx mesmes mais l'on m'a dit que Thaumaste en feist ung grand livre imprimĂ© Ă Londre, auquel il declaire tout sans riens laisser par ce ie m'en deporte pour le present. Comment Panurge fut amoureux d'une haulte dame de Paris, & du tour qu'il luy fist. Cha. xiiii. Panurge commença Ă estre en reputation en la ville de Paris par ceste disputation qu'il obtint contre l'Angloys, & faisoit des lors bien valoir sa braguette, & la feist au dessus esmoucheter de broderie Ă la Tudesque. Et le monde le louoit publicquement, & en fut faict une chanson, dont les petitz enfans alloient Ă la moustarde & estoit bien venu en toutes compaignies de dames et damoyselles, en sorte qu'il devint glorieux, si bien qu'il entreprint de venir au dessus d'une des grandes dames de la ville. De faict laissant ung tas de longs prologues et protestations que font ordinairement ces dolens contemplatifz amoureux de quaresme, luy dit ung iour. Ma dame, ce seroit ung bien fort utile Ă toute la republicque, delectable Ă vous, honneste Ă vostre lignĂ©e, & Ă moy necessaire, que feussiez couverte de ma race, & le croyez, car l'experience vous le demonstrera. La dame Ă ceste parolle le reculla plus de cent lieues, disant. Meschant fou vous appertient il de me tenir telz propos? Et Ă qui pensez vous parler? allez, ne vous trouvez iamais devant moy car si n'estoit pour ung petit, ie vous feroys coupper bras & iambes? Or dist il ce me seroit tout ung d'avoir bras & iambes couppez, en condition que nous fissions vous & moy ung transon de chere lie iouant des manequins Ă basses amrches car monstrant sa longue braguette voicy maistre Iehan ieudy, qui vous sonneroit une antiquaille, dont vous vous sentiriez iusques Ă la mouelle des os car il esrt galland, & vous sçait bien trouver les alibitz forains & petitz poullains grenez en la ratouere, que apres luy il n'y a qu'espousseter. A quoy respondit la dame. Allez meschant allez, si vous m'en dictes encores ung mot, ie appelleray le monde, & vous feray icy assommer de coups. Ho dist il vous n'estes pas si male que vous dictes, non ou ie suis bien trompĂ© Ă vostre physionomie car plus tost la terre monteroit es cieulx & les haulx cieulx descendroient en l'abysme & tout ordre de nature seroit perverty, qu'en si grande beaultĂ© & elegance comme la vostre, y eust une goutte de fiel, ny de malice. L'on dit bien que Ă grand peine veit on iamais femme belle, qui aussi ne feust rebelle mais cella est dit de ces beautez vulgaires. Toutesfois la vostre est tant excellente tant singuliere, tant celeste, que ie croy que nature l'a mise en vous comme en parangon pour nous donner Ă entendre combien elle peult faire, quand elle veult employer toute sa puissance & tout son sçavoir. Ce n'est que miel, ce n'est que sucre, ce n'est que manne celeste, de tout ce qu'est en vous. C'estoit Ă vous Ă qui Paris debvoit adiuger la pomme d'Or, non Ă Venus non, ny Ă Iuno, ny Ă Minerve car oncques n'y eut tant de magnificence en Iuno, tant de prudence en Minerve, tant de elegance en Venus, comme il y a en vous. O dieux desses celestes, que heureux sera celluy Ă qui ferez ceste grace de vous accoller, de vous bayser, & de frotter son lart avecques vous. Par deiu ce sera moy, ie le voy bien car desiĂ vous me aimez tout plain ie le congnoys. Doncques pour gaigner temps, faisons et la vouloit embrasser, mais elle fist semblant de se mettre Ă la fenestre pour appeller les voisins Ă la force. Adoncques s'en sortit Panurge bien tost et luy dit en fuyant. Ma dame attendez moy icy, ie les voye querir moy mesme, n'en prenez pas la peine. Ainsi s'en alla, sans grandement se soucier du refus qu'il avoit eu, & n'en fist oncques pire chere. Le lendemain il se trouva Ă l'esglise Ă l'heure qu'elle alloit Ă la messe, & Ă l'entrĂ©e luy bailla de l'eaue beniste se enclinant parfondement devant elle, et apres se alla agenouiller aupres d'elle familierement, & luy dist. Madame saichez que ie suis tant amoureux de vous, que ie n'en peuz ny pisser ny fianter, ie ne sçay comment l'entendez. Si m'en advenoit quelque mal, qu'en seroit il? Allez allez, dist elle, ie ne m'en soucie pas laissez moy icy prier dieu. Mais dist il equivoquez sur A beau mont le vicomte. Ie ne sçauroys, dist elle. C'est dist il Ă beau con le vit monte. Et sur cella priez dieu qu'il me doint ce que vostre noble cueur desyre, & me donnez ces patenostres par grace? Tenez, dit elle, et ne me tabustez plus. Et ce dit luy vouloit tirer ses patenostres qui estoient de cestrin avecques grosses manches d'or. Mais Panurge promptement tira ung de ses cousteaulx, & les couppa tresbien & les emporta Ă la fryperie luy disant, voulez vous mon cousteau? Non non, dist elle. Mais dist il Ă propos, il est bien Ă vostre commandement corps & biens, tripez & boyaulx. Ce pendant la dame n'estoit pas fort contente de ses patenostres car c'estoit une de ses contenances Ă l'esglise. Et pensoit, ce bavart icy est quelque esventĂ©, homme d'estrange pays, ie ne recouvreray iamais mes patenostres, que m'en dira mon mary? Il s'en courroucera Ă moy mais ie luy diray qu'ung larron me les a couppĂ©es dedans l'esglise, ce qu'il croira facillement, voyant encores le bout du ruban Ă ma ceinture. Apres disner Panurge l'alla veoir portant en sa manche une grande bourse pleine de gettons, et luy commença Ă dire. Lequel des deux ayme plus l'aultre ou vous moy, ou moy vous? A quoy elle respondit. Quant est de moy ie ne vous hays point car comme dieu le commande, ie ayme tout le monde. Mais Ă propos dist il n'estes vous pas amoureuse de moy? Ie vous ay dist elle iĂ dit tant de foys que vous ne me tenissiez plus telles parolles, si vous m'en parlez encores ie vous monstreray que ce n'est pas Ă moy Ă qui vous debvez ainsi parler de deshonneur allez vous en, & me rendez mes patenostres, que mon mary ne me les demande. Comment dist il ma dame voz patenostres? non feray par mon segreant, mais ie vous en veulx bien donner d'aultres, en aymerez vous mieulx d'or bien esmaillĂ© en forme de grosses spheres, ou de beaux laz d'amours, ou bien toutes massifves comme gros lingotz d'or? ou si en voulez de Ebene, ou de gros Iyacinthes taillez, avecques les marches de fines Turquoyses, ou de beaulx Topazes marchez de dyamans Ă vingtehuyt quarres. Non non, c'est trop peu. Ien sçay ung beau chappelet de fines Esmerauldes marchĂ©es de Ambre gris, et Ă la boucle ung Union Persicque gros comme une pomme d'orange elles ne coustent que vingt & cinq mille ducatz, ie vous en veulx faire ung present, car ien ay du content. Et ce disoit faisant sonner ses gettons comme si ce feussent escuz au soleil. Voulez vous une piece de veloux violet cramoysi tainct en grene, une piece de satin brochĂ© ou bien cramoysi. Voulez vous chainez, doreures, templettes, bagues, il ne fault que dire ouy. Iusques Ă cinquante mille ducatz, ce ne m'est riens cela. Par la vertuz desquelles parolles il luy faisoit venir l'eau Ă la bouche. Mais elle luy dist. Non, ie vous remercie ie ne veulx riens de vous. Par dieu dist il si veulx bien moy de vous mais c'est chose qui ne vous coustera riens, & n'en aurez de riens moins, tenez monstrant sa longue braguette, voicy [maistre Iehan chouart] qui demande logis & apres la vouloit accoller. Mais elle commença Ă s'escryer, toutesfoys non pas trop hault. Et adoncques Panurge tourna son faulx visaige, & luy dict. Vous ne voulez doncques aultrement me laisser ung peu faire? Bren pour vous. Il ne vous appartient pas tant de bien ny de honneur, mais par Dieu ie vous feray chevaucher aux chiens, & ce dict, s'en fouyt le grand pas de peur des coups. Or notez que le lendemain estoit la grand feste du corps dieu, Ă laquelle toutes les femmes se mettent en leur triumphe de habillemens, & pour ce iour ladicte dame s'estoit vestue d'une tresbelle robbe de satin cramoysi, et d'une cotte de veloux blanc bien precieux. Ce iour de la vigile Panurge chercha tant d'ung coustĂ© & d'aultre, qu'il trouva une chienne qui estoit en chaleur, laquelle il lya avecques sa ceincture & la mena en sa chambre, & la nourrit tresbien cedit iour & toute la nuyct, & au matin la tua, & en prit ce que sçavent les Geomantiens Gregeoys, et le mist en pieces le plus menu qu'il peut, & les emporta bien cachĂ©es, et s'en alla Ă l'esglise ou la dame debvoit aller pour suyvre la procession, comme c'est de coustume Ă ladicte feste. Et alors qu'elle entra Panurge luy donna de l'eau beniste bien courtoisement la saluant, & quelque peu de temps apres qu'elle eut dit les menuz suffrages il s'en va ioingdre Ă elle en son banc, & luy bailla ung Rondeau par escript en la forme que s'ensuyt. Pour ceste foys, que Ă vous dame tresbelle Mon cas disoit, par trop feutes rebelle De me chasser, sans espoir de retour Veu que Ă vous oncq ne feis austere tour En dict ny faict, en soubson ny libelle. Si tant Ă vous desplaisait ma querelle, Vous povyez par vous sans maquerelle Me dire, amy partez d'icy entour Pour ceste foys. Tort ne vous foys, si mon cueur vous decelle En remonstrant, comme le ard l'etincelle De la beaultĂ© que vouvre vostre atour Car riens ny quiers, sinon qu'en vostre tour Me faciez dehait la combrecelle Pour ceste foys. Et ainsi qu'elle ouvroit le papier pour veoir que c'estoit, Panurge promptement sema la drogue qu'il avoit sur elle en divers lieux et mesmement au repliz de ses manches et de la robbe, & puis luy dist. Ma dame, les pouvres amans ne sont pas tousiours Ă leur ayse. Quant est de moy iespere que les malles nuycts, les travaulx & ennuytz, auxquelz me tient l'amour de vous, me seront en deduction d'autant des peines de purgatoire. A tout le moins priez dieu qu'il me doint mon mal en patience. Panurge n'eut pas achevĂ© ce mot, que tous les chiens qui estoient en l'esglise ne s'en vinssent Ă ceste dame pour l'odeur des drogues qu'il avoit espandues sur elle, petitz & grans, gros & menuz tous y venoient tirant le membre & la sentant & pissant partout sur elle. Et Panurge les chassa quelque peu et print congiĂ© d'elle, et s'en alla en quelque chapelle pour veoir le deduyt car ces villains chiens la conchioent toute & compissoient tout ses habillemens, tantq u'il y eut ung grand levrier qui luy pissa sur la teste & luy culletoit son collet par derriere, les aultres aux manches, les aultres Ă la crope & les petitz culletoient ses patins. En sorte que toutes les femmes de lĂ autour avoient beaucoup affaire Ă la saulver. Et Panurge de rire, dist Ă quelqu'ung des seigneurs de la ville. Ie croy que ceste dame lĂ est en chaleur, ou bien que quelque levrier l'a couverte fraischement. Et quand il veit que tous les chiens grondoient bien Ă l'entour d'elle comme ilz font autour d'une chienne chaulde, il s'en partit, & alla querir Pantagruel, et par toutes les rues oĂÂč il trouvoit des chiens, il leur bailloit ung coup de pied, disant. Et ne yrez vous point Ă voz compaignons aux nopces, devant devant. Et arrivĂ© au logis dist Ă Pantagruel, maistre ie vous pry venez veoir tous les chiens de ceste ville qui sont assemblez Ă l'entour d'une dame la plus belle de ceste ville & la veullent iocqueter. A quoy voulentiers consentit Pantagruel, & veit le mystere qu'il trouva fort beau & nouveau. Mais le bon fut Ă la procession car il se trouva plus de six cens chiens Ă l'entour d'elle, qui lui faisoient muille hayres et partout oĂÂč elle passoit les chiens frays venuz la suyvoient Ă la trace, pissans par le chemin ou ses robbes avoient touchĂ©. Et tout le monde se arrestoit Ă ce spectacle consyderant les contenances de ces chiens qui luy montoient iusques au col, et luy gasterent tout ses beaulx acoustremens, qu'elle ne sceut y trouver remede, sinon s'en aller Ă son hostel. Et chiens d'aller apres, & quand elle fut entrĂ©e en sa maison et fermĂ© la porte apres elle, tous les chiens y accouroient de demy lieue, et compisserent si bien la porte de sa maison, qu'ilz y feirent ung ruysseau de leurs urines, ou les cannes eussent bien nouĂ©. Comment Pantagruel partit de paris ouyant nouvelles que les Dipsodes envahissoient le pays des Amaurotes. Et la cause pourquoy les lieues sont tant petites en France. Et l'exposition d'ung mot escript en ung anneau. Chap. xv. Peu de temps apres Pantagruel ouyt nouvelles que son pere Gargantua avoit estĂ© translatĂ© au pays des phĂ©es par Morgue, comme fut iadis Enoch & Helye, ensemble que le bruyt de sa translation entendu, les Dipsodes estoient issuz de leurs limites, avoient gastĂ© ung grand pays de Utopie, et tenoient de present la grande ville des Amaurotes assiegĂ©e, dont partit de Paris sans dire adieu Ă nully car l'affaire requeroit diligence, & s'en vint Ă Rouen. Or en cheminant voyant Pantagruel que les lieues de France estoient petites par trop au regard des aultres pays, en demanda la cause & raison Ă Panurge, lequel luy dit une histoires que met Marotus du Lac monachus es gestes des roys de Canarre. Disant que d'anciennetĂ© les pays n'estoient poinct distinctz par lieues miliaires, ny parasanges, iusques Ă ce que le roy Pharamond les distingue, ce que fut faict en la maniere que s'ensuyt. Car il print dedans Paris cent beaux ieunes & gallans compaignons bien deliberez, & cent belles garses picardes & les feit bien traicter & bien penser par huict iours puis les appella & Ă ung chascun sa garse avecques force argent pour les despens, leur faisant commandement qu'ilz s'en allassent en divers lieux par cy & par lĂ . Et Ă tous les passaiges qu'ilz chevaucheroient leurs garses qu'ilz missent une pierre, & ce feroit une lieue. Par ainsi les compaignons ioyeusement partirent, et pour ce qu'ilz estoient frays & de seiour ilz chevauchoient Ă chasque bout de champ et voylĂ pourquoi les lieues de France sont tant petites. Mais quand ilz eurent long chemin parfaict & estoient ilz las comme pouvres diables & qu'il n'y avoit plus d'olif en ly caleil, ilz ne chevauchoient pas si souvent et se contentoient bien ientends quant aux hommes de quelque meschante paillarde foys le iour. Et voylĂ qui faict les lieues de Bretaigne, d'Elanes, d'Allemaignes, et aultres pays plus esloignez, si grandes. Les aultres mettent d'aultres raisons mais celle lĂ me semble la meilleure. A quoy consentit voulentiers Pantagruel. Partans de Rouen arriverent Ă Hommefleur oĂÂč se mirent sur mer Pantagruel, Panurge, Epistemon, Eusthenes, & Carpalim. Auquel lieu attendant le vent propice & calfretant leur nef receut d'une dame de Paris laquelle il avoit entretenu bonne espace de temps unes lettres inscrites au dessus. Au plus aymĂ© des belles, & moins loyal des preux, P N T G R L. Laquelle inscription leue il fut bien esbahy, & demandant au messagier le nom de celle qui l'avoit envoyĂ©, ouvrit les lettres & riens ne trouva dedans escript, mais seulement ung aneau d'or avecques ung Dyament en table. Et lors appella Panurge & luy monstra le cas. A quoy Panurge luy dist, que la feuille de papier estoit escripte, mais c'estoit par telle subtilitĂ© que l'on n'y veoit point d'escripture. Et pour le sçavoir, la mist aupres du feu pour veoir si l'escripture estoit faicte avecques du sel Ammoniac destrempĂ© en eau. Puis la mist dedans de l'eau pour sçavoir si la letre estoit escripte du suc de Tithymalle. Puis la monstra Ă la chandelle, si elle estoit point escripte du ius d'oingnons blans. Puis en frotta une partie de huyle de noix, pour veoir si elle estoit point escripte de lexif de figuyer. Puis en frotta ung coing de cendres d'ung nic de Arondelles, pour veoir si elle estoit escripte de la rousĂ©e qu'on trouve dedans les pommes de Alicacabut. Puis en frotta ung aultre bout de la sanie des oreilles, pour veoir si elles estoit escripte de fiel de corbeau. Puis les trempa en vinaigre pour veoir si elle estoit escripte de laict d'espurge. Puis les greffa d'ayunge de souriz chauves, pour veoir si elle estoit escripte avecques sperme de baleine qu'on appelle ambre grys. Puis la mist tout doulcement dedans ung bassin d'eau fraische, & soubdain la tira pour veoir si elle estoit escripte avecques alum de plume. Et voyant qu'il n'y congnoissoit riens, appella le messagier & luy demanda. Compaing la dame qui t'a icy envoyĂ©, t'a elle point baillĂ© de baston pour apporter? pensant que ce feut la finesse que met Aulle Gelle, & le messagier luy respondit. Non monsieur. Adoncques Panurge luy voulut faire raire les cheveulx pour sçavoir si la dame avoit point faict escrire avecques fort moret sur sa teste raise, ce qu'elle vouloit mander mais voyant que ses cheveulx estoient fort grans, il s'en desista, considerant qu'en si peu de temps ses cheveulx n'eussent pas creuz si longs. Alors dit Ă Pantagruel. Maistre par les vertuz dieu ie n'y sçauroys que faire ny dire. Ie ay employĂ© pour congnoistre si rien y a icy estĂ© escript, une partie de ce qu'en met Messere Francesco di Nianto le Thuscan qui a escript la maniere de lire lettres non apparentes & ce que escript Zoroaster peri grammaton acriton. Et Calphurnius bassus de literis illegibilibus, mais ie n'y voy riens, & croy qu'il n'y a aultre chose que l'aneau. Or le voyons. Lors en le regardant trouverent escript par le dedans en hebrieu Lamah hazabtani, dont appellerent Epistemon, luy demandant que c'estoit Ă dire? A quoy respondit que c'estoit ung nom hebraicque signifiant, pourquoy me as tu laissĂ© dont soubdain replicque Panurge, Ientends le cas, voyez vous ce dyament, c'est ung dyament faulx. Telle est doncques l'exposition de ce que veult dire la dame. Dy amant faulx pourquoy m'as tu laissĂ©e? Laquelle exposition entendit Pantagruel incontinent et luy souvint comment Ă son departir il n'avoit point dit Ă dieu Ă la dame & s'en contristoit, & voulentiers feust retournĂ© Ă Paris pour faire la paix avecques elle. Mais Epistemon luy reduyt Ă memoire le departement de Eneas d'avecques Dido, et le dict de Heraclides Tarentin, qu'Ă la navire restant Ă l'ancre, quand la necessitĂ© presse, il fault coupper la chorde plus tost que perdre temps Ă la delyer. Et qu'il debvoit laisser tous pensemens pour parvenir Ă la ville de sa nativitĂ©, qui estoit en dangier. De faict une heure apres se leva le vent nommĂ© Nordnordwest auquel ilz donnerent pleines voilles & prindrent la haulte mer, & en briefz iours passans par Porto sancto, & par Medere, firent scalle es isles de Canarre. De lĂ partant passerent par Cap blanco, par Senege, par Cap Virido, par Gambre, par Sagres, par Melli, par le Cap de bona sperantza, piedsmont scalle au royaulme de Melinde, de lĂ partant firent voile au vent de la transmontane, & passant par Meden, par Uti, par Uden, par Gelasim, par les isles des phĂ©es, iouxte le royaulme de Achorie, distant de la ville des Amaurotes de troys lieues, & quelque peu davantaige. Et quand ilz furent en terre quelque peu refraischiz. Pantagruel dist. Enfans la ville n'est pas si loing d'icy, devant que marcher oultre il feroit bon de deliberer ce qu'est Ă faire, affin que ne semblons es Atheniens qui ne consultoient iamais sinon apres le cas. N'estes vous pas deliberez de vivre & mourir avecques moy? Seigneur ouy, dirent ilz tous, & vous tenez asseurĂ© de nous, comme de voz doigts propres. Or dist il il n'y a qu'ung poinct que me tiengne suspend et doubteux, c'est que ie ne sçay en quel ordre, ny en quel nombre sont les ennemys qui tinnent la ville assiegĂ©e car quand ie le sçauroys, ie m'y en iroys en plus grande asseurance, par ce advisons ensemble du moyen comment nous le pourrons sçavoir. A quoy tous ensemble dirent, Laissez nous y aller veoir, & nous attendez icy car pour tout le iourd'huy nous vous en apporterons nouvelles certaines. Moy, dist Panurge, Ientreprends d'entrer en leur camp par le meillieu des gardes & du guet, & bancqueter avecques eulx Ă leurs despens, sans estre congneu de nully, & de visiter l'artillerie, les tentes de tous les capitaines et me prelasser par les bandes sans iamais estre descouvert car le diable ne m'affineroit pas, car ie suis de la lignĂ©e de Zopyrus. Moy, dist Epistemon, ie sçay tous les stratagemates & prouesses des vaillans capitaines & champions du temps passĂ©, & toutes les ruses & finesses de discipline militaire, ie iray, & encores que feusse descouvert & decelĂ©, ieschapperay en leur faisant croire de vous tout ce que me plaira car ie suis de la lignĂ©e de Sinon. Moy, dist Eusthenes, ie entreray par atravers leurs tranchĂ©es, maulgrĂ© le guet & tous les gardes car ie leur passeroy sur le ventre et leur rompray bras & iambes, et feussent ilz aussi fors que le diable car ie suis de la lignĂ©e de Hercules. Moy, dist Carpalim, ie y entreray si les oyseaulx y entrent car iay le corps tant allaigre que ie auray saultĂ© leurs tranchĂ©es & percĂ© oultre tout leur camp, devant qu'ilz me ayent apperceu. Et ne crains ny traict, ny flesche, ny cheval tant fois legier et feusse Pegasus de Perseus, ou Pacollet, que devant eulx ie n'eschappe guaillart et sauf. Ientreprens de marcher sur les espiz de bled, sur l'herbe des prez, sans qu'elle flechisse dessoubz moy car ie suis de la lignĂ©e de Camille Amazone. Comment Panurge, Carpalim, Eusthenes, et Epistemon,compaignons de Pantagruel, desconfirent six cens soixante chevaliers bien subtilement. Chapitre. xvi. Ainsi qu'il disoit cela ilz vont adviser six cens soixante chevaliers montez Ă l'advantaige sur chevaulx legiers, qui accouroient lĂ veoir quelle navire c'estoit qui estoit de nouveau abordĂ©e au port, et couroient Ă bride avallĂ©e pour les prendre s'ilz eussent peu. Lors dist Pantagruel. Enfans retirez vous en la navire car voicy de noz ennemys qui accourent, mais ie vous les tueray icy comme bestes & feussent ilz dix foys autant ce pendant retirez vous, & en prenez vostre passe temps. Adonc respondit Panurge. Non seigneur, il n'est pas de raison que ainsi faciez mais au contraire retirez vous en la navire & vous & les aultres. Car moy tout seul les desconfiray icy mais y ne fault pas tarder, avancez vous. A quoy dirent les aultres, c'est bien dist. Seigneur retirez vous, & nous ayderons icy Panurge, & vous congnoistrez que nous sçavons faire. Adoncq Pantagruel dist. Or ie le veulx bien, mais au cas que feussiez les plus foybles, ie ne vous fauldray. Alors Panurge tira deux grandes chordes de la nef, et les atacha au tour qui estoit sur le tillac, & les mist en terre & en fist ung long circuyt, l'ung plus loin, l'aultre dedans cestuy lĂ . Et dist Ă Epistemon, entre vous en dedans la navire, et quand ie vous sonneray tournez le tour diligentement en ramenant Ă vous ces deux chordes. Puis dist Ă Eusthenez et Ă Carpalim. Enfans attendez icy & vous offrez Ă ces ennemys franchement, & obtemperez Ă eulx & faictes semblant de vous rendre mais advisez, que n'entrez point au cerne de ces chordes, retirez vous tousiours hors. Et incontinent entra dedans la navire, et print ung fes de paille & une botte de pouldre de canon & l'espandit par le cerne des chordes, et Ă tout une migraine de feu se tint aupres. Tout soubdain arriverent Ă grande force les chevaliers, et les premiers chocquerent iusques au pres de la navire, & par ce que le rivage glissoit, tumberent eulx & leurs chevaulx iusques au nombre de quarante & quatre. Quoy voyans les aultres approcherent pensans qu'on leur eust resistĂ© Ă l'arrivĂ©e. Mais Panurge leur dist. Messieurs ie croy que vous soyez faict mal, pardonnez le nous car ce n'est pas de nous, mais c'est de la lubricitĂ© de l'eau de mer, qui est tousiours unctueuse. Nous nous rendons Ă vostre bon plaisir autant en dirent les deux compaignons & Epistemon qui estoit sur le tillac, & ce pendant Panurge s'esloignoit & veoit que tous estoient dedans le cerne des chordes, & que ses deux compaignons s'en estoient esloignez faisant place Ă tous ces chevalliers qui Ă foulle alloient pour veoir la nef & qui estoit dedans, dont tout soubdain crya Ă Epistemon, tire tire. A quoy Epistemon commença de tirer au tour, & les deux chordes se se vont empestrer entre les chevaulx & les ruyoent par terre bien aysement avecques les chevaucheurs mais eulx ce voyant tirerent Ă l'espĂ©e & les vouloient desfaire, dont Panurge met le feu en la trainĂ©e & les fist tous lĂ brusler comme ames damnĂ©es, hommes & chevaulx nul n'en eschappa, exeptĂ© ung qui estoit montĂ© sur un cheval turcq, qui gaingnoit Ă fuyr mais quand Carpalim l'apperceut, il courut apres en telle hastivetĂ© & allaigresse qu'il le attraipa en moins de cent pas, & saultant sur la croupe de son cheval l'embrassa par derriere & l'amena en la navire. Ceste desconfiture parachevĂ©e Pantagruel fut bien ioyeux, & loua merveilleusement l'industrie de ses compaignons, & les fit refraischir & bien repaistre sur le rivage ioyeusement & boire d'autant le ventre contre terre, & leur prisonnier avecques eulx familierement sinon que le pouvre diable n'estoit point asseurĂ© que Pantagruel ne le devorast tout entier, ce qu'il eust faict, tant il avoit la gorge large, aussi facilement que feriez ung grain de dragĂ©e, & ne luy eust monstrĂ© en sa bouche non plus qu'ung grain de mil en la gueulle d'ung asne. Ainsi qu'ilz bancquetoient Carpalim dist. Et ventre sainct Quenet ne mangerons nous iamais de venaison? Ceste chair sallĂ©e me altere tout. Ie m'en voys vous apporter icy une cuysse de ces chevaulx que avons faict brusler, elle sera assez bien roustie. Tout ainsi qu'il se levoit pour ce faire apperceut Ă l'orĂ©e du boys ung beau grand gras chevreul, qui estoit yssu du fort voyant le feu de Panurge, Ă mon advis. Et incontinent se mist apres Ă courir de telle roiddeur, qu'il sembloit que feust ung carreau d'arbaleste, & l'atrapa en moins d'ung riens, [et en courant print de ses mains en l'air quatre grandes otardes, six bitars, vingt & six perdrix grises, & trente & deux pigeons ramiers,] et en courant tua des pieds dix ou douze que chevraulx que lapins qui iĂ estoient hors de page. Doncq il frappa le chevreul de son malcus Ă travers la teste et le tua, & en l'apportant recueillit ses levraulx. Et de tant loing que peust estre ouy, il s'escrya, disant. Panurge mon amy, vinaigre vinaigre. Dont pensoit le bon Pantagruel, que le cueur luy fit mal, & commanda qu'on luy apprestat du vinaigre mais Panurge entendit bien, qu'il y avoit levrault au croc, & de faict le monstra au noble Pantagruel comment il portoit Ă son col ung beau chevreul et toute sa ceinture brodĂ©e de levraulx. Incontinent Epistemon fist deux belles broches de boys Ă l'anticque & Eusthenes aydoit Ă escorcher. Et Panurge mist deux belles selles d'armes des chevaliers en tel ordre qu'elles servirent de landiers, & firent leur roustisseur de leur prisonnier et au feu oĂÂč brusloient les chevaliers, firent roustir leur venaison. Et apres grand chere Ă force vinaigre, au diable l'ung qui se faignoit, c'estoit triumphe de les veoir bauffrer. Lors dist Pantagruel, pleut Ă dieu que chascun, de vous eussent deux paires de sonnettes de sacre au menton, & que ie eusse au mien les grosses horologes de Renes, de Poictiers, de Tours, & de Cambray, pour veoir l'aubade que nous donnerions au remuement de noz badigoinces. Mais, dist Panurge, il vault mieulx penser de nostre affaire ung peu, & par quel moyen nous pourrons venir au dessus de noz ennemys. C'est bien advisĂ©, dist Pantagruel. Et pourtant demanda Ă leur prisonnier. Mon amy, dys nous icy la veritĂ© & ne nous mens en riens, si tu ne veulz estre escorchĂ© tout vif car c'est moy qui mange les petitz enfans. Contes nous entierement l'ordre, le nombre, & la forteresse de l'armĂ©e. A quoy respondit le prisonnier. Seigneur sachez pour la veritĂ© qu'en l'armĂ©e y a troys cens geans tous armez de pierre de taille grans Ă merveilles, toutesfoys non tant du tout que vous, exceptĂ© ung qui est leur chef, & a nom Loupgarou, & est tout armĂ© d'enclumes Cyclopicques. Il y a cent soixante & troys mille pietons tout armez de peaulx de lutins, gens fors & courageux troys mille quatre cens homme d'armes, troys mille six cens doubles canons, & d'espingarderie sans nombre quatre vingt quatorze mille pionniers quatre cens cinquante mille putains belles comme deesses voylĂ pour moy dist Panurge dont les aulcunes sont Amazones, les autres Lyonneses, les aultres Parisiennes, Tourangelles, Angevines, Poictevines, Normandes, Allemandes, de tous pays & toutes langues y en a. Voire mais dist Pantagruel le roy y est il? Ouy seigneur, dist le prisonnier, il y est en personne & nous le nommons Anarche roy des Dipsodes, qui valent autant Ă dire comme gens alterez car vous ne veistes oncques gens tant alterez, ny beuvans plus voulentiers. Et a sa tente en la garde des geans. C'est assez, dist Pantagruel. Sus enfans n'estes vous pas deliberez d'y venir avecques moy? A quoy respondit Panurge. Dieu confonde qui vous laissera. Iay iĂ pensĂ© comment ie vous les rendray tous mors comme porcs, qu'il n'en eschappera au diable le iarret. Mais ie me soucye quelque peu d'ung cas. Et qu'est ce? dist Pantagruel. C'est, dist Panurge, comment ie pourray avanger Ă braquemarder toutes les putains qui y sont en ceste apres disnĂ©e, qu'il n'en eschappe pas une, que ie ne passaige en forme commune. Ha ha ha, dist Pantagruel. Et Carpalim dist. Au diable de biterne, par dieu ien embourreray quelqu'une. Et moy, dist Eusthenes, quoy? qui ne dressay oncques puis que bougeasmes de Rouen, au moins que l'agueille montast sur les dix ou unze heures, voire encores que l'aye dur & fort comme cent diables. Vrayment, dist Pantagruel, tu en auras des plus grasses & des plus refaictes. Comment dist Epistemon, tout le monde chevauchera et ie meneray l'asne, le diable emport qui en fera riens. Nous ferons du droict de guerre, qui potest capere capiat. Et le bon Pantagruel ryoit Ă tout, puis leur dist. Vous comptez sans vostre hoste. Iay grand peur que devant qu'il soit nuict, ie ne vous voye en estat, que n'aurez pas grand envie d'arresser, & qu'on vous chevauchera Ă grand coup de picque & de lance. Non non, dist Epistemon. Ie vous les rends Ă roustir ou bouillir, Ă fricasser ou mettre en pastĂ©. Ilz ne sont pas si grand nombre comme estoit Xerces car il avoit trente cens mille combatans si croyez Herodote & Troge Pompone. Et toutesfois Themistocles Ă peu de gens les desconfit. Ne vous souciez pour dieu. Merde merde, dist Panurge. Ma seule braguette espoussetera tous les hommes, & sainct Balletrou qui dedans y repose, decrottera toutes les femmes. Sur doncques enfans, dist Pantagruel, commençons Ă marcher. Comment Pantagruel erigea ung TrophĂ©e en memoire de leur prouesse, & Panurge ung aultre en memoire des levraulx. Et comment Pantagruel de ses petz engendroit les petiz hommes, & de ses vesnes les petites femmes. Et comment Panurge rompit ung gros baston sur deux verres. Chapitre xvii. Devant que partons d'icy, dist Pantagruel, en memoire de la prouesse que avez presentement faict ie veulx eriger en ce lieu ung beau TrophĂ©e. Adoncques ung chascun d'entre eulx en grand liesses & petites chansonnettes villaticques dresserent ung grand boys, auquel y pendirent une selle d'armes, ung chamfrain de cheval, des pompes, des estrivieres, des esperons, ung haubert, ung hault appareil asserĂ©, une hasche, ung estoc d'armes, ung gantelet, une masse, des goussetz, des greues, ung gorgery, & aussi de tout appareil requis Ă ung Arc triumphal ou TrophĂ©e. Puis en memoire eternelle escrivit Pantagruel le dicton victorial, comme s'ensuyt. Ce fut icy que apparut la vertuz De quatre preux & vaillans champions, Qui non d'harnoys, mais de bon sens vestuz Comme Fabie, ou les deux Scipions, Firent six cens soixante morpions Puissans ribaulx, brusler comme une escorce Prenez y tous roys, ducz, rocz, & pions Enseignement, que engin mieulx vault que force. Car la victoire Comme est notoire, Ne gist qu'en heur. Du consistoire, OĂÂč regne en gloire Le hault seigneur, Vient, non au plus fort ou greigneur Mais Ă qui luy plaist, com fault croire Doncq a & chevance & honneur Cil qui par foy en luy espoire. En ce pendant que Pantagruel escrivoit les carmes susdictz Panurge emmancha en ung grand Pal les cornes du chevreul, & la peau, & le pied droict de devant d'iceluy. Puis les oreilles de troys levraulx, & le rable d'ung lapin, les manidbules d'ung lievre [, les aesles de deux bitars, les piedz de quatre ramiers], une guedofle de vinaigre, une corne oĂÂč ilz mettoient le sel, leur broche de boys, une lardouere, ung meschant chaudron tout pertuysĂ©, une breusse oĂÂč ilz saulsoient, une saliere de terre, & ung goubelet de Beauvoys. Et en imitation des vers & TrophĂ©e de Pantagruel escrivit ce que s'ensuyt. Ce fut icy, que Ă l'honneur de Bacchus Fut bancquetĂ© par quatre bons pyons Qui gayement, tous mirent abaz culz Soupples de rains comme beaux carpions Lors y perdit rables & cropions Maistre levrault, quand chascun si efforce Sel & vinaigre, ainsi que Scorpions Le poursuyvoient, dont en eurent l'escorce. Car l'inventoire D'ung defensoire En la chaleur, Ce n'est qu'Ă boire Droit et net, boire Et du meilleur Mais manger levrault, c'est malheur Sans de vinaigre avoir memoire Vinaigre est son ame & valeur, Retenez le en point peremptoire. Lors dist Panstagruel. Allons enfans, c'est trop musĂ© icy Ă la viande car Ă grand peine voit on arriver, que grans bancqueteurs facent beaux faictz d'armes. Il n'est umbre que d'estandart, il n'est fumĂ©e que de chevaulx, & n'est clycquetis que de harnoys. A quoy respondit Panurge. Il n'est umbre que de cuysine. Il n'est fumĂ©e que de tetins, & n'est clycquetis que de couillons. Puis se levant fist ung pet, ung sault, & ung sublet, & crya Ă haulte voix ioyeusement vive tousiours Pantagruel. Ce que voyant Pantagruel en voulut autant faire, mais du pet qu'il fist, il engendra plus de cinquante mille petitz hommes nains & contrefaictz & d'une vesne engendra autant de petties femmes acropies comme vous en voyez en plusieurs lieux, qui iamais ne croissent, sinon comme les quehues de vache, contre bas, ou bien comme les rabbes de Lymousin, en rond. Et quoy, dist Panurge, vos petz sont ilz tant fructueux? Par dieu voicy de belles savates d'hommes, et de belles vesses de femmes, il les fault marier ensemble. Ils engendreront des mousches bovynes. Ce que fist Pantagruel et les nomma PygmĂ©es. Et les envoya vivre en une ville lĂ aupres, oĂÂč ilz se sont fort multipliez depuis. Mais les Grues leur font continuellement la guerre. Desquelles ilz se defendent courageusement, car ces petitz boutz d'hommes lesquelz en Escosse l'on appelle manches d'estrilles sont voulentiers cholericques. La raison physicale est par ce qu'ilz ont le cueur pres de la merde. En ceste mesme heure Panurge print deux verres qui lĂ estoient tous deux d'une grandeur, & en mist l'ung sur une escabelle, & l'aultre sur une aultre les esloignant Ă part par la distance de cinq pieds puis apres print le futz d'une iaveline de la grandeur de cinq pieds & demy, & le mist dessus les deux verres, en sorte que les deux boutz du futz touchoient iustement les bors des verres. Cela faict print ung gros pau, & dist Ă Pantagruel & es aultres. Messieurs considerez comment nous aurons victoire facilement de nos ennemys. Car tout ainsi comme ie rompray ce futz icy dessus les verres sans que les verres en soient en riens rompuz ny brisez, encores qui plus est, sans qu'une seulle goutte d'eau en sorte dehors tout ainsi nous romprons la teste Ă nos Dipsodes, sans ce que nul de nous soit blessĂ©, & sans perte aulcune de noz besoignes. Mais affin que ne pensez qu'il y ait enchantement, tenez, dist il Ă Eusthenes, frappez de ce pau tant que pourrez au meillieu. Ce que fist Eusthenes, & le futz rompit en deux pieces tout net, sans qu'une goutte d'eau tombast des verres. Puis dist, ien sçay bien d'aultres, allons seulement en asseurance. Comment Pantagruel eut victoire bien estrangement des Dipsodes, & des geans. Cha. xviii. Apres tous ces propos Pantagruel appella leur prisonnier & le renvoya, disant. Va t'en Ă ton roy en son camp, et luy dys nouvelles de ce que tu as veu, & qu'il delibere de me festoyer demain sur le midy car incontinent que mes galleres seront venues, qui sera de matin au plus tard. Ie luy prouveray par dix huyct cens mille combatans et sept mille geans tous plus plus grans que tu ne me veoys, qu'il a faict follement & contre raison de affaiblir ainsi mon pays. En quoy faingnoit Pantagruel qu'il eust son armĂ©e sur mer. Mais le prisonnier respondit qu'il se rendoit son esclave & qu'il estoit content de iamais ne retourner Ă ses gens, mais plus tost combatre avecques Pantagruel contre eulx, & pour dieu qu'ainsi le permist. A quoy Pantagruel ne voulut consentir, ains luy commanda que partist de lĂ briesvement & allast ainsi qu'il avoit dist & luy bailla une boette pleine de euphorbe & de grains de coccognide, luy commandant la porter Ă son roy & luy dire que s'il en povoit manger une once sans boire, qu'il pourroit Ă luy resister sans peur. Adonc le prisonnier le supplya Ă ioinctes mains qu'Ă l'heure de la bataille il eust de luy pitiĂ©, dont luy dist Pantagruel. Apres que tu auras annoncĂ© Ă ton roy, Ie ne te dys pas comme les caphars Ayde toy dieu te aydera car c'est au rebours ayde toi, le diable te rompra le col. Mais ie te dys, metz tout ton espoir en dieu, & il ne te delaissera point. Car de moy encores que soye puissant comme tu peuz veoir, & aye gens infiniz en armes, toutesfois ie n'espere point en ma force, ny en mon industrie mais toute ma fiance est en dieu mon protecteur, lequel iamais ne delaisse ceulx qui en luy ont mys leur espoir & pensĂ©e. Ce faict, le prisonnier s'en alla & Pantagruel dist Ă ses gens. Enfans iay donnĂ© Ă entendre Ă ce prisonnier que nous avons armĂ©e sur mer, ensemble que nous ne leur donnerons l'assault que iusques Ă demain sur le midy, Ă celle fin qu'eulx doubtans la grande venue de gens, cette nuyct se occupent Ă mettre en ordre & soy remparer mais en ce pendant mon intention est que nous chargeons sur eulx environ l'heure du premier somme. Mais laissons icy Pantagruel avecques les Apostoles. Et parlons du roy Anarche & de son armĂ©e. Quand doncques le prisonnier fut arrivĂ© il se transporta vers le Roy, et luy compta comment il estoit venu ung grand geant nommĂ© Pantagruel qui avoit desconfit & faict roustir cruellement tous les six cens cinquante & neuf chevaliers, & luy seul estoit saulve pour en porter les nouvelles. Davantaige avoit charge dudict geant de luy dire qu'il luy aprestast au lendemain sur le midy Ă disner car il se deliberoit de le envahir Ă ladicte heure. Puis luy bailla celle boette ou estoient les confictures. Mais tout soubdain qu'il en eut avallĂ© une cueillerĂ©e il luy vint ung tel chauffement de gorge avecques ulceration de la luette, que la langue luy pela. Et pour le remede ne trouva allegement quiconques sinon de boire sans remission car incontinent qu'il ostoit le goubelet de la bouche, la langue luy brusloit. Par ainsi l'on ne faisoit que luy entonner vin avecques ung embut. Ce que voyans les capitaines Baschatz, & gens de garde, tastirent desdictes drogues pour esprouver si elles estoient tant alteratives mais y leur en print comme Ă leur Roy. Et tous se mirent si bien Ă flaconner, que le bruyt en vint par tout le camp, comment le prisonnier estoit de retour, & qu'ilz debvoient avoir au lendemain l'assault, & qu'Ă ce iĂ se preparoit le roy & les capitaines ensemble les gens de la garde, & ce par boire Ă tyrelarigot. Parquoy ung chascun de l'armĂ©e se mist Ă martiner, chopiner, & tringuer de mesmes. Somme ilz beurent si bien, qu'ilz s'endormirent comme porcz sans nul ordre parmy le camp. Or maintenant retournons au bon Pantagruel, & racomptons comment il se porta en cest affaire. Partant du lieu du TrophĂ©e, print le mast de leur navire en sa main comme ung bourdon, & mist dedans la hune deux cens trente & sept poinsons de vin blanc d'Aniou du reste de Rouen, & atacha Ă sa ceincture la barque tout pleine de sel aussi aysement comme les lansquenests portent leurs petitz peniers. Et ainsi se mist Ă chemin avecques ses compaignons. Et quand il fut pres du camp des ennemys, Panurge luy dist. Seigneur voulez vous bien faire? Devallez ce vin blanc d'Aniou de la hune, & beuvons icy Ă la Tudesque. A quoy se condescendit voulentiers Pantagruel, et beurent si bien qu'il n'y demoura la seule goutte des deux cens trente & sept poinsons exceptĂ© une ferriere de cuir bouilly de Tours que Panurge emplyt pour soy Car il l'appeloit son vademecum, et quelques meschantes baissieres pour le vinaigre. Apres qu'ilz eurent bien tirĂ© au chevrotin, Panurge donna Ă manger Ă Pantagruel quelque diable de drogues composĂ©es de trochitz d'alkekangi & de cantharides [, de lithontripon, nephrocatariicon, coudinar cantharidize] et aultres especes diureticques. Ce faict Pantagruel dist Ă Carpalim, Allez vous en la ville en gravant comme ung rat la muraille, comme bien sçavez faire, et leur dictes qu'Ă heure presente ilz sortent & donnent sur les ennemys tant roiddement qu'ilz pourront & ce dit, descendez vous en, prenant une torche allumĂ©e, avecques laquelle vous mettrez le feu dedans toutes les tentes & pavillons du camp et ce faict, vous cryerez tant que pourrez de vostre grosse voix, qui est plus espovantable que n'estoit celle de Stentor qui fut ouy par sur tout le bruit de la bataille des Troyans, & vous en partez dudict camp. Voire mais, dist Carpalim, seroit ce pas bon que ie enclouasse toute leur artillerie? Non non, dist Pantagruel, mais bien mettez le feu en leur pouldres. A quoy obtemperant Carpalim partit soubdain & fist comme avoit estĂ© decretĂ© par Pantagruel, & sortirent de la ville tous les combatans qui y estoient. Et lors qu'il eut mys le feu par les tentes & pavillons, passoit legierement par sur eulx sans qu'ilz en sentissent rien tant ilz ronfloient & dormoient parfondement. Il vint au lieu oĂÂč estoit l'artillerie & mist le feu en leurs munitions. Mais, o la pitiĂ©, le feu fut si soubdain qu'il cuyda embraser le pouvre Carpalim. Et n'eust estĂ© sa merveilleuse hastivetĂ© et celeritĂ©, il estoit fricassĂ© mais il s'en partit si roiddement qu'ung carreau d'arbaleste ne va pas plus tost. Et quand il fut hors des tranchĂ©es il s'escrya si espovantablement, qu'il sembloit que tous les diables feussent deschainĂ©s. Auquel son s'esveillerent les ennemys, mais sçavez vous comment? aussi estourdys que le premier son de matines, qu'on appelle en Lussonoys, frotecouille. Et ce pendant Pantagruel commença Ă semer le sel qu'il avoit en sa barque, et par ce qu'ilz dormoient la gueule baye & ouverte, il leur en remplit tout le gouzier, tant que ces pouvres haires toussissoient comme regnards, cryans. Ha Pantagruel, tant tu nous chauffes le tizon. Mais tout soubdain print envie Ă Pantagruel de pisser, Ă cause des drogues que luy avoit baillĂ© Panurge, & pissa parmy leur camp si bien & copieusement qu'il les noya tous & y eut deluge particulier dix lieues Ă la ronde. Et dit l'histoire, que si la grand iument de son pere y eust estĂ© & pissĂ© pareillement, qu'il y eust eu deluge plus enorme que celluy de Deucalion car elle ne pissoit foys qu'elle ne fist une riviere plus grande que n'est le Rosne. Ce que voyans ceulx qui estoient issuz de la ville, disoient. Ilz sont tous mors cruellement, voyez le sang courir. Mais ilz y estoient trompez, pensans de l'urine de Pantagruel que feust le sang des ennemys car ilz ne le veoyent sinon au lustre du feu des pavillons & quelque peu de clartĂ© de la lune. Les ennemys apres soy estre reveillez voyans d'ung coustĂ© le feu en leur camp, & l'inundation & deluge urinal, ne sçavoient que dire ny que penser. Aulcuns disoient que c'estoit la fin du monde & le iugement final, qui doibt estre consommĂ© par le feu les aultres, que les dieux marins, Neptune & les aultres, les persecutoient & de faict c'estoit eau marine & sallĂ©e. O qui pourra maintenant racompter comment se porta Pantagruel contre les troys cens geans. O ma muse, ma Calliope, ma thalye, inspire moy Ă ceste heure, restaure mes espritz car voicy le pont aux asnes de Logicque, voicy le tresbuchet, voicy la difficultĂ© de povoir exprimer l'horrible bataille qui fut faicte. A la mienne voulentĂ© que ie eusse maintenant ung boucal du meilleur vin que beurent iamais ceulx qui liront ceste histoire tant veridicque. Comment Pantagruel deffit les troys cens geans armez de pierre de taille, Et Loupgarou leur capitaine. Cha. xix. Les geans voyans que tout leur camp estoit submergĂ©, emporterent leur roy Anarche Ă leur col le mieulx qu'ilz peurent hors du fort, comme fist Eneas son pere Anchises de la conflagration de Troye. Lesquelz quand Panurge apperceut, dist Ă Pantagruel. Seigneur voilĂ les geans qui sont issuz, donnez dessus de vostre mast [gualantemment] Ă la vieille escrime. Car c'est Ă ceste heure qu'il se fault monstrer homme de bien. Et de nostre coustĂ© nous ne vous fauldrons point. Et hardiment que ie vous en tueray beaucoup. Car quoy? David tua bien Goliath facillement. Moy doncques qui en battroys douze telz qu'estoit David car en ce temps lĂ ce n'estoit qu'ung petit chiart, n'en defferay ie pas bien une douzaine. Et puis ce gros paillard de Eusthenes qui est fort comme quatre boeufz, ne s'y espargnera pas. Prenez courage, chocquez Ă travers d'estoc & de taille. Or, dist Pantagruel, de couraige ien ay pour plus cinquante frans. Mais quoy? Hercules ne osa iamais entreprendre contre deux. C'est, dist Panurge, bien chien chiĂ© en mon nez, vous comparez vous Ă Hercules? vous avez plus de force aux dentz, & plus de sens au cul, que n'eut iamais Hercules en tout son corps & ame. Autant vault l'homme comme il s'estime. Et ainsi qu'ilz disoient ces parolles, voicy arriver Loupgarou avecques tous ses geans. Lequel voyant Pantagruel tout seul fut esprins de temeritĂ© & oultrecuydance, par espoir qu'il avoit de occire le pouvre Pantagruel, dont dist Ă ses compaignons geans. Paillars de plat pays, par Mahon si nul de vous entreprent de combatre contre ceulx qui sont icy, ie vous feray mourir cruellement. Ie veulx que me laissez combatre tout seul ce pendant vous aurez vostre passetemps Ă nous regarder. Adonc se retirerent tous les geans avecques leur roy lĂ aupres oĂÂč estoient les flaccons, & Panurge & ses compaignons avecques eulx, qui contrefaisoit ceulx qui ont eu la verolle car il tortoit la gueule & retiroit les doigts, & en parolle enrouĂ©e leur dist. Ie renye dieu compaignons, nous ne faisons point la guerre, donnez nous Ă repaistre avecques vous ce pendant que nos maistres s'entrebattent. A quoy voulentiers le roy & les geans se consentirent, & les firent bancqueter avecques eulx. Et ce pendant Panurge leur contoit des fables, & les exemples de sainct Nicolas. Alors Loupgarou s'adressa Ă Pantagruel avecques une masse toute d'acier pesante neuf mille sept cens quintaux d'acier de Calibbes, au bout de laquelle y avoit treize poinctes de dyamens, dont la moindre estoit aussi grosse comme la plus grand cloche de nostre dame de Paris, il s'en failloit par avanture l'espesseur d'ung ongle, ou au plus que ie mente, d'ung doz de ces couteaulx qu'on appelle couppeoreille mais pour ung petit, ne avant ne arriere. Et estoit phĂ©e en la maniere que iamais ne povoit rompre, mais au contraire, tout ce qu'il en touchoit rompait incontinent. Ainsi doncques comme il approchoit en grand fiertĂ©, Pantagruel iectant les yeulx au ciel se recommanda Ă dieu de bien bon cueur, faisant veu tel comme s'ensuyt. Seigneur dieu qui tousiours a estĂ© mon protecteur & mon servateur, tu voys la destresse en laquelle ie suis maintenant. Riens icy ne me amene, sinon zele naturel comme tu as concedĂ© es humains de garder & defendre soy, leurs femmes, enfans, pays, & famille en cas que ne seroit ton negoce propre, qui est la foy car en tel affaire tu ne veulx nul coadiuteur sinon de confession catholicque, & ministere de ta parolle & nous as defenduz toutes armes & defenses car tu es le tout puissant, qui en ton affaire propre, & oĂÂč ta cause propre est tirĂ©e en action, te peulx defendre trop plus qu'on ne sçauroit estimer toy qui as milliers de centaines de millions de legions d'anges, duquel le moindre peut occire tous les humains, & tourner le ciel & la terre Ă son plaisir, comme bien appareut en l'armĂ©e de Sennacherib. Doncques s'il te plaist Ă ceste heure me estre en ayde comme en toy seul est ma totalle confiance & espoir, Ie te fays veu que par toutes contrĂ©es tant de ce pays de Utopie que d'ailleurs oĂÂč ie auray puissance & auctoritĂ©, Ie feray prescher ton sainct Evangile, purement, simplement, & entierement, si que les abuz d'ung tas de papelars & faulx prophetes, qui ont par constitutions humaines & inventions depravĂ©es envenimĂ© tout le monde, seront d'entour moy exterminĂ©es. Et alors fut ouye une voix du ciel, disant. Hoc fac, & vinces c'est Ă dire. Fays ainsi, & tu auras victoire. Ce faict voyant Pantagruel que Loupgarou approchoit la gueulle ouverte, vint contre luy hardiment & s'escrya tant qu'il peut. A mort ribault Ă mort, pour luy faire peur, selon la discipline des Lacedemoniens, par son horrible cry. Puis luy getta la barque, qu'il portoit Ă sa ceincture, plus de dix & huit cacques de sel, dont il luy emplit & gorge & gouzier, & le nez & les yeulx. Dont irritĂ© Loupgarou luy lancea ung coup de sa masse, luy voulant rompre la cervelle. Mais Pantagruel fut abille & eut tousiours bon pied & bon oeil, par ce demarcha du pied gauche ung pas en arriere, mais il ne sceut si bien faire que le coup ne tombast sur sa barque, laquelle rompit en six pieces et versa le reste du sel en terre. Quoy voyant Pantagruel desploya ses bras & comme est l'art de la hasche, luy donna du gros bout de son mast, en estoc au dessus de la mamelle, et retirant le coup Ă gauche en taillade luy frapa entre col & collet, puis avanceant le pied droict luy donna sur les couillons ung pied du hault bout de son mast, Ă quoy rompi la hune, et versa troys ou quatre poinssons de vin qui estoient de reste. Dont Loupgarou pensa qu'il luy incisĂ© la vessie, et du vin que ce feut son urine qui en sortit. De ce non content Pantagruel vouloit redoubler au coulouer mais Loupgarou haulsant sa masse avancea son pas sur luy, & de toute sa force la vouloit enfoncer sur Pantagruel, & de faict en donna si vertement que si Dieu n'eust secouru le bon Pantagruel, il l'eust fendu despuis le sommet de la teste iusques [au fond de] la ratelle mais le coup declina Ă droict par la brusque hastivetĂ© de Pantagruel. Et entra sa masse plus de soixante pieds en terre Ă travers ung gros rochier dont il feit sortir le feu plus gros qu'ung tonneau. Ce que voyant Pantagruel, qu'il s'amusoit Ă tirer ladicte masse qui tenoit en terre entre le roc, luy court sus, & luy vouloit avaler la teste tout net mais son mast de male fortune toucha ung peu au fust de la masse de Loupgarou qui estoit phĂ©e comme avons dit devant par ce moyen son mast luy rompit Ă troys doigts de la poignĂ©e. Dont il feut plus estonnĂ© qu'ung fondeur de cloches, & s'escrya. Ho Panurge oĂÂč es tu? Ce que ouyant Panurge, dist au roy & aux geans. Par dieu ilz se feront mal, qui ne les despartira. Mais les geans en estoient ayses comme s'ilz feussent de nopces. Lors Carpalim se voulut lever de lĂ pour secourir son maistre mais ung geant luy dist. Par Goulfarin nepveu de Mahon, si tu bouges d'icy ie te mettray au fons de mes chausses comme on faict d'ung suppositoire, aussi bien suis ie constipĂ© du ventre, & ne peulx gueres cagar sinon Ă force de grincer des dentz. Puis Pantagruel ainsi destituĂ© de baston, reprint le bout de son mast, en frappant torche lorgne, dessus le geant, mais il ne luy faisait mal en plus que feriez baillant une chiquenaude sus ung mail de forgeron & ce pendant Loupgarou tiroit de terre sa masse & l'avoit iĂ tirĂ©e & la paroit pour en ferir Pantagruel mais Pantagruel qui estoit soubdain au remuement declinoit tous les coups, iusques Ă ce qu'une foys voyant que Loupgarou le menassoyt, disant. Meschant Ă ceste heure te hascheray ie comme chair Ă patez. Iamais tu ne altereras les pouvres gens, luy frappa du pied ung grand coup contre le ventre, qu'il le getta en arriere Ă iambes redindaines, & vous le trainoit ainsi Ă l'escorche cul plus d'ung trait d'arc. Et Loupgarou s'escryoit rendant le sang par la gorge, Mahon, Mahon, Mahon. A laquelle voix se leverent tous les geans pour le secourir. Mais Panurge leur dist, Messieurs n'y allez pas si m'en croyez car nostre maistre est fol & frappe Ă tors & Ă travers, et ne regarde point oĂÂč, il vous donnera malencontre. Mais les geans n'en tindrent contre, voyans que Pantagruel estoit sans baston & comme ilz approchoient, Pantagruel print Loupgarou par les deux pieds, & du corps de Loupgarou armĂ© d'enclumes frappoit parmy ces geans armez de pierre de taille, & les abattoit comme ung maçon faict de couppeaulx, que nul n'arrestoit devant luy qu'il ne ruast contre terre, dont Ă la rupture de ces harnoys pierreux fut faict ung si horrible tumulte, qu'il me souvint, quand la grosse tour de beurre qui estoit Ă sainct Estienne de Bourges, fondit au soleil. Et Panurge ensemble Carpalim et Eusthenes ce pendant esgorgetoient ceux qui estoient portez par terre. Faictes vostre compte qu'il n'en eschappa ung seul & Ă veoir Pantagruel sembloit ung faulcheur, qui de la faulx c'estoit Loupgarou abbatoit l'herbe d'un prĂ© c'estoient les geans. Mais Ă ceste escrime, Loupgarou perdit la teste, ce feut, quand Pantagruel en abbatit ung, qui avoit nom Moricault [Riflandouille], qui estoit armĂ© Ă hault appareil, c'estoit de pierres de gryphon, dont ung esclat couppa la gorge tout oultre Ă Epistemon car aultrement la plus part d'entre eulx estoient armez Ă la legiere, c'estoit de pierres de tuffe, & les aultres de pierre ardoysine. Finablement voyant que tous estoient mors, getta le corps de Loupgarou tant qu'il peut contre la ville, & en tombant du coup tua ung chat bruslĂ©, une chatte mouillĂ©e, une canne petiere, & ung oyson bridĂ©. Comment Epistemon qui avoit la teste tranchĂ©e, fut guery habillement par Panurge. Et des nouvelles des diables, & de damnez. Cha. xx. Ceste desconfite gygantale parachevĂ©e Pantagruel se retira au lieu des flaccons, & appela Panurge & les aultres, lesquelz se rendirent Ă luy sains & saulves, exceptĂ© Eusthenes qu'ung des geans avoit esgratignĂ© quelque peu au visaige, ainsi qu'il l'esgorgetoit. Et Epistemon qui ne comparoit point. Dont Pantagruel fut si dolent qu'il se voulut tuer soymesmes, mais Panurge luy dist. Dea seigneur attendez ung peu, nous le chercherons entre les mors, & verrons la veritĂ© du tout. Ainsi doncques comme ilz cherchoient, ilz le trouverent tout roidde mort & la teste entre ses bras toute sanglante. Dont Eusthenes s'escrya. Ha male mort, nous as tu tollu le plus parfaict des hommes. A laquelle voix se leva Pantagruel au plus grand deuil qu'on veit iamais au monde mais Panurge dist. Enfans ne pleurez point, il est encores tout chault. Ie vous le gueriray aussi sain qu'il fut iamais. Et ce disant print la teste & la tint sus sa braguette chauldement qu'elle ne print vent, & Eusthenes & Carpalim porterent le corps au lieu oĂÂč ilz avoient bancquettĂ© non par espoir que iamais guerist, mais affin que Pantagruel le veist. Toutesfois Panurge les reconfortoit, disant. Si ie ne le guerys ie veulx perdre la teste qui est le gaige d'ung fol laissez ces pleurs & me aydez. Adonc nettoya tresbien de beau vin blanc le col, & puis la teste & y synapiza de pouldre [de diamerdys] de Aloes qu'il portoit tousiours en une de ses fasques apres les oignit de ie ne sçay quel oingnement, & les aiusta iustement vene contre vene, nerf contre ner, spondyle contre spondyle, affin qu'il ne feut torty colly car telz gens il hayssoit de mort & ce faict luy fist deux ou troys poins de agueille, affin qu'elle ne tombast de rechief puis mist Ă l'entour ung peu de unguent, qu'il appelloit resuscitatif. Et soubdain Epistemon commença Ă respirer, puis Ă ouvrir les yeulx, puis Ă baisler, puis Ă esternuer, puis feist ung gros pet de mesnage, dont dist Panurge, Ă ceste heure il est guery asseurement & luy bailla Ă boire d'ung grand villain vin blanc avecques tout une roustie succrĂ©e. En ceste façon fut Epistemon guery habilement, exceptĂ© qu'il fut enrouĂ© plus de troys sepmaines, et eut ung toux seiche, dont il ne peut oncques guerir, sinon Ă force de boire. Et lĂ commença parler, disant. Qu'il avoit veu les diables, & avoit parlĂ© Ă Lucifer familierement, & faict grand chere en enfer, et par les champs ElisĂ©es. Et asseuroit devant tous que les diables estoient bons compaignons. Et au regard des damnez, il dist, qu'il estoit bien marry de ce que Panurge l'avoit si tost revocquĂ© en vie. Car ie prenoys, dist il, ung singulier passetemps Ă les veoir. Comment? dist Pantagruel. L'on ne les traicte pas, dist Epistemon, si mal que vous penseriez, mais leur estat est changĂ© en estrange façon. Car ie veis Alexandre le grand qui repetassoit de vieilles chausses, & ainsi gaignoit sa vie. Xerces cryoit la moustarde. Darius estoit cureur de retraictz. Scipion Africain cryoit la lye en ung sabot. Pharamond estoit lanternier. Hannibal estoit coquetier. Priam vendoit les vieulx drapeaulx. Lancelot du lac estoit escorcheur de chevaulx mors. Tous les chevaliers de la table ronde estoient pouvres gaignedeniers Ă tirer Ă la ramer & passer les rivieres de Coccytus, Phlegeton, Styx, Acheron, LethĂ©, quand messieurs les diables se veulent esbattre sur l'eau comme font les bastelieres de Lyon & Venize. Mais pour chascune passade ilz n'en ont qu'une nazarde, & sus le soir quelque morceau de pain chaumeny. Les douze pers de France sont lĂ & ne font riens que ie aye veu, mais ilz gaignent leur vie Ă endurer force plameuses, chinquenaudes, alouettes, & grans coups de poing sus les dentz. [Hector, estoit fripesaulse. Paris estoit pouvre loqueteux. Achile boteleur de foing. Cambyses muletier. Ataxerces escumeur de potz.] Neron estoit vielleux, & Fierabras estoit son varlet mais il luy faisoit mille maulx, et luy faisoit manger le pain bis, & boire le vin poulsĂ© et luy mangeoit & buvoit du meilleur. Iason & PompĂ©e estoient goildronneurs de navires. Valentin & Orson servoient aux estuves d'enfer, & estoient racletoretz. Giglan & Gauvain estoient pouvres porchiers. Geoffroy Ă la grand dent estoit allumetier. Godeffroy de Billon estoit dominotier. Dom Pietre de Castille porteur de rogatons. Morgant brasseur de byere. Huon de Bourdeaulx estoit relieur de tonneaulx. Iulles Cesar souillart de cuisine. Antiochus estoit ramonneur de cheminĂ©es. Romulus estoit rataconneur de bobelins. Octavien estoit ratisseur de papier. Charlemaigne estoit houssepaillier. Le pape Iules crieur de petitz pastez. Iehan de Paris gresseur de botes. Artus de Bretaigne degresseur de bonnetz. Perceforest portoit une hotte ie ne sçay pas s'il estoit porteur de coustretz. Nicolas pape tiers estoit papetier. Le pape Alexandre estoit preneur de ratz. Le pape Sixte estoit gresseur de verolle. Comment? dist Pantagruel, y a il des verollez de par delĂ ? Certes, dist Espitemon, Ie n'en veiz oncques tant, il y en a plus cent millons. Car croyez que ceulx qui n'ont eu la verolle en ce monde icy, l'ont en l'aultre. Cor dieu, dist Panurge, ien suis doncques quitte Car ie ay estĂ© iusques au trou de Iubathar [et remply les bondes d'Hercules], & ay abatu des plus meures. Ogier de le dannoys estoit frobisseur de harnoys. Le roy Pepin estoit recouvreur. Galien RestaurĂ© estoit preneur de taulpes. Les quatre filz Aymon estoient arracheurs de dentz. Melusine estoit souillarde de cuisine. Matabrune lavandiere de buĂ©es. Cleopatra estoit revenderesse d'oignons. Helene esttoit courratiere de chambrieres. Semyramis estoit espouilleresse de bellistres. Dido vendoit des mousserons. PenthasilĂ©e estoit croissonniere. En ceste façon ceulx qui avoient estĂ© gros seigneurs en ce monde icy, gaingnoient leur pouvre meschante et paillarde vie lĂ bas. Et au contraire les philosophes, et ceulx qui avoient estĂ© indigens en ce monde, de par delĂ estoient gros seigneurs en leur tout. Ie veiz Diogenez qui se prelassoit en magnificence avec une grand robbe de pourpre, et ung sceptre & faisoit enrager Alexandre le grand, quand il n'avoit pas bien repetassĂ© les chausses, & le payoit en grans coups de baston. Ie veiz Patelin [thresorier de Rhadamantus] qui marchandoit des petitz pastez que cryoit le pape Iules & luy demanda combien la douzaine? troys blancs, dit le pape. Mais dist Patelin, trois coups de barre, baillez icy villain baillez, & en allez querir d'aultres & le pouvre pape s'en alloit pleurant, & quand il fut devant son maistre patissier, il luy dist, qu'on luy avoit ostez les pastez. Adonc le patissier luy bailla l'anguillade si bien que la peau n'eust riens vallu Ă faire cornemuses. Ie veiz maistre Iehan le mayre qui contrefaisoit du pape, & Ă tous ces pouvres roys & papes de ce monde faisoit baiser ses pieds & en faisant du grobis leur donnoit la benediction, disant. Gaingnez les pardons coquins, gaignez, ilz sont Ă bon marchĂ©. Ie vous absouz de pain & de souppe et vous dispense de ne valoir iamais riens, & [ne faire iamais nul bien. Adoncq il] appela Caillete & Triboulet, [et d'aultres qui leur sembloient,] disant. Messieurs les cardinaulx depeschez leurs bulles, & chascun ung coup de pau sus les reins ce que fut faict incontinent. Ie veiz maistre François Villon qui demanda Ă Xerces combien la denrĂ©e de moustarde? ung denier, dist Xerces, Ă quoy dist ledict de Villon Tes fiebvres quartaines villain, la blanchĂ©e n'en vault qu'ung pinart, & tu nous faiz icy les vivres & adoncques pissa dedans son bacq, comme font les moustardiers Ă Paris. Or, dist Pantagruel, reserve nous ces beaulx comptes Ă une aultre foys. Seulement dys nous comment y sont traictez les usuriers Adoncq dist Epistemon, Ie les veiz tous occupez Ă chercher les espingles rouillĂ©es & vieulx clous, parmy les ruisseaux des rues, comme vous voyez que font les coquins en ce monde. Mais le quintal de ses quinquailleries ne vault qu'ung boussin de pain, encores y en a il maulvaise depesche par ainsi les pouvres malautruz sont aulcunesfoys plus de troys sepmaines sans manger morceau ny miette & Ă travailler iour & nuict attendant la foire Ă venir mais de ce travail et de malheuretĂ© y ne leur souvient point tant ilz sont mauldictz & inhumains, pourveu qu'au bout de l'an ilz gaingnent quelque meschant denier. Or, dist Pantagruel, faisons ung transon de bonne chere, & beuvons ie vous en prie enfans car il fait beau boire. Lors degainnerent flaccons Ă tas, & des munitions du camp feirent grand chere. Mais le pouvre roy Anarche ne se povoit esiouyr. Dont dist Panurge, & de quel mestier ferons nous monsieur du Roy icy? affin que il soit iĂ tout expert Ă l'art quand il sera de par delĂ Ă tous les diables. Vrayment, dist Pantagruel, c'est bien advisĂ© Ă toy, or fays en Ă ton plaisir ie te le donne. Grant mercy, dist Panurge, le present n'est pas de refus & l'ayme de vous. Comment Pantagruel entra en la ville des Amaurotes. Et comment Panurge maria le roy Anarche, & le feist cryeur de saulce vert. Chap. xxi. Apres celle victoire merveilleuse Pantagruel envoya Carpalim en la ville des Amaurotes dire & annoncer comment le roy Anarche estoit prins, & tous leurs ennemys defaictz. Laquelle nouvelle entendue, sortirent au devant de luy tous les habitans de la ville en bon ordre & en pompe triumphale avecques une liesse divine le conduisirent en la ville. Et furent faictz beaulx feux de ioye par toute la ville, & belles tables rondes garnies de force vivres dressĂ©es par les rues. Ce fut ung renouvellement du temps de Saturne, tant il fut faict alors grand chere. Mais Pantagruel tout le Senat assemblĂ© dist, Messieurs ce pendant que le fer est chault il le fault battre, aussi devant que nous desbauscher davantaige, ie veux que allions prendre d'assault tout le royaulme des Dipsodes. Par ainsi ceulx qui avecques moy vouldront venir, se aprestent Ă demain apres boire car lors ie commenceray Ă marcher. Non pas qu'il me faille gens davantaige pour me ayder Ă le conquester car autant vaudrait il que ie le tinsse desiĂ , mais ie voy que ceste ville est tant pleine des habitans qu'ilz ne peuvent se tourner par les rues. Docnques ie les meneray comme une colonie en Dipsodie, & leur donneray tout le pays, qui est beau, salubre, fructueux, et plaisant sus tous les pays du monde, comme plusieurs de vous sçavent qui y estes allez aultrefoys. Ung chascun de vous qui y vouldroit venir soit prest comme iay dit. Ce conseil & deliberation fut divulguĂ© par la ville, & le lendemain se trouverent en la place devant le palays iusques au nombre de dix huyt cens cinquante mille, sans les femmes & petitz enfans. Ainsi commencerent Ă marcher droict en Dipsodie en si bon ordre qu'ilz ressembloient es enfans d'Israel quand ilz partirent d'Egypte pour passer la mer rouge. Mais devant que poursuyvre ceste entreprinse ie vous veulx dire comment Panurge traicta son prisonnier le roy Anarche. Il luy souvint de ce que avoit racontĂ© Epistemon comment estoient traictez les roys & riches de ce monde par les champs ElisĂ©es, & comment ilz gaingnoient pour lors leur vie Ă vilz & salles mestiers. Pourtant ung iour habilla son dict roy d'ung beau petit pourpoint de toille tout deschiquettĂ© comme la cornette d'ung Albanoys, et de belles chausses Ă la mariniere, sans soulliers car disoit il ilz luy gasteroient la veue, & ung petit bonnet pers avecques ung grand plume de chappon. Ie faux, car il m'est advis qu'il y en avoit deux & une belle ceincture de pers & vert, disant que ceste livrĂ©e luy advenoit bien, veu qu'il avoit estĂ© pervers. En tel point l'amena devant Pantagruel, & luy dist. Congnoissez vous ce rustre? Non certes, dist Pantagruel. C'est monsieur du Roy de troys cuittes. Ie le veulx faire homme de bien ces diables de roys icy ne sont que beaulx, & ne sçavent ny ne valent riens, sinon Ă faire des maulx es pouvres subiectz, & Ă troubler tout le monde par guerre pour leur inique & detestable plaisir. Ie le veulx mettre Ă mestier, & le faire cryeur de saulce vert. Or commence Ă cryer, Vous fault il point de saulce vert? Et le pouvre diable cryoit. C'est trop bas, dist Panurge, et le print par l'oreille, disant. Chante plus hault, en g sol rĂ© ut. Ainsi diable tu as bonne gorge, tu ne fuz iamais si heureux que de n'estre plus roy. Et Pantagruel prenoit tout Ă plaisir. Car ie ose bien dire que c'estoit le meilleur homme qui fut d'icy au bout d'ung baston. Ainsi fut Anarche bon cryeur de saulce vert. Et deux iours apres Panurge le maria avecques une vieille lanterniere, luy mesmes fist les nopces Ă belles testes de mouton, bonnes hastilles Ă la moustarde, & beaulx tribars aux ailz, dont il en envoya cinq sommades Ă Pantagruel, lesquelles il mangea toutes, tant il les trouva appetissantes & Ă boire belle biscantine & beau corme. Et pour les faire dancer, loua ung aveugle qui leur sonnoit la note avecques la vielle. Et apres disner les maena au palays & les monstra Ă Pantagruel, & luy dist monstrant la mariĂ©e. Elle n'a garde de pĂ©ter. Pourquoy? dist Pantagruel. Par ce, dist Panurge, qu'elle est bien entommĂ©e. Quelle parabolle est cela? dist Pantagruel. Ne voyez vous pas, dist Panurge, que les chastaignes qu'on faict cuyre au feu, si elles sont entieres elles petent que c'est raige & pour les engarder de peter l'on les entomme. Aussi ceste mariĂ©e est bien entommĂ©e par le bas, ainsi elle ne petera point. Et Pantagruel leur donna une petite loge aupres de la basse rue, et ung mortier de pierre Ă piller la saulce. Et frient en ce point leur petit mesnage & fut aussi gentil cryeur de saulce vert que feust oncques veu en Utopie. Mais l'on m'a dit despuis que sa femme le bat comme plastre, & le pouvre sot ne se ose desfendre, tant il est nies. Comment Pantagruel de sa langue couvrit toute une armĂ©e, & de ce que l'auteur veit dedans sa bouche. Cha. xxii. Ainsi que Pantagruel avecques toute sa bande entrerent es terres des Dipsodes, tout le monde se rendoit Ă luy & de leur franc vouloir luy apportoient les clefz de toutes les villes oĂÂč il alloit, exceptĂ© les Almyrodes, qui voulurent tenir contre luy, et feirent response Ă ses heraulx, qu'ilz ne se rendroient point, sinon Ă bonnes enseignes. Et quoy, dist Pantagruel, en demandent ilz de meilleures que la main au pot, & le verre au poing? Allons, & qu'on me les mette Ă sac. Adoncq tous se mirent en ordre comme deliberez de donner l'assault. Mais au chemin passans une grande campaigne, furent saisys d'une grosse houzĂ©e de pluye. A quoy ilz commencerent Ă se tremousser & se serrer l'ung l'aultre. Ce que voyant Pantagruel leur fist dire par les capitaines que ce n'estoit riens, & qu'il voyait bien au dessus des nues que ce ne seroit qu'une petite venue mais Ă toutes fins qu'ilz se missent en ordre & qu'il les vouloit couvrir. Lors se mirent en bon ordre & bien serrez. Adoncques Pantagruel tira la langue seulement Ă demy, & les en couvrit comme une gelline faict ses poulletz. Ce pendant ie qui vous fays ces tant veritables contes, m'estoys cachĂ© dessoubz une feuille de Bardane, qui n'estoit point moins large que l'arche du pont de Monstrible mais quand ie les veiz ainsi bien couverts ie m'en allay Ă eulx rendre Ă l'abrit ce que ie ne peuz tant ilz estoient comme l'on dit, au bout de l'aulne fault le drap. Doncques le mieux que ie peu ie montay dessus & cheminay bien deux lieues sus sa langue, tant que ie entray dedans sa bouche. Mais o dieux & desses, que veiz ie lĂ ? Iuppiter me confonde de la fouldre trisulque si ien mens. Ie y cheminois comme l'on faict en Sophie Ă Constantinople, & y veiz de grans rochiers, comme les monts des Dannoys, ie croy que c'estoient les dentz & de grans prez, de grans foretz, & de fortes & grosses villes non moins grandes que Lyon ou Poictiers. Et le premier que y trouvay, ce fut ung bon homme qui plantoit des choulx. Dont tout esbahy luy demanday. Mon amy que fays tu icy? Ie plante, dist il, des choux. Et Ă quoy ny comment? dys ie. Ha monsieur, dist il, nous ne povons pas estre tous riches. Ie gaigne ainsi ma vie & les porte vendre au marchĂ© en la citĂ© qui est icy derriere. Iesus dys ie il y a icy ung nouveau monde. Certes dist il il n'est mie nouveau mais l'on dit bien que hors d'icy il y a une terre neufve oĂÂč ilz ont et soleil et lune et tout plain de belles besoingnes, mais cestuy cy est plus ancien. Voire mais dis ie mon amy, comment a nom ceste ville oĂÂč tu portes tes choulx. Elle a dist il nom Alpharage, & sont Chrestiens gens de bien, & vous feront grang chiere. Brief ie me deliberay d'y aller. Or en mon chemin ie trouvay ung compaignon, qui tendoit aux pigeons. Auquel ie demanday. Mon amy dont vous viennent ces pigeons icy? Sire dist il ilz viennent de l'aultre monde. Lors ie pensay que quand Pantagruel baisloit, les pigeons Ă pleines vollĂ©es entroient dedans sa gorge, pensant que feust ung columbier. Puis m'en entray Ă la ville, laquelle ie trouvay belle, bien forte, et en bel air, mais Ă l'entrĂ©e les portiers me demanderent mon bulletin, de quoy ie fuz fort esbahy, & leur demanday, messieurs y a il icy dangier de peste? O seigneur dirent ilz l'on se meurt icy aupres tant que le chariot court par les rues. Iesus dys ie & oĂÂč? A quoy me dirent, que c'estoit en Laryngues & Pharyngues, qui sont deux grosses villes telles comme sont Rouen & Nantes riches & bien marchandes. Et la cause de la peste a estĂ© pour une puante & infecte exhalation qui est sortie des abysmes despuis na guieres, dont ilz sont mors plus xxi. cens mille personnes, despuis huyct iours. Lors ie pense & calcule, & trouve que c'estoit une puante alaine qui estoit venue de l'estomach de Pantagruel alors qu'il mangea tant d'aillade, comme nous avons dit dessus. De lĂ partant passay par entre les rochiers, qui estoient ses dentz, & feis tant que ie montay sus une, & lĂ trouvay les plus beaulx lieux du monde, beaulx grans ieux de paulme, belles galleries, belles prariez, force vignes, & une infinitĂ© de cassines Ă la mode Italicques par les champs plains de delices et lĂ demouray bien quatre moys & ne feis oncques telle chere que pour lors. Puis me descendis par les dentz du derriere pour m'en venir aux baulievres mais en passant ie fuz destroussĂ© des brigans par une grand forest qui est vers la partie des oreilles puis trouvay une petite bourgade Ă la devallĂ©e, iay oublyĂ© son nom, oĂÂč ie feis encores meilleure chere que iamais, & gaignay quelque peu d'argent pour vivre. Et sçavez vous comment? Ă dormir car l'on loue les gens Ă iournĂ©e pour dormir, & gaignent cinq Ă six solz par iour, mais ceulx qui ronflent bien fort gaignent bien sept solz & demy. Et contoys aux senateurs comment on m'avait destroussĂ© par la vallĂ©e lesquelz me dirent que pour tout vray les gens de par delĂ les dentz estoient mal vivans & brigans de nature. A quoy ie congneu que ainsi comme nous avons les contrĂ©es de deça & de delĂ les monts, aussi ont ilz deça & delĂ les dentz. Mais il faict beaucoup meilleur de deça & y a meilleur air. Et lĂ commençay Ă penser qu'il est bien vray ce que l'on dit, que la moitiĂ© du monde ne sçay comment l'aultre vit. Veu que nul n'avoit encores escript de ce pays lĂ oĂÂč il y a plus de xxv. royaulmes habitez, sans les devers, & ung gros bras de mer mais ien ay composĂ© ung grand livre intitulĂ© l'Histoire de Guorgias car ainsi les ay ie nommez par ce qu'ilz demouroient en la gorge de mon maistre Pantagruel. Finablement ie m'en vouluz retourner & passant par la barbe me gettay sus ses espaules, & de lĂ me devalle en terre & tumbe devant luy. Et quand il me apperceut, il me demanda. Dont viens tu Alcofrybas? Et ie luy responds, de vostre guorge monsieur. Et despuis quand y es tu? dist il. Despuis dis ie que vous alliez contre les Almyrodes. Il y a dist il plus de six moys. Et de quoy vivoys tu? que mangeoys tu? que beuvoys tu? Ie responds. Seigneur de mesmes vous, & des plus fryans morceaux qui passoient par vostre guorge ie prenoys le barraige. Voire mais dist il oĂÂč chyois tu? En vostre guorge monsieur, dys ie. Ha ha tu es gentil compaignon, dist il. Nous avons avecques l'ayde de dieu conquestĂ© tout le pays des Dipsodes ie te donne la chastellenie de Salmigondin. Grant mercy dys ie monsieur [vous me faictes du bien plus que n'ay desservy envers vous]. Comment Pantagruel fut malade, & la façon comment il guerit. Cha. xxiii. Peu de temps apres le bon Pantagruel tumba malade, & fut tant prins de l'estomach qu'il ne povoit boire ny manger, & par ce qu'ung malheur ne vient iamais seul, il luy print une pisse chaulde, qui le tormenta plus que ne penseriez mais ses medecins le secoururent tresbien & avecques force de drogues [lenitives &] diureticques le feirent pisser son malheur. Et son urine estoit si chaulde que despuis ce temps lĂ elle n'est point encores refroidye. Et en avez en france en divers lieux selon qu'elle print son cours & l'on l'appelle les bains chaulx, comme Ă Coderetz, Ă Limous, Ă Dast, Ă Balleruc, Ă Neric, Ă Bourbonensy, et ailleurs. En Italie Ă Mons grot, Ă Appone, Ă Sancto Pedro dy Padua, Ă Saincte Helene, Ă Casa Nova, Ă Sancto Bartholomeo. En la comtĂ© de Bouloigne Ă la Porrette, et mille aultres lieux. Et m'esbahys grandement d'ung tas de folz philosophes & medecins, qui perdent temps Ă disputer dont vient la chaleur de cesdictes eaux, ou si c'est Ă cause du Baurach, ou du Soulphre, ou l'Allun, ou du Salpestre qui est dedans la minere car ilz n'y font que ravasser, & mieulx leur vauldroit se aller froter le cul au panicault, que de perdre ainsi le temps Ă disputer de ce dont ilz ne sçavent l'origine, que lesdicts bains sont chaulx par ce qu'ilz sont issuz par une chauldepisse du bon Pantagruel. Or pour vous dire comment il guerit de son mal principal ie laisse icy comment pour une minorative il print quatre quintaulx de ScammonĂ©e Colophaniacque, six vingtz & dix huyt chartĂ©es de Casse. Onze mille neuf cens livres de Reubarbe, sans les aultres barbouillemens. Il vous fault entendre que par le conseil des medecins fut decretĂ© qu'on osteroit ce que luy faisoit le mal Ă l'estomach. Et de faict l'on fist xvii. grosses pommes de cuyvre plus grosses que celle qui est Ă Romme Ă l'aiguille de Virgile, en telle façon qu'on les ouvroit par le meillieu & fermoit Ă ung ressort. En l'une entra ung de ses gens portant une lanterne & ung flambeau allumĂ©. Et ainsi l'avalla Pantagruel comme une petite pillule. En cinq aultres entrerent d'aultres gros varletz chascun portant ung pic Ă son col. En troys aultres entrerent troys paysans chascun ayant une pasle Ă son col. Es sept aultres entrerent sept porteurs de coustretz chascun ayant une gourbeille Ă son col. Et ainsi furent avallĂ©es comme pillules. Et quand furent en l'estomach, chascun desfit son ressort & sortirent de leurs cabanes, & premier celluy qui portoit la lanterne, & ainsi chercherent plus de demye lieue oĂÂč estoient les humeurs corrumpues. Finablement trouverent une montioye d'ordures alors les pionniers fraperent sus pour les desrocher & les aultres avecques les pasles en emplirent les gourbeilles & quand tout fut bien nettoyĂ©, chascun se retira en sa pomme. Et ce faict Pantagruel se parforce de rendre sa guorge, & facillement les mist dehors, & ne monstroient en sa guorge en plus qu'ung pet en la vostre, & lĂ sortirent hors de leurs pillules ioyeusement. Il me souvenoit quand les Gregeoys sortirent du cheval en Troye. Et par ce moyen fut guery & reduyt Ă sa premiere convalescence. Et de ces pillules d'arain en avez une en Orleans sus le clochier de l'esglise de saincte Croix. Or messieurs vous avez ouy ung commencement de l'histoire horrificque de mon maistre & seigneur Pantagruel. Icy ie feray fin Ă ce premier livre car la teste me faict ung peu mal, & sens bien que les registres de mon cerveau sont quelque peu brouillez de ceste purĂ©e de Septembre. Vous aurez le reste de l'histoire Ă ces foires de Francfort prochainement venantes & lĂ vous verrez comment [Panurge fut mariĂ© & coqu des le premier moys de ces nopces, et comment Pantagruel] trouva la pierre philosophalle [et la maniere pour la trouver, et la maniere d'en user]. Et comment il passa les monts Caspiens, comment il naviga par la mer Athlanticque & desfit les Caniballes & conquesta les isles de Perlas. Comment il espousa la fille du roy de Inde dit Prestre Iehan. Comment il combatit contre les diables, & feist brusler cinq chambres d'enfer [& mit Ă sac la grant chambre noire, et getta Proserpine au feu], et rompit iiii. dentz Ă Lucifer & une corne au cul. Comment il visita les regions de la lune, pour sçavoir si Ă la veritĂ© la lune n'estoit pas entiere mais que les femmes en avoient iii. quartiers en la teste. Et mille aultres petites ioyeusetez toutes veritables ce sont beaux textes d'evangilles en françoys. Bonsoir messieurs, pardonnate my, & ne pensez pas tant Ă mes faultes que vous ne pensez bien es vostres.Levoyage groupe au grand parc du Puy du Fou Evadez-vous au Puy du Fou Ă lâoccasion dâun sĂ©jour groupe ! Ălu Ă plusieurs reprises « Meilleur parc du monde », le Puy du Fou propose une multitudes de spectacles et dâaventures extraordinaires pour les petits et les grands. Au Puy du Fou, lâHistoire nâattend que vous ! Parcourez les
ï»żAchetez / RĂ©servez0682 75 43 59 36 rue du Chesnoy 45200 Amilly. Menu. Accueil; LâĂtiopathie. Histoire de lâĂ©tiopathie; Comment ça marche ? Pour qui ? Ce que soigne lâĂ©tiopathie; Une consultation; Formation; ActualitĂ©; Contact; combien de temps pour visiter verdun. By Les amateurs de parc et zoo ont vĂ©cu la rĂ©-ouverture des parcs en mai et juin. La question de produire un Pass Sanitaire , un passeport vaccinal Covid , ou un certificat sanitaire Covid , un QR code rangĂ© dans le Carnet Tousanticovid se pose depuis rĂ©guliĂšrement pour les visiteurs. LâĂ©tendue de son usage dans les diffĂ©rents lieux de loisirs, parcs, festivals et manifestations en France aura variĂ© ces derniers mois sachant quâil est demandĂ© pour franchir les frontiĂšres et donc pour se rendre dans les parcs frontaliers comme Portaventura, Europa-Park ou dans les parcs Disney de Californie ou de Floride. Cette question du pass sanitaire pour accĂ©der aux parcs cet Ă©tĂ© se pose et va continuer Ă se poser en 2021. Câest pourquoi nous avons souhaitĂ© vous proposer un dossier complet sur le pass sanitaire Covid. Vous y retrouverez au fur et Ă mesure des annonces les plus rĂ©centes sont tout en haut, les plus anciennes en bas, afin de pouvoir avoir les informations les plus fraiches en haut de page, toutes les informations sur le passe vaccinal Covid et son utilisation pour vos sorties loisirs parcs, zoo, musĂ©es, stades, salons et foires ou autres loisirs en intĂ©rieur comme en extĂ©rieur en 2021 et en 2022 Parcs et Covid fin 2021- dĂ©but 2022 AprĂšs un automne 2021 qui a permis aux parcs dâouvrir pour halloween sans trop dâimpact du Covid via la passe sanitaire, lâĂ©pidĂ©mie a redĂ©marrĂ© fin 2021 notamment avec lâarrivĂ©e du variant Omicron ajoutĂ© Ă une recrudescence des cas de Delta. MalgrĂ© cette pression sanitaire les parcs qui avaient prĂ©vu des festivitĂ©s pour NoĂ«l liste des Parcs dâAttractions ouverts Ă NoĂ«l, liste des Zoo ouverts Ă NoĂ«l ont pu accueillir les visiteurs en nombre Parc AstĂ©rix, Futuroscope, Disneyland, Beauval, etcâŠ, pour le plus grand bonheur des familles mais aussi des salariĂ©s et exploitants. Des changements fin 2021 pour dĂ©but 2022 Mais en parallĂšle, face Ă la progression du variant omicron notamment, fin 2021, des restrictions supplĂ©mentaires ont Ă©tĂ© imposĂ©es notamment dans le domaine des spectacles avec des jauges Ă 2000 et 5000 personnes pour les spectacles respectivement en milieu clĂŽt ou ouvert durant la fin des vacances de NoĂ«l 2021 et dĂ©but 2022. La question de lâapplication de ces jauges aux parcs de loisirs et zoo pouvait logiquement se poser. Mais ils nây sont pas soumis en tant quâĂ©vĂšnement recevant du public circulant comme les foires et salons. Câest le ministre en charge du dossier, Jean-Baptiste Lemoyne qui lâa confirmĂ© officiellement au micro de RTL le 30 dĂ©cembre 2021. NĂ©anmoins, pour les espaces de spectacles situĂ©s au sein des parcs salles de projections par exemple , la jauge va sâappliquer sur ces espaces au sein des parcs eux-mĂȘmes. Ceci pourrait donc concerner Disneyland Paris ou le Puy du Fou si la rĂšgle sâapplique aprĂšs sa rĂ©ouverture du 9 avril 2022. đ Les foires, salons et parcs dâattractions ne sont pas concernĂ©s par les jauges ». Jean-Baptiste Lemoyne invitĂ© politique de RMC. ApollineMatin â RMC RMCinfo December 30, 2021 Pass vaccinal Ă partir du 15 janvier 2022 Autre mesure en cours de mise en place dĂ©but 2022 qui concerne les parcs dâattractions la transformation du pass sanitaire en vĂ©ritable pass vaccinal. Ainsi, suivant son adoption il va sâappliquer en 2022 aux parcs de loisirs, parcs aquatiques, parcs animaliers et autres Ă©vĂšnements recevant du public. Autrement dit la possibilitĂ© de se rendre dans un parc en Ă©tant non vaccinĂ© mais en prĂ©sentant un test covid nĂ©gatif de moins de 48 heures ou 24h selon la pĂ©riode ne sera plus offerte en 2022. La vaccination sera donc nĂ©cessaire pour lâaccĂšs aux parcs. Mise Ă jour automne-hiver 2021 Le pass sanitaire reste obligatoire pour les accĂšs aux lieux publics et donc dans tous les parcs, zoo, aquariums et musĂ©es notamment. Une contrainte supplĂ©mentaire concernant sa validitĂ© a Ă©tĂ© ajoutĂ©e en novembre 2021. Il sâagit de la validitĂ© du passe sanitaire maintenant conditionnĂ©e Ă une 3Ăšme dose dite de rappel ou booster ». En pratique, pour que le pass sanitaire reste valide, voici les rĂšgles Ă compter du 15 dĂ©cembre 2021, les personnes de plus de 65 ans et les personnes vaccinĂ©es avec le vaccin Janssen doivent recevoir une dose de rappel pour que leur passe sanitaire reste valide. Ă compter du 15 janvier 2022, le passe sanitaire est conditionnĂ© Ă la dose de rappel pour toutes les personnes ĂągĂ©es de 18 ans et plus Il est donc important de penser Ă cette dose de rappel, Ă©galement importante pour sa santĂ© Ă cause de la baisse dâimmunitĂ© de prĂšs de 20% par mois aprĂšs la 2nd injection. Pour trouver des rendez-vous alors que câest saturĂ©, utilisez un service tel que Vitemadose » qui scrute les premiers rendez-vous disponibles autour de soi. En termes de loisirs, le pass sanitaire initialement non obligatoire dans les stations de ski est depuis le 4 dĂ©cembre imposĂ© dans de nombreux lieux au ski. Câest le cas pour la saison dâhiver 2021-2022 dĂ©sormais en plus des gestes barriĂšres, le pass est demandĂ© dans les files dâattente et dans les remontĂ©es mĂ©caniques, dans les offices de tourisme, et dans les lieux de vente de forfaits skipass. Mais le pass sanitaire nâest pas obligatoire sur les pistes de ski -> Pour se protĂ©ger de maniĂšre pratique au ski, plutĂŽt quâun masque, prĂ©voyez lâachat dâun cache cou covid, facile Ă remettre avec des gants et un casque ! Et pour en savoir plus, retrouvez notre dossier pass sanitaire et ski 2022 complet sur ici Mise Ă jour 21 juillet PrĂ©cautions Ă prendre absolument pour visiter un parc Ă partir du 21 juillet et de lâentrĂ©e en vigueur sur pass sanitaire Voici ce quâil faut absolument savoir ou prĂ©voir avant de se rendre dans un parc Ă partir du 21 juillet 2021 Se munir de son pass sanitaire valide application et/ou feuille disposant du QR Code pour les personnes de 18ans et plus Se munir de sa carte dâidentitĂ© pour confirmer que lâon est bien le bon porteur du pass lors des Ă©ventuels contrĂŽles Ă lâentrĂ©e Ne pas oublier sa carte vitale si lâon a prĂ©vu ou pris un rendez-vous au prĂ©alable pour se faire tester sur place pour les parcs qui proposent ce service test antigĂ©nique localement lorsque le parc met Ă disposition Ne pas oublier son masque pour toute la famille car des espaces lâimposent dans les parcs Se dire que lâon aura des conditions de visite plutĂŽt sympa car la frĂ©quentation devrait fortement baisser, rĂ©duisant les queues aux attractions. Pour se renseigner sur les conditions dâaccĂšs et autres facilitĂ©s de tests Ă©ventuelles, rendez-vous sur les sites des principaux parcs Disneyland Paris Infos Pass Sanitaire et visite Disneyland Paris ici Puy du Fou derniĂšres Infos Covid et Pass Sanitaire ici sur le site Puy Du Fou Futuroscope infos Pass Sanitaire ici sur le site du Futuroscope Parc AstĂ©rix informations et mesures Caovid Ă voir sur site Parc AstĂ©rix Vulcania voir le site du parc ici Zoo Beauval infos Pass Sanitaire et Ă visite Beauval ici Center Parc Infos Covid et Pass Sanitaire sur le site Center Parcs. A lire On a testĂ© Walibi Rhone-alpes le jour du dĂ©marrage du Pas Sanitaire Mise Ă jour 14 juillet ce quâil faut savoir sur le pass Sanitaire avant et aprĂšs le 21 juillet Ne manquez pas notre nouvel article sur lâimpact et les rĂšgles dâapplication Pass Sanitaire avant/aprĂšs le 21 juillet dans les parcs, pour adulte et enfants Infos 12 juillet 2021 retour du Pass sanitaire pour les parcs et autres sorties en juillet 2021 Ne manquez pas notre dernier article sur lâimpact et les rĂ©gles dâapplication Pass Sanitaire avant/aprĂšs le 21 juillet dans les parcs, adulte et enfants Câest lâun des Ă©lĂ©ments frappant parmi les annonces dâEmmanuel Macron du 12 juillet 2021 face Ă la montĂ©e du variant delta Covid-19 le pass sanitaire qui nâĂ©tait pas obligatoire pour une visite dans les parcs dâattractions fait son retour face Ă lâexpansion du variant Delta du Covid-19. Il sâagit en lâoccurrence dâune mesure nommĂ©e Pass Sanitaire Ă©tendu. Le pass sanitaire va ĂȘtre exigible Ă partir du 21 juillet 2021 pour lâaccĂšs aux restaurants, aux spectacles et aux parcs dâattractions ou plus gĂ©nĂ©ralement, le passe sanitaire est Ă©tendu aux lieux de loisirs et de culture » comme les cinĂ©mas et théùtres. Celui-ci correspond Ă une vaccination avec 2 doses depuis 2 semaines au moins mais peut aussi ĂȘtre activĂ© via un test PCR ou antigĂ©nique rĂ©cent, voir les dĂ©tails techniques du pass sanitaire ci-dessous. Le pass sanitaire sera aussi exigible pour voyager dans les trains, bus et avions Ă partir du dĂ©but du mois dâaoĂ»t, le pass sanitaire sâappliquera en effet dans les cafĂ©s, restaurants, ainsi que dans les hĂŽpitaux, maisons de retraite, Ă©tablissements mĂ©dico-sociaux et dans les transports longue distance . Quand sera mis en place le Pass sanitaire parc et zoo ? La mise en Ćuvre de ces nouvelles obligations fera lâobjet dâun projet de loi soumis au Parlement lors dâune session extraordinaire qui se tiendra Ă partir du 21 juillet. En dĂ©tails le projet de loi sur le Pass Sanitaire et lâobligation vaccinale va ĂȘtre transmis au Conseil dâĂtat, avant de passer le 19 juillet en Conseil des ministres puis le 20 en commission et le 21 en sĂ©ance Ă lâAssemblĂ©e oĂč il sera votĂ© puis transmis au SĂ©nat en procĂ©dure accĂ©lĂ©rĂ©e. La prĂ©sentation dâun pass sanitaire QR Code via lâappli tousAntiCvid ou en format papier sera donc demandĂ©e Ă partir du mercredi 21 juillet 2021, bien avant la seconde phase de Aout. Pass sanitaire parc et zoo Ă partir de quel Ăąge ? En ce qui concerne les parcs, et la question A partir de quel Ăąge faut-il un passe vaccinal pour entrer dans un parc dâattractions, de loisirs, ou zoo ? » la rĂ©ponse tient dans cette citation toutes les personnes de plus de 12 ans devront avoir Ă©tĂ© vaccinĂ©es ou prĂ©senter un test nĂ©gatif rĂ©cent pour accĂ©der Ă un spectacle, un parc dâattraction, un concert ou un festival » Mai 2021 pas de pass sanitaire obligatoire pour le dĂ©marrage de la saison des parcs jusquâau 21 juillet Annonce de mai 2021 le pass sanitaire pas exigĂ© pour les visites dans les parcs nfos du 12 mai puis 30 mai CâĂ©tait lâun des points en suspend ces derniers jours, les parcs dâattractions et de loisirs et leur syndicat Ă©taient vent debout face Ă la nĂ©cessitĂ© Ă©voquĂ©es de produire un pass sanitaire pour pouvoir entrer dans un parc Ă la journĂ©e. Le SNELAC a indiquĂ© ce jour mĂȘme que le ministĂšre leur avait indiquĂ© que le pass sanitaire ne serait pas nĂ©cessaire pour visiter les parcs cet Ă©tĂ©. NĂ©anmoins, fin mai, une nouvelle information publiĂ©e ici sur le site officiel du gouvernement vient prĂ©ciser le champ dâapplication officiel du pass sanitaire et cela semble concerner les Ă©tablissements situĂ©s Ă lâintĂ©rieur des parcs. En voici un extrait Liste des lieux concernĂ©s par le pass sanitaire Ătablissements pour lesquels le pass sanitaire est prĂ©vu en cas dâaccueil dâun public de plus de 1 000 personnes chapiteaux, salles de théùtre, salles de spectacles sportifs ou culturels, salles de confĂ©rence ; salons et foires dâexposition jauge imposĂ©e Ă chaque hall dâexposition ; parcs Ă thĂšmes seulement pour les catĂ©gories dâĂ©tablissements qui le composent, comme par exemple un restaurant Ă lâintĂ©rieur du parc ; festivals de plein air assis ou debout ; grands casinos ; stades, Ă©tablissements de plein air et Ă©tablissements sportifs couverts ; compĂ©titions sportives de plein air en extĂ©rieur si les conditions de faisabilitĂ© sont Ă©tablies ; croisiĂšres et bateaux Ă passagers avec hĂ©bergements ; autres Ă©vĂ©nements, lorsquâils sont spĂ©cifiquement localisĂ©s un bal organisĂ© par une collectivitĂ© par exemple. Ainsi, il est indiquĂ© que pour les parcs, ce sont au sein des parcs, les Ă©tablissement qui le composent qui sont concernĂ©s, donc un restaurant, un chapiteau, une salle de théùtre ou de spectacle⊠Cela reste un peu flou mais semble indiquer que de grandes destinations comme Disneyland Paris qui rouvre le 17 juin, pourraient peut-ĂȘtre ĂȘtre concernĂ©s par lâapplication du pass sanitaire dans certains de ses restaurants. Pour dâautres grands parcs qui ont des spectacles en intĂ©rieur on pense au Puy du Fou notamment, selon si la jauge de 1000 personnes est pour la salle ou pour le parc, cela peut impliquer le pass sanitaire. On comprend nĂ©anmoins que lâobligation de prĂ©sentation du pass sanitaires pour les parcs concerne au pire que les grands parcs dâattractions, et seulement certaines parties de lâexpĂ©rience. A contrario, sauf exception vraiment spĂ©cifique, les zoo et parcs aquatiques en extĂ©rieur ne sont pas concernĂ©s par le pass sanitaire. Le pass sanitaire et les parcs dâattractions / Zoo en France Pass sanitaire Disneyland Paris Au 1er juin, aucune mention du pass sanitaire nĂ©cessaire sur le site de Disneyland Paris. La destination de Paris indique que des mesures dâadaptation de capacitĂ© et de report de certains spectacles Ă une date ultĂšrieure sont prĂ©vus. Il est conseillĂ© de vĂ©rifier rĂ©guliĂšrement les derniĂšres infos Covid et pass sanitaire Disneyland sur le site des Parcs Disney ici. Retrouvez les infos Covid-19 / pass sanitaire les plus rĂ©centes et Ă jour dans la section dĂ©diĂ©e directement sur le site Disneyland Paris Promo sĂ©jours Disney famille Ă petits prix ici, pour la rĂ©ouverture ! Pass sanitaire au Puy du Fou En pratique, au 1er juin, le Puy du Fou Ă©voque bien lâutilisation du Pass sanitaire pour certains de ses spectacles Nos spectacles accueilleront chacun moins de 1 000 personnes et la visite sera donc totalement libre dans lâenceinte du Grand Parc. Parmi nos 17 spectacles, seuls Le Signe du Triomphe NDLR dans lâamphithéùtre romain et le spectacle nocturne Les Noces de Feu, dont la capacitĂ© dâaccueil sera supĂ©rieure, nĂ©cessiteront la prĂ©sentation dâun Pass Sanitaire Ă partir de 11 ans inclus ». LâaccĂšs au spectacle nocturne de la CinĂ©scĂ©nie nĂ©cessitera Ă©galement la prĂ©sentation dâun pass sanitaire. Retrouvez les infos Covid-19 / pass sanitaire les plus rĂ©centes et Ă jour dans la section dĂ©diĂ©e directement sur le site du Puy du Fou Pass sanitaire Futuroscope Au 1er juin, le Parc du Futuroscope indique que Aucun Pass sanitaire ni test PCR nâest demandĂ© pour accĂ©der au parc . Retrouvez les toutes derniĂšres infos Ă jour Pass sanitaire Futuroscope sur leur site Internet dans la section dĂ©diĂ©e Covid. Retrouvez les infos Covid-19 / pass sanitaire les plus rĂ©centes et Ă jour dans la section dĂ©diĂ©e directement sur le site du Futuroscope Pass sanitaire Parc AstĂ©rix Au 1er juin, le Parc AstĂ©rix nâĂ©voque pas le pass sanitaire sur son site. Les derniĂšres informations Covid Ă connaitre pour visiter le Parc AstĂ©rix, notamment rĂ©servation des bilelts obligatoire ici, pas de vente en caisse ! Le site du Parc AstĂ©rix Le guide Parc AstĂ©rix toutes les infos pratiques pour rĂ©ussir votre visite ! Pass sanitaire Zoo de Beauval Au 1er juin, le zoo de Beauval prĂ©cise sur son site voir infos les plus rĂ©centes ici que le pass sanitaire nâest pas nĂ©cessaire pour sa visite. Retrouvez les infos Covid-19 / pass sanitaire les plus rĂ©centes et Ă jour dans la section dĂ©diĂ©e directement sur le site du Zoo de Beauval Pass sanitaire Rulantica allemagne Au 1er juin, le parc aquatique Rulantica de Europa-Park ne demande pas en tant que tel un passeport sanitaire, mais câest tout comme puisque lân des Ă©lĂ©ments suivant doit obligatoirement ĂȘtre prĂ©sentĂ© en format papier ou numĂ©rique un rĂ©sultat nĂ©gatif dâun test Covid-19 homologuĂ© PCR ou antigĂ©nique de moins de 24 heures, dĂšs lâĂąge de 6 ans. un certificat officiel de vaccination complĂšte de plus de 14 jours â en cas de guĂ©rison, un rĂ©sultat de test PCR positif de plus de 28 jours et de moins de 6 mois On continue de tenir Ă jour cet espace Ă jour pour prĂ©ciser en pratique comment se fait ou ne se fera pas lâobligation du pass sanitaire Ă lâintĂ©rieur pour les plus grands parcs. Retrouvez les dates de rĂ©-ouverture parc 2021 et dĂ©tails pour chaque parcs dans ce dossier Le Pass sanitaire validĂ© par lâAssemblĂ©e Nationale le 11 mai Alors que lâon Ă©voquait dĂ©but mai voir paragraphe ci-dessous, lâarrivĂ©e du pass sanitaire sachant quâil pourrait ĂȘtre demandĂ© pour les manifestations de plus de 1000 personnes dont Ă lâentrĂ©e des parcs de loisirs et dâattractions, celui-ci devait encore ĂȘtre votĂ© par les dĂ©putĂ©s. Câest chose faite depuis le 11 mai 2021. Le pass sanitaire a Ă©tĂ© validĂ© pour lâaccĂšs aux grands Ă©vĂšnements dans le cadre de la sortie de la crise sanitaire du Covid-19. Cette mesure de sortie a Ă©tĂ© vivement discutĂ©e, repoussĂ©e une fois, mais validĂ©e au final, sachant que CĂ©dric O, le ministre chargĂ© du numĂ©rique indiquait Le pass sanitaire doit nous permettre de rouvrir des Ă©tablissements recevant du public, des festivals, des lieux de rassemblement. Si nous nâavions pas le pass sanitaire, nous devrions attendre beaucoup plus longtemps » Ce pass sanitaire est Ă©galement accompagnĂ© dâune jauge de 1000 personnes. pour son exigence. En dessous il ne serait pas nĂ©cessaire, au dessus, il le devient. Mais ceci doit encore ĂȘtre clarifiĂ© ! Il convient maintenant dâattendre de voir quel est la mise en place de ce passeport sanitaire, quels sont les grands Ă©vĂšnements » concernĂ©s, sachant que le cas des entrĂ©es dans les parcs est jusquâalors trĂšs clairement susceptible de prĂ©sentation dâun pass sanitaire selon les derniĂšres informations du secteur. Mais les directeurs de parcs, du directeur du Futuroscope au patron de la Compagnie des Alpes qui gĂšre le Futuroscope mais aussi le Parc AstĂ©rix ou les parcs Walibi entre autres se sont clairement exprimĂ©s contre lâapplication de ce pass Ă leur secteur. On suit le dossier et les dates de rĂ©ouverture des parcs ici. ainsi que la question de savoir sâil faut un pass sanitaire pour parc, zoo et parcs de loisirs ! Pass Sanitaire Covid pour les parcs dâattractions, zoo et lieux de loisirs et culture 5 mai 2021 Si lâon Ă©voquait lâĂ©tranger dans lâintroduction, le Pass Sanitaire France est en train de devenir rĂ©alitĂ© et il va ĂȘtre utile dĂšs le mois de mai en France ! En effet, le Conseil scientifique a validĂ© cette idĂ©e dans un avis remis le 3 mai au gouvernement. Au delĂ de son utilitĂ© et de lâusage du pass sanitaire pour la rĂ©ouverture, il y prĂ©cise un aspect trĂšs important si ses recommandations sont suivies. en rĂ©pondant Ă la question quand peut-on avoir le certificat de vaccination anti-covid pour activer son pass sanitaire parc dâattraction. Il va falloir ĂȘtre patient si les recommandations sont suivies. Quand peut-on avoir son pass sanitaire aprĂšs la vaccination ? DĂ©lai Avec la progression des chiffres de vaccination en primo et seconde injection en avril puis en mai, nombreux sont ceux qui souhaitent pouvoir profiter du vaccin reçu pour avoir leur pass sanitaire Ă jour et envisager des loisirs cet Ă©tĂ© par exemple. Voici les recommandations donnĂ©es le 3 mai Ă titre indicatif » par le comitĂ© scientifique. Il faudra que ceci soit encore validĂ© par le gouvernement, mais il est probable que ce soit en phase avec ces diffĂ©rents cas Cas dâun vaccin avec deux piqĂ»res vaccin Moderna, Pfizer ou AstraZeneca le pass devrait ĂȘtre activable deux semaines aprĂšs la seconde injection Cas dâun vaccin anti-Covid Ă une seule injection Janssen Johnson & Johnson il faudra patienter 4 semaines pour avoir son pass sanitaire utilisable sous cette forme Aura-t-on le pass sanitaire avant lâĂ©tĂ© ? Notons que les dĂ©lais entre deux injections pour ces vaccins sont diffĂ©rents six semaines dĂ©sormais entre deux injections de vaccins Pfizer ou Moderna câĂ©tait quatre semaines initialement mais ce dĂ©lai a Ă©tĂ© Ă©tendu courant avril et câest douze semaines entre deux injections dâAstraZeneca. Si l »on prend en compte la date Ă laquelle les plus de 18 ans et jusquâĂ 49 ans sans comorbiditĂ© pourront dĂ©buter leur process de vaccination 15 juin 2021 alors on voit que mĂȘme les premiers jeunes » Ă pouvoir bĂ©nĂ©ficier dâune injection ne pourront au plus tĂŽt bĂ©nĂ©ficier du certificat quâĂ la mi-aout. Pour les autres, qui ont pu avoir une vaccination avant, le pass vaccinal devrait pouvoir ĂȘtre utilisable selon les cas dĂšs le dĂ©but de lâĂ©tĂ© et mĂȘme dĂšs juin pour les premiers vaccinĂ©s. On lâa vu au point prĂ©cĂ©dent, si les recommandations du conseil scientifique sont suivies Ă la lettre et il y a peu de raisons que ce ne soit pas le cas, alors les premiers vaccinĂ©s, qui ont pu en bĂ©nĂ©ficier en janvier, fĂ©vrier, mars ou avril devraient avoir passĂ© le dĂ©lai nĂ©cessaire pour pouvoir valider leur pass santaire avant lâĂ©tĂ©. Pour les autres cas, nombreux voir ci-dessus, il est probable quâils ne puissent pas en profiter tout lâĂ©tĂ©. Mais il est important de rappeler que lâaspect vaccinal nâest quâune des facette de ce pass sanitaire. Comment avoir le pass sanitaire Covid sans vaccination ? En effet, deux autres possibilitĂ©s devraient permettre dâactiver son certificat via QR code ou au format papier, dans lâapplication TousAntiCovid-Carnet vaccinal si lâon dispose dâun test PCR de moins de 48h Ă confirmer ou si lâon a eu le Covid. Comment rĂ©cupĂ©rer son pass sanitaire Vous faites parti des personnes vaccinĂ©es et souhaitez en profiter pour ajouter le pass sanitaire au carnet tousanticovid ? Câest possible, tout comme lorsque lâon dispose dâun test PCR nĂ©gatif, cela se passe via le scan dâun QR code. Celui-ci doit ĂȘtre prĂ©sent sur les documents reçus au centre de vaccination aprĂšs la seconde injection ou aprĂšs un test PCR nĂ©gatif, mais pour ceux qui ont Ă©tĂ© vaccinĂ© avant lundi 3 mai les codes QR nâĂ©taient pas encore gĂ©nĂ©rĂ©s, câest un peu diffĂ©rent Il faut rĂ©cupĂ©rer son certificat de vaccination sur le site de lâassurance maladie il est disponible Ă partir de fin mai. Lâadresse est la suivante ouvert depuis le 27 mai 2021, en se connectant grĂące Ă FraceConnect ou Ă son compte Ameli. Il permet de tĂ©lĂ©charger son attestation certifiĂ©e de vaccination», qui sert ensuite Ă activer le pass sanitaire» français grĂące au QR code Ă scanner dans son appli TousAntiCovid. En complĂ©ment,sachez que cette attestation peut Ă©galement ĂȘtre rĂ©cupĂ©rĂ©e via le mĂ©decin qui a rĂ©alisĂ© la vaccination. Voici comment se prĂ©sente le pass sanitaire, avec le QR code Ă scanner pour lâapp tousanticovid â Carnet, sachant quâune version europĂ©enne sera mise Ă jour le 21 juin CĂ©dric O, le ministre du numĂ©rique a indiquĂ© comment procĂ©der Faudra-t-il un pass sanitaire parc dâattraction, un pass sanitaire zoo ? un pass sanitaire Disneyland, pass Futuroscope ou pass sanitaire Puy du Fou ? La question de savoir si il faudra prĂ©senter un pass sanitaire pour pouvoir entrer dans un parc dâattractions comme Disneyland Paris, le Futuroscope, le Puy du Fou ou Parc AstĂ©rix peut se poser. Il est de mĂȘme pour les accĂšs avec ou sans pass sanitaire au zoo ? Un pass sanitaire pour Beauval ? pour Pairi Daiza ? Que de questions Ă lâapproche de lâĂ©tĂ© ⊠Et la rĂ©ponse est malheureusement difficile Ă donner Ă date de dĂ©but mai. En effet la date de rĂ©-ouverture des parcs reste elle-mĂȘme incertaine et diffĂ©rente entre les zoo 19 mai et les parcs dâattractions 9 juin ?. NĂ©anmoins, il est trĂšs probable que le pass sanitaire puisse ĂȘtre utilisĂ© Ă lâentrĂ©e des parcs de loisirs tesl que le Pal, Nigloland, le parc AstĂ©rix, Disneyland, le Puy du Fou et bien dâautres afin de faciliter lâaccĂšs grĂące Ă la lecture du code barre. Ceci a Ă©tĂ© Ă©voquĂ© en tout cas Ă plusieurs reprises par le gouvernement, mais les rĂšgles ne sont pas encore fixĂ©es. A suivre ! Tous Anti Covid Carnet le pass sanitaire français disponible dans lâapp TousAntiCovid 20 avril 2020 Comme Ă©voquĂ© dans le paragraphe ci-dessous, câest le lundi 19 avril que lâapplication TousAntiCovid disponible sur iPhone et Android a Ă©tĂ© mise Ă jour pour intĂ©grer un nouveau module le pass sanitaire/vaccinal nommĂ© dĂ©sormais TousAntiCovid Carnet. Celui-ci est en effet la dĂ©clinaison française de la recommandation europĂ©enne sur le sujet voir paragraphe ci-dessous. Lâapp TousAntiCovid devient donc un tous anti covid passeport vaccinal » en plus de contenir les attestations et stats des contaminations Covid-19 en France. Ce carnet, sorte de pass covid », vise Ă favoriser les dĂ©placements dans les lieux qui nĂ©cessitent un contrĂŽle sanitaire, en particulier lors des passages de frontiĂšre ce type de tests ou de preuve vaccinale devraient rester obligatoire au moins au niveau de toutes les frontiĂšres europĂ©ennes en fin de printemps et durant lâĂ©tĂ©, aprĂšs le dĂ©confinement progressif des diffĂ©rents pays. Carnet de test Covid Ce carnet numĂ©rique » devient donc tout dâabord un carnet de tests permettant de stocker de maniĂšre numĂ©rique les certificats rĂ©sultats de test quâils soient tests PCR ou tests antigĂ©niques. il est aussi possible de les conserver et prĂ©senter au format papier. Dans le cadre de la lutte contre le Covid, un test RT-PCR ou antigĂ©nique nĂ©gatif de moins de 72 heures permet dâindiquer que la personne testĂ©e a une probabilitĂ© rĂ©duite de transmettre le virus. En pratique, une fois un test PC-R ou antigĂ©nique effectuĂ©, lorsque le rĂ©sultat est prĂȘt, un SMS est envoyĂ©. Il intĂšgre un lien permettant de renseigner sa date de naissance et de recevoir ainsi un mot de passe. Celui-ci permet de se connecter au portail SI-DEP qui affiche le rĂ©sultat du test qui peut alors ĂȘtre importĂ© dans lâapp TousAntiCovid ou imprimĂ© si lâon a pas de smartphone. Le certificat de test est dĂ©sormais disponible dans TousAntiCovid Carnet. Ensuite, ce certificat peut ĂȘtre scannĂ© par les agents de contrĂŽle Ă la frontiĂšre avant un vol par exemple, ce qui leur confirme la possibilitĂ© de voyager ils peuvent aussi scanner la feuille rĂ©sultat du test imprimĂ©. Voici en image le synopsis de lâimport de tests Covid dans lâapp TousAntiCovid-Carnet cliquer pour agrandir Dans un premier temps, fin avril 2021, ce carnet TousAntiCovid est expĂ©rimentĂ© sur certains vols Air France et Air Corsica qui se rendent Ă Ajaccio. Mais ensuite, sans doute fin mai 2021, la fonction carnet de test de TousAntiCovid sera Ă©largie pour ĂȘtre utilisĂ©e au niveau europĂ©en et international. A savoir les certificats de test sont gĂ©nĂ©rĂ©s et stockĂ©s uniquement en local sur le tĂ©lĂ©phone. Cette application et le QR code associĂ©s, infalsifiables, visent dâune part Ă permettre une lecture rapide et fluide des informations mais aussi Ă rĂ©duire la fraude aux faux certificats de tests Covid qui se sont gĂ©nĂ©ralisĂ©s ces derniĂšres semaines. Carnet de vaccination Covid Au delĂ du stockage des certificats de tests nĂ©gatif au Covid, lâapplication TousAntiCovid-Carnet va aussi sâenrichir dâune fonction permettant de stocker les informations concernant la vaccination Covid de son utilisateur sous la forme dâun certificat de vaccination. Ceci va concerner dans un premier temps les nouvelles personnes vaccinĂ©es Ă partir du 29 avril. Les attestations remises lors du vaccin pourront alors ĂȘtre intĂ©grĂ©es Ă lâapplication TousAntiCovid-Carnet qui regroupera les infos sur les injections de vaccin reçues. En ce qui concerne les personnes vaccinĂ©es avant le 29 avril, ce sera seulement entre la mi-mai et la fin-mai quâil sera possible dâaccĂ©der Ă son certificat de vaccination certifiĂ© pour Ă©viter un faux pass vaccinal sanitaire, depuis le site En pratique, cette version française du pass sanitaire est la traduction de la demande europĂ©enne dâavoir en place ce type de certificat vaccinal opĂ©rationnel dâici au 17 juin 2021. Ce certificat restera volontaire et devrait concerner toutes les personnes et tous Ăąges mais sâil sera utile dans le cadre du franchissement des frontiĂšres et dans dâautres cas de rassemblements accĂšs aux festivals, aux salons, pour lâentrĂ©e dans les parcs ? mais pas pour les accĂšs du quotidien comme le restaurant ou les commerces. Le passeport vaccinal intĂ©grĂ© Ă lâapplication Tous-Anti-Covid TousAntiCovid-Carnet mise Ă jour 18 avril Dans la foulĂ©e des informations relatives Ă un pass sanitaire vaccinal relatif au Covid Ă©voquĂ© ces derniĂšres semaines au niveau europĂ©en voir le paragraphe ci-dessous, ce week-end des informations supplĂ©mentaires ont Ă©tĂ© dĂ©voilĂ©es quant Ă la forme que pourrait prendre ce pass sanitaire » en France. Ainsi, ce dimanche 18 avril, le gouvernement Ă indiquĂ© que les certifications de tests et de vaccination seraient bientĂŽt ajoutĂ©s aux informations proposĂ©es via lâapplication TousAntiCovid. Celle-ci devrait intĂ©grer un carnet permettant de prouver au choix, lors dâun test Covid rĂ©cent le rĂ©sultat de la dĂ©tection, quâelle soit nĂ©gative ou que le porteur soit positif ou de certifier que lâutilisateur a bien Ă©tĂ© vaccinĂ© contre le Covid. Plus prĂ©cisĂ©ment, voici les annonces effectuĂ©es TousAntiCovid-Carnet, dont lâexpĂ©rimentation dĂ©bute ces prochains jours, vise Ă stocker sous forme numĂ©rique et de maniĂšre sĂ©curisĂ©e la preuve de test nĂ©gatif ou positif certifiĂ©e et, demain, une attestation certifiĂ©e de vaccination ». Lâinformation est complĂ©tĂ©e ainsi par le gouvernement La France sâengage dĂšs maintenant dans lâexpĂ©rimentation de la fonctionnalitĂ© TousAntiCovid-Carnet lors des vols Ă destination de la Corse et des outre-mer ». Ce passeport vaccinal anti-Covid sera ensuite Ă©tendu aux voyages Ă destination des autres pays de lâUnion europĂ©enne. Rappelons que cet outil supplĂ©mentaire dans la lutte contre le Covid vise Ă accompagner la levĂ©e des restrictions de dĂ©placement et lâaccĂšs Ă diffĂ©rents lieux et Ă©vĂ©nements, dont les parcs trĂšs probablement. Il reste Ă voir si cette version TousAntiCovid-Carnet » française du pass sanitaire sera intĂ©grĂ©e ou liĂ©e Ă lâinitiative europĂ©enne menĂ©e par Thierry Breton et Ă©voquĂ©e dans le paragraphe ci-dessous. Informations passeport vaccinal Covid Ă la mi-avril 15 avril Le passeport vaccinal tel quâil est prĂ©vu pour entrer en fonction normalement Ă partir du 15 juin 2021 devrait ĂȘtre disponible sous forme Ă©lectronique ou au format papier dans une version commune aux 27 pays europĂ©ens. Outre le nom, prĂ©nom, genre et la date de naissance, ce certificat permet de connaitre le type de vaccin reçu ou si on a dĂ©jĂ contractĂ© le Covid et que lâon est donc porteur dâ devrait ĂȘtre aisĂ©ment lisible grĂące Ă un code QR. Ce passeport vaccinal Covid ou passeport sanitaire ne sera pas obligatoire mais devrait permettre dâĂ©viter de devoir produire un test Covid rĂ©cent lors des voyages en avion, pour des accĂšs aux lieux publics ou pour participer Ă des rassemblements. Selon un sondage effectuĂ© par lâIfop et le journal Le Parisien, 6 Français sur 10 sont favorables Ă un passeport vaccinal pour voyager ou accĂ©der Ă certains lieux. Le 18 avril 2021, le ministre Jean-Yves Le Drian vient confirmer ces information. InterviewĂ© sur France 3. Il est optimiste quant Ă lâapparition dâun certificat sanitaire en Europe dâici lâĂ©tĂ© ». đ· passeportSanitaire đ JY_LeDrian se dit optimiste pour quâun certificat sanitaire voit le jour en Europe dâici lâĂ©tĂ©. » đș letellier_ftv France3tv DimPol â DimancheEnPolitique DimPolitique April 18, 2021 Il y a quelques semaines, câest Thierry Breton, le commissaire europĂ©en chargĂ© des vaccins qui avait prĂ©sentĂ© le document et son fonctionnement. Le passeport devrait ainsi comporter nom, date de naissance, numĂ©ro du passeport certifiĂ© avec son QR code, lâindication comme quoi on a Ă©tĂ© vaccinĂ© ou pas, le type et la nature du vaccin ou bien si lâon a Ă©tĂ© porteur du Covid. Voici le passeport Covid en photos La version Ă©lectronique La version papier La premiĂšre version du certificat sanitaire qui va ĂȘtre mis en place dĂšs cet Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© en exclusivitĂ© par .âŠThierryBretonâ© .âŠRTLFranceâ© legrandjury il existera Ă©videmment en français â Mangin Catherine catherinemangin March 28, 2021 Vous avez Ă©tĂ© nombreux Ă nous poser des questions sur ce pass sanitaire, voici les principales, sachant que de nombreuses rĂ©ponses sont dĂ©taillĂ©es ci-dessus Ă©galement. comment obtenir le pass sanitaire ? Le pass covid ou pass sanitaire est intĂ©grĂ© dans lâapplication tousanticovid sous la rubrique Attestations et Carnets ». Pour lâactiver, il faut scanner un QR code avec lâappli tous Anti Covid. Celui-ci se trouve soit sur une feuille remise aprĂšs la vaccination ou rĂ©cupĂ©rĂ©e sur voir ci-dessus soit sur un rĂ©sultat de test PCR. Lâappli tousAntiCovid est-elle obligatoire pour prĂ©senter un pass sanitaire Ă un concert, festival ? Non, sachez quâil est aussi possible de prĂ©senter les feuilles avec leur QR code vaccination ou test PCR de moins de 3 jours pour ceux qui nâont pas de smartphone ou qui ne souhaitent pas installer lâapp tousAntiCovid. Faut-il ĂȘtre obligatoirement vaccinĂ© pour avoir son pass sanitaire ? Non, pas besoin dâĂȘtre vaccinĂ© pour avoir un pass sanitaire. La loi prĂ©voit que le pass sanitaire peut ĂȘtre validĂ© au choix avec une vaccination effectuĂ©e complĂštement, soit avec un rĂ©sultat de test de moins de 3 jours. Il est donc possible dâavoir un pass sanitaire valide avec la vaccination ou avec un test PCR ! faudra-t-il ĂȘtre vaccinĂ© pour aller au restaurant Le pass sanitaire tel que votĂ© le 10 mai concerne les grands Ă©vĂšnements et ne devrait donc pas ĂȘtre applicable dans le cadre dâune sortie au restaurant. Quelle est la diffĂ©rence entre pass sanitaire ou passeport vaccinal Le pass sanitaire est plus large que le passeport vaccinal. Câest le choix de pouvoir prĂ©senter ou un certificat de vaccination ou un test PCR qui Ă©tend le passeport vaccinal pour aller vers la notion de Pass sanitaire, plus globale et nâimposant donc pas de vaccin anti-covid. Faut-il un pass sanitaire pour aller dans les parcs dâattractions et parcs de loisirs ? Le doute planait aprĂšs les annonces de dĂ©confinement de fin avril, le pass sanitaire pour les parcs Ă©tait clairement envisagĂ© par le gouvernement. Mais la rĂ©ponse a Ă©tĂ© apportĂ©e le 12 mai par le SNELAC, syndicat des parcs de loisirs, aprĂšs des discussions avec le ministĂšre du tourisme, le pass sanitaire ne sâappliquera pas aux visites dans les parcs dâattractions et parcs de loisirs. AprĂšs quelques semaines, il est annoncĂ© le 12 juillet par le prĂ©sident de la RĂ©publique, que le Pass Sanitaire est Ă©tendu et devient exigible pour toute entrĂ©e dans les lieux de loisirs et de culture de plus de 50 places un lieu Ă partir du 21 juillet. Câest donc le ca spour les parcs de loisirs, parc dâattraction, parc aquatique et parc Ă thĂšme. Faut-il un pass sanitaire pour Disneyland Paris ? Jusquâau 20 juillet 2021, pas de nĂ©cessitĂ© de prĂ©senter un pass sanitaire pour se rendre dans le parc dâattractions de Paris. Pour la suite et avec la dimension internationale du parc, il est important de vĂ©rifier les conditions mises Ă jour directement sur le site de Disneyland Paris ici. Faut-il un pass sanitaire pour le Puy du Fou ? Jusquâau 20 juillet 2021, pas de pass sanitaire dans les parcs dâattractions, il nâest pas nĂ©cessaire pour lâentrĂ©e au Puy du Fou, mais lâest pour la cinĂ©scĂ©nie. Pour la suite il est important de vĂ©rifier les conditions de rĂ©servation directement sur le site du Puy du Fou ici. Faut-il un pass sanitaire pour le Futuroscope ? Jusquâau 20 juillet 2021, pas de pass sanitaire normalement exigible pour visiter le Futuroscope. Ensuite, il est indispensable de vĂ©rifier les conditions de visite du Futuroscope directement sur le site du parc Futuroscope ici. Faut-il un pass sanitaire pour le Parc AstĂ©rix ? Jusquâau 20 juillet 2021, pas besoin de pass sanitaire pour aller au Parc AstĂ©rix. Pour les jours suivant, lâapplication du pass sanitaire Ă©tendu sera en vigueur, il faut consulter les informations sur le site du ParcAstĂ©rix ici. Ne manquez pas notre guide Parc AstĂ©rix ici. Faut-il un pass sanitaire pour le zoo de Beauval ? Jusquâau 20 juillet 2021, pas besoin de pass sanitaire pour les visites en parcs, donc pas besoin non plus pour le zoo de Beauval. Pour les jours suivant, lâapplication du pass sanitaire Ă©tendu sera en vigueur, il faut consulter les informations sur le site du Zoo de Beauval ici. Parcs et Covid fin 2021- dĂ©but 2022Des changements fin 2021 pour dĂ©but 2022Pass vaccinal Ă partir du 15 janvier 2022Mise Ă jour automne-hiver 2021 PrĂ©cautions Ă prendre absolument pour visiter un parc Ă partir du 21 juillet et de lâentrĂ©e en vigueur sur pass sanitaireMise Ă jour 14 juillet ce quâil faut savoir sur le pass Sanitaire avant et aprĂšs le 21 juilletInfos 12 juillet 2021 retour du Pass sanitaire pour les parcs et autres sorties en juillet 2021Quand sera mis en place le Pass sanitaire parc et zoo ?Pass sanitaire parc et zoo Ă partir de quel Ăąge ?Mai 2021 pas de pass sanitaire obligatoire pour le dĂ©marrage de la saison des parcs jusquâau 21 juilletLe pass sanitaire et les parcs dâattractions / Zoo en FrancePass sanitaire Disneyland ParisPass sanitaire au Puy du FouPass sanitaire FuturoscopePass sanitaire Parc AstĂ©rixPass sanitaire Zoo de BeauvalPass sanitaire Rulantica allemagneRetrouvez les dates de rĂ©-ouverture parc 2021 et dĂ©tails pour chaque parcs dans ce dossierLe Pass sanitaire validĂ© par lâAssemblĂ©e Nationale le 11 maiPass Sanitaire Covid pour les parcs dâattractions, zoo et lieux de loisirs et culture 5 mai 2021Quand peut-on avoir son pass sanitaire aprĂšs la vaccination ? DĂ©laiAura-t-on le pass sanitaire avant lâĂ©tĂ© ?Comment avoir le pass sanitaire Covid sans vaccination ?Comment rĂ©cupĂ©rer son pass sanitaireFaudra-t-il un pass sanitaire parc dâattraction, un pass sanitaire zoo ? un pass sanitaire Disneyland, pass Futuroscope ou pass sanitaire Puy du Fou ?Tous Anti Covid Carnet le pass sanitaire français disponible dans lâapp TousAntiCovid 20 avril 2020Carnet de test CovidCarnet de vaccination CovidLe passeport vaccinal intĂ©grĂ© Ă lâapplication Tous-Anti-Covid TousAntiCovid-Carnet mise Ă jour 18 avrilInformations passeport vaccinal Covid Ă la mi-avril 15 avrilVos questions pass sanitaire covidcomment obtenir le pass sanitaire ?Lâappli tousAntiCovid est-elle obligatoire pour prĂ©senter un pass sanitaire Ă un concert, festival ?Faut-il ĂȘtre obligatoirement vaccinĂ© pour avoir son pass sanitaire ?faudra-t-il ĂȘtre vaccinĂ© pour aller au restaurantQuelle est la diffĂ©rence entre pass sanitaire ou passeport vaccinalFaut-il un pass sanitaire pour aller dans les parcs dâattractions et parcs de loisirs ?Faut-il un pass sanitaire pour Disneyland Paris ?Faut-il un pass sanitaire pour le Puy du Fou ?Faut-il un pass sanitaire pour le Futuroscope ?Faut-il un pass sanitaire pour le Parc AstĂ©rix ?Faut-il un pass sanitaire pour le zoo de Beauval ? Bonjour Quel plaisir de lire que vous gardez de trĂšs bons souvenirs de votre sĂ©jour au Puy du Fou ! Il est vrai quâil est dĂ©sormais nĂ©cessaire de passer 2 jours au Puy du Fou afin de pouvoir dĂ©couvrir les 55 hectares du Grand Parc, assister Ă tous nos spectacles, visiter nos 4 villages dâĂ©poques reconstituĂ©s, admirer le savoir-faire de nos artisans et nos 1500 animaux.
Visiter le Puy du Fou sur trois jours Câest une option qui existe, et le tarif est vraiment intĂ©ressant (le troisiĂšme jour est Ă un prix vraiment dĂ©risoire).
SommaireIntroductionIncontournablesQuand venir ?Que voir / que faireOĂč sĂ©journer ?Infos pratiques DĂ©couvrez le Puy du Fou avec notre experte Ălu meilleur parc d'attractions du monde Ă deux reprises, le parc du Puy du Fou accueille chaque annĂ©e plus de 2 millions de visiteurs. De la Rome Antique Ă la PremiĂšre Guerre Mondiale, embarquez pour un voyage Ă travers lâHistoire au Puy du Fou. Au programme prĂšs de 20 reprĂ©sentations grandioses en plein air de jour comme de nuit. Les spectacles nocturnes feront partie des temps forts de votre sĂ©jour au Puy du Fou. Vous en prendrez plein les yeux devant la CinĂ©scĂ©nie, le plus grand spectacle de nuit au monde. Pendant prĂšs de 2 heures, 2 800 acteurs bĂ©nĂ©voles en costumes enchaĂźneront les numĂ©ros sur une scĂšne de 23 hectares. Le spectacle Les Noces de Feu qui a lieu chaque soir sur le vieil Ă©tang depuis 2020, Ă©merveillera Ă©galement petits et grands. Le Puy du Fou, ce sont Ă©galement 4 villages reconstituĂ©s comme la CitĂ© MĂ©diĂ©vale, avec ses remparts, ses façades Ă colombages, ses Ă©choppes dâartisans et son potager qui nous plongent dans le Moyen-Age. Les incontournables du Puy du Fou La CinĂ©scĂ©nie Le MystĂšre de la PĂ©rouse Le signe du Triomphe Le Premier Royaume Les Noces de Feu La citĂ© mĂ©diĂ©vale Partir en vacances au Puy du Fou 7 nuits 7 nuits 7 nuits 7 nuits 7 nuits 7 nuits 7 nuits 7 nuits 14 nuits 7 nuits Quand venir ? Le Puy du Fou ferme gĂ©nĂ©ralement ses portes au public durant les mois dâhiver. Ce nâest quâĂ partir dâavril quâil reçoit ses visiteurs et ce jusquâen novembre. Mais pour Ă©viter la foule et visiter le parc sous un climat agrĂ©able, nous vous conseillons dâopter pour un sĂ©jour au Puy du Fou en mai hors ponts, juin ou septembre/octobre. Les mois de juillet et aoĂ»t sont les plus chauds prĂ©voir de la crĂšme solaire mais aussi les plus frĂ©quentĂ©s. Attention, le spectacle nocturne CinĂ©scĂ©nie Ă©tant donnĂ© en plein air, nâa lieu que de juin Ă septembre. Il se tient chaque vendredis et samedis Ă partir de 22h/22h30, câest pourquoi si vous souhaitez y assister il faut prĂ©voir un vĂȘtement chaud. La CinĂ©scĂ©nie est devenue la reprĂ©sentation incontournable au Puy du Fou, il est donc recommandĂ© de rĂ©server ses places, si possible dĂšs la mise en vente des billets qui a lieu plusieurs mois Ă lâavance gĂ©nĂ©ralement en octobre. Jan Fermeture du parc Fev Fermeture du parc Mar Fermeture du parc Avr Attention vacs scolaires Mai Attention ponts de mai Juin PĂ©riode idĂ©ale / CinĂ©scĂ©nie Juil Forte affluence / CinĂ©scĂ©nie Aout Forte affluence / CinĂ©scĂ©nie Sept PĂ©riode idĂ©ale / CinĂ©scĂ©nie Oct PĂ©riode idĂ©ale / CinĂ©scĂ©nie Nov Fermeture du parc Dec Fermeture du parc Que voir / que faire Créé en 1989, le parc du Puy du Fou propose un Ă©ventail de spectacles grandioses qui retracent plus de 2000 ans dâhistoire. Tournois de chevaliers, combats de gladiateurs et personnages historiques, prĂšs de 3 000 bĂ©nĂ©voles en costumes dâĂ©poque vous emmĂšnent pour un voyage hors du temps dont vous vous souviendrez longtemps. La nuit tombĂ©e, la magie continue avec la CinĂ©scĂ©nie, cette incroyable mise en scĂšne nocturne dâune heure et demie retraçant lâhistoire de la VendĂ©e. Chaque soir, assistez Ă©galement au spectacle Les Noces de Feu, la nouvelle crĂ©ation originale du parc. Effets dâeau, de feu et de lumiĂšres font rayonner le vieil 10Les spectacles nocturnes Les Noces de Feu nouveautĂ© 2020 et la CinĂ©scĂ©nie Le Signe du Triomphe une bataille de gladiateurs entre Romains et Gaulois Les Vikings attaque du Fort de lâAn Mil par les Vikings Le Bal des Oiseaux FantĂŽmes un magnifique ballet de vautours, aigles et hiboux Le Secret de la Lance tournois de chevalerie et effets spĂ©ciaux grandioses Mousquetaire de Richelieu duels dâĂ©pĂ©e et spectacles Ă©questres virevoltants Le Dernier Panache meilleure crĂ©ation au monde mĂȘlant histoire et technologies Le Premier Royaume plongĂ©e au VĂšme siĂšcle sur les traces de Clovis Le MystĂšre de la PĂ©rouse revivre la derniĂšre OdyssĂ©e dâun grand explorateur Les amoureux de Verdun la PremiĂšre Guerre mondiale aux cĂŽtĂ©s des Poilus OĂč sĂ©journer ? Les hĂŽtels du Puy du FouRien de mieux quâun sĂ©jour dans lâun des hĂŽtels du Puy du Fou pour sâimprĂ©gner au maximum de lâambiance du parc. Pas moins de 6 hĂŽtels avec accĂšs direct au parc accueillent les visiteurs. Tous proposent des sĂ©jours au Puy Du Fou comprenant les entrĂ©es Grand Parc + nuitĂ©e + Grand SiĂšcle, inspirĂ© du chĂąteau le plus intime du Roi Soleil Le Logis de Lescure pour un sĂ©jour dans une belle bĂątisse du 18Ăšme siĂšcle Les Ăźles de Clovis, un hĂŽtel sur pilotis qui vous propose de remonter dans le passĂ© mĂ©rovingien Le Camp du Drap dâOr pour un sĂ©jour royal dans lâĂ©poque Renaissance La Villa Gallo-Romaine que lâon aime pour son jardin MĂ©ditĂ©rranĂ©en et son ambiance Rome Antique La Citadelle pour un sĂ©jour derriĂšre les remparts au coeur du Moyen-AgeLes hĂŽtels autour du Puy du FouLâoffre d'hĂ©bergement est importante autour du Puy du Fou et convient Ă tous les budgets. HĂŽtels, locations, gĂźtes, campings, chambres dâhĂŽtes et mĂȘme chĂąteaux vous accueillent le temps dâun sĂ©jour au plus prĂšs du parc. Certains proposent mĂȘme leurs propres forfaits sĂ©jour + parc. Les Herbiers, Les Epesses, Cholet, Longeville-sur-Mer, LâAiguillon sur Mer, La Roche-sur-Yon, St Laurent sur SĂšvre ou encore Chanverrie oĂč se trouve le ChĂąteau du Boisniard, sont autant de villes oĂč vous trouverez facilement de quoi vous loger. Mercure Nantes Centre Grand Hotel Hotel Ă Nantes FranceOptez pour un sĂ©jour Ă nantes dans l'hĂŽtel mercure nantes central si vous souhaitez un hĂ©bergement de luxe contemporain proposant un restaurant de cuisine rĂ©gionale, un bar lounge et 10 salles de rĂ©unions. Hotel Du Tourisme Hotel Ă Nantes FranceL'hĂŽtel du tourisme est situĂ© en plein cĆur de nantes, cours des 50 otages, Ă 10 minutes de la gare sncf. Best Western Plus Hotel De La Regate Hotel Ă Nantes FrancePoint de chute idĂ©al pour un week-end en amoureux Ă nantes, ce best western hĂŽtel de la rĂ©gate est situĂ© au bord de l'erdre, Ă environ 20 minutes en voiture du centre-ville. Hotel Mercure Angers Lac De Maine Hotel Ă Angers FranceL'hĂŽtel mercure lac de maine se trouve Ă 10 minutes en voiture du centre-ville d'angers, non loin du lac de maine. Hotel De France Hotel Ă Angers FranceDans un bĂątiment de style classique, l'hĂŽtel de france classĂ© 4 Ă©toiles se trouve en face de la gare d'angers et Ă deux pas du chĂąteau mĂ©diĂ©val. Hotel Mercure Angers Centre Gare Hotel Ă Angers FranceLe mercure angers centre foch se trouve dans le centre-ville d'angers et dĂ©tient une position centrale par rapport Ă la gare, au chĂąteau et au centre de convention. Best Western Plus Hotel D Anjou Hotel Ă Angers FranceLe best western hĂŽtel d'anjou est idĂ©alement situĂ© au cĆur de la ville d'angers, Ă proximitĂ© du chĂąteau, de la gare et du centre des congrĂšs. Hotel Campanile Saumur Hotel Ă Saumur FranceL'hĂŽtel restaurant campanile saumur 3* se trouve en banlieue de saumur, non loin du chĂąteau de saumur et de l'Ă©cole nationale d'Ă©quitation. Hotel Best Western Adagio Hotel Ă Saumur FranceEntiĂšrement rĂ©novĂ© en 2002, l'hĂŽtel best western adagio est idĂ©alement situĂ© en plein cĆur de saumur sur les rives de la loire. Hotel Best Western Les Roches Noires Hotel Ă Les Sables D Olonne FranceLe best western hotel les roches noires allie confort et fonctionnalitĂ© pour un sĂ©jour agrĂ©able dans la ville balnĂ©aire des sables d'olonne en vendĂ©e. Infos pratiques Combien de temps prĂ©voir sur place ?Il est tout Ă fait normal de se poser cette question lorsque lâon prĂ©pare la visite du Puy du Fou. Sâil est possible de prendre un billet Ă la journĂ©e avec ou sans CinĂ©scĂ©nie, le parc propose aussi des visites sur deux jours forfait 1 nuit + 2 jours de parc ou trois jours forfait 2 nuits + 3 jours de parc. Il faut savoir quâil est difficile de tout voir en une seule journĂ©e tant le parc est vaste et les spectacles nombreux. Câest possible, mais il faut soit ĂȘtre endurant, soit accepter de faire lâimpasse sur quelques reprĂ©sentations. Y rester trois jours en revanche peut ĂȘtre un peu long, lâidĂ©al câest de programmer 2 jours complets sur place. Se rendre au Puy du FouVous avez prĂ©vu de passer des vacances en famille en VendĂ©e pour visiter le Puy du Fou ? ImplantĂ© sur la commune des Epesses, Ă 45 min de route de La Roche-sur-Yon et 1 heure de Nantes et Angers, ce parc est aussi trĂšs facilement accessible depuis la plupart des grandes villes françaises. Avion, train ou voiture, voici les diffĂ©rentes façons de rallier ce cĂ©lĂšbre parc historique. Paris, Marseille, Lyon, Lille, Bordeaux, toutes les grandes gares TGV de France sont reliĂ©es Ă la gare dâAngers, situĂ©e Ă 1h30 du Puy du Fou. Des navettes, quâil faut rĂ©server au prĂ©alable, font la liaison vers le parc pour ⏠lâaller simple et 29 ⏠lâaller retour gratuit pour les - de 3 ans. De une Ă trois rotations sont prĂ©vues chaque jour selon la saison. Prenez un vol pour le Puy du Fou Il est tout Ă fait possible de rejoindre le Puy du Fou en avion. LâaĂ©roport le plus proche est celui de Nantes-Atlantique Ă 1h de route. La plateforme est connectĂ©e Ă de nombreux aĂ©roports français dont Paris CDG, Marseille, Nice, Toulouse, Lyon, Ajaccio, Bastia et bien dâautres encore. Le trajet vers le parc peut se faire en taxi, avec une voiture de location ou bien en optant pour le service de navettes du Puy du Fou. 3 rotations sont effectuĂ©es chaque jour au prix de ⏠lâaller simple par personne ou 29 ⏠lâaller retour gratuit pour les - de 3 ans. Ces transferts se font uniquement sur rĂ©servation. Vol aller 30 aout 2022 0700 ORY > LRH 1430 Vol avec 1 escale opĂ©rĂ© par Vueling Vol retour 04 sept 2022 1700 LRH > ORY 2025 Vol avec 1 escale opĂ©rĂ© par easyJet Prix obtenu il y a 16jrs 11h Vol aller 24 sept 2022 1855 MRS > NTE 2025 Vol direct opĂ©rĂ© par Ryanair Vol retour 25 sept 2022 1055 NTE > MRS 1220 Vol direct opĂ©rĂ© par Ryanair Prix obtenu il y a 2jrs 22h Vol aller 18 sept 2022 0600 AJA > NTE 1335 Vol avec 1 escale opĂ©rĂ© par Air France Vol retour 19 sept 2022 1935 NTE > AJA 2120 Vol direct opĂ©rĂ© par Volotea Prix obtenu il y a 24jrs 2h Vol aller 16 sept 2022 2155 NCE > NTE 2325 Vol direct opĂ©rĂ© par Volotea Vol retour 18 sept 2022 0730 NTE > NCE 0905 Vol direct opĂ©rĂ© par Volotea Prix obtenu il y a 16jrs 7h Vol aller 26 aout 2022 0600 LYS > NTE 0940 Vol avec 1 escale opĂ©rĂ© par Air France Vol retour 28 aout 2022 1730 NTE > LYS 0840 Vol avec 1 escale opĂ©rĂ© par Air France Prix obtenu il y a 25jrs 0h Vol aller 25 juil 2022 2140 MPL > NTE 2300 Vol direct opĂ©rĂ© par Volotea Vol retour 26 juil 2022 0645 NTE > MPL 0805 Vol direct opĂ©rĂ© par Volotea Prix obtenu il y a 29jrs 8h Vol aller 23 aout 2022 1610 BOD > NTE 2105 Vol avec 1 escale opĂ©rĂ© par easyJet Vol retour 03 sept 2022 2050 NTE > BOD 0930 Vol avec 1 escale opĂ©rĂ© par Ryanair Prix obtenu il y a 1jr 4h Vol aller 16 sept 2022 0915 CDG > NTE 1020 Vol direct opĂ©rĂ© par Air France Vol retour 18 sept 2022 0605 NTE > CDG 0710 Vol direct opĂ©rĂ© par Air France Prix obtenu il y a 18jrs 22h Vol aller 09 aout 2022 2050 MPL > LRH 0855 Vol avec 1 escale opĂ©rĂ© par easyJet Vol retour 11 aout 2022 1600 LRH > MPL 1615 Vol avec 1 escale opĂ©rĂ© par Ryanair Prix obtenu il y a 17jrs 16h Vol aller 23 aout 2022 1035 PGF > NTE 1840 Vol avec 1 escale opĂ©rĂ© par Ryanair Vol retour 24 aout 2022 1605 NTE > PGF 1225 Vol avec 1 escale opĂ©rĂ© par Ryanair Prix obtenu il y a 17jrs 5h Louer une voiture au Puy du Fou SituĂ© sur la commune des Epesses en VendĂ©e, le parc du Puy du Fou est accessible par lâautoroute A87 sortie 28. De Paris il faut compter 3h15 en voiture, de Bordeaux 3h, de Poitiers 2h, de La Baule et La Rochelle 1h30 et de Nantes, Les Sables dâOlonnes et Angers seulement 1h. Sur place, plusieurs parkings sont Ă disposition. Tous sont gratuits et accessibles une heure avant lâouverture du parc et une heure aprĂšs sa fermeture. En revanche, les visiteurs ayant rĂ©servĂ© une ou plusieurs nuitĂ©es dans lâun des hĂŽtels du Puy du Fou ont lâobligation de stationner leur vĂ©hicule sur les parkings de la CitĂ© Nocturne suivre âLa CitĂ© Nocturne - Les hĂŽtels du Puy du Fou, entiĂšrement gratuits. Une aire de stationnement est dĂ©diĂ©e aux camping-cars, caravanes et camions amĂ©nagĂ©s. Les places sont gratuites en journĂ©e, payantes entre 1h et 7h du matin au tarif de 10⏠/ nuit avec aire de vidange, bloc sanitaire, eau et Ă©lectricitĂ©. Un service de navette gratuite un dĂ©part le matin, un retour le soir relie ce parking aux entrĂ©es du Grand Parc. du 02 sept 2022au 04 sept 2022 Fiat 500 VĂ©hicule Mini Lieu de retrait Aeroport Limoges 79⏠/ jour Prix obtenu il y a 17jrs 5h du 29 oct 2022au 05 nov 2022 Peugeot 108 Ou Equivalent VĂ©hicule Mini Lieu de retrait Aeroport Bordeaux Merignac 32⏠/ jour Prix obtenu il y a 17jrs 5h du 23 sept 2022au 25 sept 2022 Renault Twingo VĂ©hicule Mini Lieu de retrait Gare Sncf 62⏠/ jour Prix obtenu il y a 17jrs 5h du 12 sept 2022au 30 sept 2022 Renault Clio 2 Places VĂ©hicule Mini Lieu de retrait Gare Tgv 21⏠/ jour Prix obtenu il y a 17jrs 5h du 02 sept 2022au 29 sept 2022 Fiat 500 VĂ©hicule Mini Lieu de retrait Gare Sncf 27⏠/ jour Prix obtenu il y a 17jrs 5h
Cecidit, si vous nâavez quâune journĂ©e pour visiter le Puy du Fou, nous vous conseillons de vous y rendre Ă 9 h pour lâouverture des portes Ă 9 h30. Cela vous permet de vous garer sur le parking le plus proche de lâentrĂ©e, dâĂȘtre le premier Ă passer les contrĂŽles de sĂ©curitĂ© (comme dans les aĂ©roports : portillons dĂ©tecteurs de mĂ©taux etc.).| áĐœŃŐžŃĐ» Ő¶ĐžŃĐ°ÎŒ | ĐŃÖÖĐżŃ ŃŃĐŸ | ĐÎżĐșΞ бáŠáŃá ášŃ |
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Puydu Fou garde dĂ©libĂ©rĂ©ment tous les magasins dans les quatre villages du parc, et pas en dehors des expositions elles-mĂȘmes, donc il n'y a pas de pression pour acheter quelque chose. Comment planifier votre visite au Puy du Fou La durĂ©e idĂ©ale pour visiter Le Puy du Fou est de trois jours et deux nuits. 6bBPttq.